29.12.2023
Petit ange.
J'avance sur le tapis rouge menant à la grande salle de cinéma où se déroule l'avant-première du film de papa. Les journalistes et les flashs donnent l'impression d'évoluer au ralenti. Jace se place à mes côtés et passe son bras dans le bas de mon dos pour me conduire vers la salle. Nous sommes les deux seules personnes à évoluer normalement dans ce monde où tout semble se passer au ralenti. Je tourne la tête vers la journaliste avec laquelle nous étions il y a encore quelques instants. Cette dernière baisse tout juste son micro et fait volteface avec une lenteur inimaginable pour regarder le cameraman qui l'accompagne.
Le seul bruit ambiant est celui de nos pas, à Jace et moi, sur le tapis. Mes talons le claquent avec dynamisme. Les siens avec vivacité. Mais, à mesure que nous avançons, le monde autour de moi devient flou. Des gens disparaissent, s'effacent comme si quelqu'un s'amusait avec une gomme.
En face de nous, en haut des marches du long escalier, se tient mon père, dans son impeccable costume et avec un immense sourire. Je sens le mien s'étirer de plus belle alors que je m'approche de lui. Je lâche le bras de Jace et cours jusqu'à lui. Je gravis les marches en quatrième vitesse, observant papa qui écarte les bras pour m'accueillir.
— C'est fini, Libie.
Je cligne des yeux et lorsque je les rouvre, je suis au bord d'un gouffre paraissant sans fond. Papa se tient au-dessus de ce dernier, et m'observe avec un léger sourire flottant sur ses lèvres.
— C'est fini, Libie., répète-t-il.
— Pourquoi dis-tu ça, papa ?
Il ne bouge pas. La noirceur émanant de la profondeur du gouffre s'agite sous ses pieds. C'est comme s'il flottait au-dessus de celui-ci. Je tourne la tête vers Jace qui continue d'avancer, maintenant son bras parallèle au sol, et regardant le vide près de lui, comme s'il ne voyait rien et pensait que j'étais toujours à ses côtés. Il ne voit pas ce que je vois... Personne ne le voit...
— Papa ?
— C'est fini, Libie.
Il répète encore cette phrase. Mais cette fois le ton n'est pas le même. Je fronce les sourcils et tente de tendre la main vers lui. Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Papa, viens. Rentrons, s'il-te-plaît.
Son sourire s'élargit imperceptiblement et la seconde d'après brise mon univers tout entier. La plateforme invisible sur laquelle semblait flotter mon père il y a quelques instants vole en éclats, tout comme mon cœur et les murs qui entouraient mon monde.
— PAPAAAAAAAAA !!
Je me redresse en sursaut. Il fait une chaleur horrible alors que je jurerais qu'il neige à gros flocons dehors. Je suis trempée de sueur. Ma tête me fait un mal monstre. J'ai la nausée. Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe ?
Je me relève et m'assieds sur mon lit. Mais la nausée dont j'étais victime allongée fait remonter le contenu de mon estomac jusque dans ma gorge. Je me lève et cours jusqu'aux toilettes de ma salle de bain. Les restes d'un repas passé rejoint le fond de mes toilettes. L'odeur de ce que je viens de régurgiter me remonte au nez et me rend encore plus mal. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive, putain ?
Deux mains chaudes viennent se poser dans ma nuque pour attraper mes cheveux et les écarter. Je continue de régurgiter le contenu de mon estomac alors que l'une des mains caressent mon dos dans un geste rassurant.
VOUS LISEZ
By Lilibeth Lockwood
Любовные романыAmoureuse des mots, Elizabeth tient à sa petite vie bien rangée. Partagée entre ses colocataires, sa vie universitaire, sa relation tendue avec ses parents et son rêve d'écrire, on ne peut pas dire qu'elle ait besoin du piment des romances dans lesq...