La Pickpocket du Moulin Rouge

Chapitre 39

André

Je souris poliment à la jolie jeune femme qui m'aborde depuis cinq bonnes minutes. Je n'ai aucune envie de sa compagnie ! Malgré le fait qu'Amélie ne ressente rien pour moi, c'est à elle que mon cœur est fidèle.

Elle et personne d'autre.

Et pire que tout, elle m'empêche d'observer mon sublime Phénix lors de son spectacle !

Cela dit, je refuse de la rejeter avec violence. Au Moulin Rouge je suis avant tout un gentleman, je refuse donc d'être désagréable. Mais si elle continue d'insister malgré mes nombreux refus et si elle persiste à me boucher la vue, je risque de m'énerver !

J'entends la dernière note de la chanson résonner, et soupire. Bon sang, je n'ai pas pu voir une miette de ce spectacle...

Soudain, j'apperçois Amélie sortir droit des coulisses pour foncer telle une furie vers la jeune femme et moi. Une fois qu'elle arrive devant nous, la mine rageuse, je l'interroge :

- Que se passe-t-il ma chère ?

En voyant son regard furieux se planter dans le mien, une inquiétude me paralyse. Est-elle énervée que je sois venue la voir après ma confession de ce matin ? M'en veut-elle ?

J'allais parler à nouveau, mais elle me coupe dans mon élan en lançant à la jeune dragueuse :

- Chérie ? Tu ne vois pas qu'il est pris ? Alors va donc te chercher un porte-monnaie ambulant plus loin, tu seras gentille.

Son ton est acide, presque venimeux, alors que sa répartie est quant à elle toujours aussi implacable !

La jeune femme ouvre grand la bouche, et me jette un regard suppliant pour que je prenne sa défense. Mais je suis heureusement trop occupé à dissimuler mon rire dans mon verre de whisky pour l'aider !

Elle pousse un cri de rage face à mon absence totale de soutien, puis tourne les talons pour partir.

Et bien évidemment, je ne fais strictement rien pour la retenir... En revanche, je me tourne vers mon sublime Phénix pour l'interroger :

- Bien que j'apprécie ton geste, pourquoi as-tu fait cela ?

Elle baisse le regard, et répond tout bas, si bas que je crois un instant l'avoir rêvé :

- Parce qu'il est possible... Dans quelque temps, ou même très prochainement... Que je souhaite être plus que ton amie, André.

Mes joues se réchauffent, mon cœur s'emballe et à nouveau, je tombe pour la plus belle femme de ce monde. Je lui souffle, voulant être entièrement sûr d'avoir bien compris :

- Est-ce... Est-ce que cela signifie bien ce que je pense ?

Est-ce que tu éprouves la même chose que moi ?

Elle sourit, et confirme mes espoirs en hochant doucement la tête. Un immense sourire étire mes lèvres, tandis qu'elle remonte lentement ses yeux vers les miens.

Et dans ses prunelles vertes, je remarque pour la première fois une étincelle de passion et de luxure, me rappelant ce que je ressens à chacune de nos interactions...

Et alors, je ne me contrôle plus.

Je croyais que mon coup d'audace hier soir était dû entièrement à l'alcool, mais en vérité il est dû à l'immense passion qui me dévore à chaque fois que nos corps se trouvent l'un en face de l'autre.