15.12.2023
Docteur mufle.
— Puisque Carolina est au courant maintenant, tu ne penses pas que tu pourrais en profiter pour lui dire et tenter le coup ?, sourit Lilibeth, en faisant tournoyer sa paille dans sa piña colada, dédiant à son cousin un sourire se voulant angélique.
Willy manque de recracher le cocktail de fruits qu'il est allé chercher au bar tenu par notre fidèle pédiatre, comme à chaque fois qu'une fête est organisée. Et le regard réflexif que mon meilleur ami pose sur sa cousine, qui vient de mettre les pieds dans le plat, me conforte dans l'idée que la balle va changer de camp et que mademoiselle Lockwood ne va pas apprécier ce subit changement de situation.
— Dis-moi plutôt comment vont tes amours à toi, plutôt que de t'intéresser au mien.
Cette fois, c'est au tour de Lilibeth de manquer de s'étouffer avec son cocktail. Elle relève des yeux écarquillés vers son cousin. À côté d'elle, la fameuse Josephine agite sa main devant sa gorge, essayant d'attirer l'attention du cousin de sa meilleure amie pour lui signifier de ne pas aller plus loin. Mais je ne sais pas si ce dernier ne lui prête expressément pas attention ou s'il est tellement curieux d'en entendre plus sur la vie de cette dernière, car ne tilte pas que ces grands gestes lui sont adressés.
— Ton hockeyeur... Ethan, c'est ça ?
Cette fois, la principale intéressée en lâche son verre qui s'écrase par terre, se brisant et déversant le peu de liquide qui y restait sur le sol. Son regard se fixe sur les bris de verre éparpillés sur le sol avant qu'elle ne relève la tête, le souffle très légèrement court. Cependant, c'est tellement discret que, si je n'avais pas choisi mon domaine de spécialisation à l'hôpital, je ne l'aurais probablement pas remarqué. Elle sait gérer la panique. Et je ne la connais pas encore assez pour dire si c'est une bonne ou une mauvaise chose.
Josephine assassine l'aîné des trois Lockwood du regard alors que les trois hockeyeurs échangent des regards à la fois lassés et compatissants.
— Lilibeth ? l'interrogé-je, penchant légèrement la tête pour attirer son attention.
Cette dernière cligne des yeux plusieurs fois, comme ramenée à la réalité. Elle s'accroupit pour ramasser les morceaux de son verre, se confondant en excuses.
— C'est pas grave, Beth., explique son cousin en amorçant un geste pour se lever. Catarina viendra pour tout nettoyer demain matin. Ce n'est pas le premier verre que tu casses ici, je te rappelle.
Personne ne souligne le trait d'humour dont essaie de faire preuve mon collègue et meilleur ami, tous beaucoup trop préoccupés par la réaction de la benjamine de la soirée. Celle-ci ne prête pas attention à ce que lui dit son cousin et continue de ramasser les morceaux. Mais, au vu de son état, ce qui devait arriver arriva et elle lâche un petit « aïe » en relâchant tous les morceaux qu'elle avait jusque-là ramassés.
Je soupire et me baisse à mon tour, attrapant les morceaux de verre pour les mettre dans le petit cendrier près de nous. Je suis le seul fumeur de la soirée et je n'ai pas allumé une seule clope depuis mon arrivée, s'il le faut j'irai fumer dehors tout à l'heure.
— Va plutôt soigner ta main., lui dis-je en posant une main sur son épaule.
Elle opine, presque machinalement, avant de détaler, rejoignant l'intérieur de la maison.
— Tu as vraiment le don pour mettre les pieds dans le plat, Willy., grogne Jo en se levant pour taper mon meilleur ami à l'arrière du crâne.
Elle est plutôt maigrichonne comme ça, mais à en croire le bruit qu'a fait cette claque et la grimace de mon collègue, elle doit taper plutôt fort. Je fronce les sourcils et me réinstalle plus confortablement dans mon siège, curieux d'entendre la suite de cette conversation.
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By Lilibeth Lockwood
RomansaAmoureuse des mots, Elizabeth tient à sa petite vie bien rangée. Partagée entre ses colocataires, sa vie universitaire, sa relation tendue avec ses parents et son rêve d'écrire, on ne peut pas dire qu'elle ait besoin du piment des romances dans lesq...