Chapitre 19

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27.12.2023

Petit ange.


— J'ai dit non, mademoiselle Rodriguez.

Le regard de la journaliste s'éteint alors que mon ton se fait plus sec que je ne l'aurais voulu. Si on demande à travailler avec elle lorsque sa chaîne figure sur la liste des personnes présentes lors de ce genre d'évènements, c'est parce qu'elle connaît les limites à ne pas franchir lorsqu'elle s'adresse à nous. Mais il semblerait que ce soir, ces limites soient presque devenues invisibles à ses yeux.

Sur ma hanche, la prise de Jace s'est resserrée. Je sais bien que c'est pour me retenir de sauter à la gorge de la journaliste, mais c'est aussi pour qu'il sache qu'il est bien sur terre. Je suis son attache dans ces moments-là, tout comme il est la mienne.

— Et si-

— GREG !!

Je tourne la tête vers les escaliers où mes parents étaient en train de répondre aux questions d'un gigantesque média il y a encore quelques secondes. Une dizaine de personnes a le regard rivé vers le sol où ma mère est assise par terre, penchée sur un corps allongé sur le sol.

— PAPA !!

Je relève le bas de ma robe et arrache presque le bras de Jace de ma hanche en courant pour rejoindre mes parents. Je m'accroupis près de ma mère et tente d'accéder au visage de papa mais cette dernière ne bouge pas, les mains posées sur son visage. Je tente de la repousser gentiment une fois. Deux fois.

— Mais dégage, putain !

Surprise, elle retombe sur les fesses, à un bon mètre de nous. J'observe la poitrine de papa, attendant qu'elle monte et qu'elle descende. Rien. Je place mon oreille devant sa bouche. Rien...

— Papa...

J'essuie mes yeux et mon nez qui coulent dangereusement et me mets à genoux. Je place mes mains sur sa poitrine et appuie. Une fois. Deux fois. Trois fois. Autour de moi, le monde semble s'être arrêté. Plus personne ne parle, plus personne ne crie. Et moi je tente de réanimer mon père qui vient de s'effondrer sous mes yeux alors qu'il a un putain de robot dans le corps censé aider son cœur et qui ne sert à rien !

Je relève la tête pour tenter de calmer les larmes qui ne demandent qu'à ruisseler le long de mes joues alors que mes mains n'arrêtent pas d'appuyer sur sa putain de poitrine pour le réveiller parce que j'ai putain de besoin de lui.

Autour de moi, personne ne bouge. Les regards, les caméras, les appareils photos, tous sont braqués sur moi, sans que personne ne réagisse. Mais qu'est-ce qu'ils attendent putain ?

— Vous attendez quoi pour appeler les secours, bande de connards ! Vous voyez pas qu'on a besoin d'aide !

Comme au match de Jace, il y a plus d'un mois, il a suffi que je crie pour ramener tout le monde à la réalité. Plusieurs personnes se jettent sur leurs téléphones. Mais, à ce moment-là, je ne vois qu'eux. Ces putains de caméramans avec leurs énormes objectifs braqués sur moi, braqués sur lui.



Docteur mufle.


— SI VOUS ÉTEIGNEZ PAS CES PUTAINS DE CAMÉRAS, JE VOUS JURE QUE JE VOUS TUERAI DE MES PROPRES MAINS !

By Lilibeth LockwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant