05.01.2024
Petit ange.
— Lilibeth. Tu es sûre que tu ne veux pas venir avec nous ?
Je tourne la tête vers le pas de la porte de ma chambre où Jace, appuyé contre le chambranle de cette dernière, m'observe avec toute l'attention du monde comme s'il attendait quelque chose de moi.
— Oui. Je suis un peu fatiguée. Je préfère rester travailler un peu sur le devoir que j'ai à rendre en mythologie la semaine prochaine.
— Elizabeth.
Je sais, dans le ton qu'il emploie, qu'il ne croit pas un mot de ce que je viens de lui dire. Je n'y crois, de toute façon, pas moi-même. Je ne veux juste pas qu'il se prive de cette sortie pour rester avec moi, comme il le fait depuis quelques jours déjà. Moi qui pensais que nous avions été discrets le soir du nouvel an, je me suis fourrée le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Jace se lève chaque matin aux aurores, me prépare le petit-déjeuner et reste avec moi lorsque je refuse de sortir m'amuser avec les autres. Il ne dit rien, mais son comportement parle pour lui. Enfin, ça, et le fait que Nate m'ait rapporté que Jace leur a fait subir un interrogatoire à tous les trois pour essayer de comprendre ce qu'il m'arrive.
— Oui. Ne t'inquiète pas. Ça va te faire du bien de revoir toute l'équipe.
— Et je pense que ça te ferait du bien de voir toute l'équipe, aussi. Ils t'adorent, Bie. Je vais m'attirer leurs foudres si tu n'es pas là.
— Embrasse-les pour moi, d'accord ?
— Elizabeth.
— S'il-te-plaît, Jace.
Il soupire, passant une main à mi-chemin entre agacée et fatiguée dans sa crinière blond vénitien en tout point similaire à la mienne. Il s'approche de moi, déposant un baiser sur mon front et, sortant son bras de derrière son dos, il me tend un livre que je reconnaîtrais entre mille. Je relève les yeux vers lui en souriant.
— Je veux un résumé demain dans la journée. Tu penses que c'est possible ?
— Tu viens de m'offrir le second tome de Maple Hills. Alors, logiquement, je t'offre ton résumé ce soir.
Il dépose sa carte bleue sur ma table de chevet, m'ordonnant presque de me commander des sushis pour ce midi avant de m'embrasser sur le front. Il quitte ensuite ma chambre, me rappelant qu'il fermera derrière lui. Lorsque j'entends la porte d'entrée claquer, j'expire tout l'air de mes poumons, posant le livre probablement fraîchement sorti de la librairie sur la table de chevet près de moi, sous la carte bancaire de Jace.
J'ai l'impression qu'il s'est écoulé une éternité depuis la soirée du nouvel an, donc depuis la dernière fois que j'ai vu Aaron. Et j'ai l'impression d'avoir la poitrine dans un étau depuis. Le voir, ce soir-là, discuter avec Nate de cette « séduisante » infirmière m'a rendue malade. Quatre jours plus tôt, c'était avec moi qu'il était. Il était avec moi à mon réveil après que j'ai passé la pire journée de ma vie. Ses lèvres étaient posées sur les miennes. Il m'embrassait à m'en couper le souffle, me touchait comme si j'étais la chose la plus précieuse au monde. Avant de s'écarter de moi, me disant qu'il avait commis une erreur. Mais quelle était l'erreur, au juste ? M'avoir embrassée ? Être resté avec moi ? S'être occupé de moi ? Avoir voulu sympathisé avec moi à l'hôpital ?
A-t-il si rapidement oublié tout ce qu'il s'est passé pour pouvoir discuter comme ça, d'une autre femme, devant moi, comme si de rien n'était ? Qu'il ne m'ait pas aimée et ait juste éprouvé de l'attirance pour moi, je pense être capable de le supporter. Mais j'aimerais simplement qu'il me le dise ainsi. J'aimerais qu'il réduise mes espoirs à néant définitivement. J'aimerais qu'il ne me regarde plus comme il m'a regardée ce soir-là. J'aimerais qu'il arrête de me regarder comme si je comptais, parce que c'est en train de me rendre malade.
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By Lilibeth Lockwood
RomanceAmoureuse des mots, Elizabeth tient à sa petite vie bien rangée. Partagée entre ses colocataires, sa vie universitaire, sa relation tendue avec ses parents et son rêve d'écrire, on ne peut pas dire qu'elle ait besoin du piment des romances dans lesq...