By Lilibeth Lockwood

Chapitre 6

28.11.2023

Garée devant le bureau de papa, où il s'entretient avec son équipe de tournage à propos du prochain film, j'attends qu'il termine sa réunion. Il m'a appelée quand je quittais la fac, cet après-midi, me demandant de l'accompagner à une visite de contrôle avant l'opération. J'ai eu beau insister pour qu'il demande à Jace, il a catégoriquement refusé, me demandant de le rejoindre pour seize heures quarante-cinq devant ses locaux.

Si ça n'avait tenu qu'à moi, je serais dans ma chambre, sous mon plaid, armée d'un stylo rose en train d'apporter les premières corrections aux devoirs des premières années. Cependant, je n'ai jamais pu refuser quoi que ce soit à mon père. Donc me voilà.

Au bout de plusieurs minutes, sortent quelques membres de l'équipe de papa, des sourires resplendissants étirant les coins de leurs lèvres. Le montage a dû plaire à papa. Le film devrait donc sortir en salles sous peu, pour le plus grand plaisir des fans des films signés Gregory Lockwood. Quelques minutes passent encore avant que mon père ne sorte à son tour, accompagné de son « assistante réal », Ashley Corringan.

— Bonjour, mademoiselle Lockwood., me salue-t-elle d'un sourire, serrant ma main avec une énergie qui lui ressemble bien.

— Bonjour, Ashley. Je vois que la réunion s'est bien passée., lui dis-je en faisant allusion aux sourires qui irradiaient les visages de l'équipe quelques minutes plus tôt.

— Vous connaissez votre père. Il a réussi à faire ressortir le meilleur de chacun durant cette réunion. Ils sont tous ravis et conviés à l'avant-première qui se tiendra dans quelques semaines, nous l'espérons.

— Nous aimerions le sortir peu après Noël., m'annonce papa en s'approchant pour déposer son sac sur la banquette arrière de ma voiture, déposant ensuite un baiser sur ma tempe.

— Je ne doute pas du fait que ce sera le cas.

Papa et Ashley échangent encore quelques banalités au sujet de la sortie en salle du film et des potentiels produits dérivés ayant été évoqués aujourd'hui et qui devraient bientôt voir le jour dans les usines avant de prendre vie dans les magasins. Je les écoute distraitement, arrangeant le sweat de l'équipe de hockey que j'ai piqué à Jace avant de partir de la maison ce matin et mon chignon complètement bâclé que j'ai refait en vitesse dans les bouchons tout à l'heure. Et, lorsque la jeune femme s'éloigne, m'adressant un doux signe de la main, je me réinstalle derrière mon volant, papa me rejoignant pour que je puisse m'engager sur la route principale.

— Comment s'est passée ta journée, ma chérie ?

— Plutôt bien. Nous avons reçu l'invitation de Willy pour son anniversaire et j'ai pu avancer sur ma correction et mes lectures. Je pense que cette journée est l'une des plus productives de l'année.

— Eh bien tant mieux ! Nous aussi avons passé une bonne journée. Même si je dois avouer que cette réunion a été assez sportive pour le vieil homme que je suis.

— Rassure-moi. Tu sais que ce n'est pas bon pour ton cœur ?

Pour toute réponse il rit, reportant son attention sur le paysage qui défile à travers sa fenêtre. Je sais que sa vitalité malgré tout ce qui se passe et son état devrait me rassurer. Mais c'est loin d'être le cas. Il devrait se ménager, mais je sais qu'il ne le fera pas. Et ça m'exaspère autant que ça m'inquiète. D'autant plus que ni maman ni Jace ne semble d'accord avec ce que je lui dis. Maman l'a entraîné avec elle dans une virée shopping catastrophique vendredi malgré la nuit excessivement courte que nous avons passée. Et mon frère, lui, a insisté en me disant que le fait que papa ne s'apitoie pas sur son sort est le signe qu'il ne veut pas nous inquiéter parce qu'il estime qu'il n'y a pas quoi s'inquiéter.