Amélie
Il m'a embrassée.
André vient de poser ses lèvres sur les miennes, et étrangement, je me tiens là, droite et sereine. Ni tremblement, ni larme, ni cri ne viennent troubler ce moment : je parviens à établir un contact intime avec un homme sans le chaos de l'angoisse.
Une fierté douce m'envahit, mais je n'ai guère le temps de m'y attarder, car ce geste n'est rien d'autre que le fruit de son ivresse, un moment éphémère sans fondement...
Alors qu'André fixe le sol, incertain sur le chemin à suivre après que je l'ai écarté, je saisis son bras et l'enroule délicatement autour de mes épaules, prête à le soutenir pour qu'il ne chancelle pas. En descendant les escaliers, je croise mon frère, lui aussi happé par les effluves de l'alcool, tout aussi désorienté et marqué par la soirée.
- Tu as besoin d'aide, ma chère sœur ? demande-t-il.
- Non, je m'en occupe, va te coucher, dis-je, complètement exaspérée par la situation.
Mon frère, avec une obéissance silencieuse, accueille ma décision sans murmurer le moindre mot. Pendant ce temps, je place André délicatement sur le doux rembourrage de mon canapé. Une fois confortablement installé, il s'empare d'un des coussins, le transformant en un oreiller accueillant pour sa tête.
- Tu es si belle, Mel. Si seulement tu voyais ta beauté à travers mes yeux, tu serais tout aussi éblouie que moi, déclare-t-il quand j'essaie d'enlever ses chaussures.
Il me prodigue une avalanche de compliments, un véritable feu d'artifice verbal qui ne fait qu'exacerber les effusions de mon rire.
Mais cela prend fin lorsque, une fois ses deux chaussures délicatement retirées, je me dirige vers ma chambre. Plus spécifiquement vers ma commode, où se cache une couverture que j'extrais des hauteurs de ce meuble. Avec cette douce étoffe en main, je descends au salon pour enrober André de sa chaleur. Il a déjà plongé dans les bras de Morphée, alors que j'étais partie en quête de son propre couvre-lit.
Il ne supporte vraiment pas l'alcool... me dis-je en silence, avant de regagner ma chambre, où je me glisse sous mes draps moelleux.
Allongée dans l'obscurité apaisante, mes pensées vagabondent vers ce baiser audacieux.
Mes doigts explorent l'endroit où André a eu le courage de franchir la barrière que notre société a établie. Mon esprit se laisse emporter par des rêveries folles, m'imaginant toutes ce qui auraient pu se produire par la suite, si André n'avait pas été enivré et si je n'avais pas eu la force d'interrompre ce moment.
Lorsque le jour se lève, une impatience délicieuse me pousse à aller saluer André, désireuse d'échanger quelques mots avec lui.
Mais avant cela, il me faut me préparer pour être d'une tenue acceptable. Sans tarder, je choisis la pièce maîtresse de ma garde-robe : une robe d'une élégance rare, signée Christian Dior, d'un noir profond, ornée de milliers de perles scintillantes aux nuances variées. Je chausse des talons accordés, me coiffe avec soin, et me maquille légèrement de mon rouge à lèvres et de l'eyeliner qui me sont familiers. Tout en évitant l'excès, bien sûr.
Parée avec soin, je descends les escaliers et me rends en trottinant vers le salon, en quête d'André. Malheureusement, la seule vision qui m'accueille est celle de mon canapé, seulement recouvert d'une couverture. Mais où est donc passé André ?
Hélas, il s'est évaporé, laissant un vide troublant derrière lui...
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La Pickpocket du Moulin Rouge
RomanceBonsoir chers spectateurs... Vous êtes venus pour vous rafraîchir le gosier tout en profitant d'un spectacle de haut niveau, pleins de paillettes, de couleurs et de lumières ? Vous avez frappez a la bonne porte ! Ce soir nous vous présentons un sho...