23.12.2023
Petit ange.
— Lilibeth. Peux-tu arrêter de faire les cents pas, s'il-te-plaît ? Tu me donnes mal au crâne., grogne mon jumeau, confortablement installé dans le fauteuil que j'ai occupé pendant presque un mois.
Je m'arrête net et le fusille du regard. Ce n'est pas lui qui est resté assis, là, pendant trois semaines à écouter les récapitulatifs des médecins entre leurs incessants va-et-vient, branchant et débranchant papa des dizaines d'appareils aux multiples fonctionnalités qui entourent ce lit d'hôpital. Ce n'est pas lui qui, au vu des statistiques que les médecins n'ont eu de cesse de donner, a redouté ce jour plus que celui de l'annonce des résultats semestriels, après des semaines d'examens. Ce n'est pas lui que tous les médecins et infirmiers ont salué dès que nous avons mis le pied dans l'hôpital il y a bientôt une demi-heure.
— Excusez-nous de vous avoir fait attendre.
Je tourne la tête vers l'entrée de la chambre pour voir le chef infirmier du service de chirurgie nous sourire, sa tablette dans les mains.
— Bonjour messieurs Lockwood, mademoiselle Lockwood.
— Salut, Oscar., sourit Jace en lui retournant son sourire. Prêt à emmener mon père sur le billard ?
— Comment peux-tu plaisanter de ça comme ça ?, m'énervé-je en le détaillant.
— Libie. Laisse ton frère tranquille. Cette opération n'est qu'une formalité, tu le sais., tente de me rassurer papa avec un sourire. J'en ai déjà fait d'autres.
Peut-être. Sauf que les autres fois, je n'étais qu'une enfant. Je n'avais pas la notion de ce que ce genre d'opération impliquait. Maintenant que je le sais, je ne peux m'empêcher d'être morte d'inquiétude. Jace n'a pas eu à supporter toutes ces semaines à rester assis dans un fauteuil, à attendre l'irrévocable sentence que prononcerait le médecin, les internes, les infirmiers, le directeur de l'hôpital...
Moi, si. Moi je sais ce qui peut bien se passer, comme ce qui peut mal se passer. Et même si les chances que tout se passe bien sont plus élevées que les chances que tout se passe mal, les raisons pour lesquelles tout peut mal se passer me tétanisent et je ne peux m'empêcher de me préparer au pire. Et je m'en veux tellement d'aborder la situation ainsi.
— Bonjour tout le monde.
Je tourne la tête vers l'entrée de la chambre pour voir Carolina nous dédier un sourire resplendissant, non pas vêtue de sa traditionnelle blouse blanche, mais plutôt d'une sorte d'ensemble bleu marine et d'un mélange entre un bonnet et un chapeau assorti au reste de sa tenue. Elle est prête à aller au bloc.
— Lilibeth. Aaron aimerait te voir, dans son bureau.
J'acquiesce et m'approche de papa, déposant un baiser sur sa joue. Il me sourit et attrape ma main qu'il caresse en un geste se voulant rassurant.
— Libie. Qui va passer sur le billard ? Toi ou moi ?, se moque-t-il.
— C'est ça, moque-toi., grogné-je en rejoignant la jeune chirurgienne.
Nous avançons dans le grand couloir, entre les chambres des différents patients. Dans ces dernières, les émotions sont multiples. Certaines familles sont en larmes, face à un lit vide. D'autres rient aux éclats et serrent les médecins se tenant face à eux dans leurs bras. Voilà pourquoi je hais les hôpitaux. En plus d'y avoir souvent été parce que je voyais mon père souffrir, c'est un endroit où d'une chambre à une autre, pour un même désastre des familles sont en larmes, certaines de tristesse, d'autres de colère, d'autres de joie, face à des chirurgiens qui ont fait tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver les proches, mais qui n'ont parfois rien pu faire.
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By Lilibeth Lockwood
RomansaAmoureuse des mots, Elizabeth tient à sa petite vie bien rangée. Partagée entre ses colocataires, sa vie universitaire, sa relation tendue avec ses parents et son rêve d'écrire, on ne peut pas dire qu'elle ait besoin du piment des romances dans lesq...