Chapitre 18

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27.12.2023

Docteur mufle.


— C'est la dernière fois qu'on te voit ici pour ça. D'accord, bonhomme ?

— Promis, docteur !

Le petit gars observe son plâtre avec un immense sourire sur les lèvres, mais fait tout de même bien attention pour que sa mère ne puisse pas le voir.

Mes calendriers de rendez-vous et opératoire de la journée vides, on m'a demandé de venir donner un coup de main aux urgences. Ne plus être le médecin responsable des patients une fois qu'ils passent la porte pour les étages supérieurs est agréable, même si l'endroit me change des bistouris et des bip incessants des machines du bloc.

— Aaron ! Tu as un moment ?

Je tourne la tête vers Sabrina, une infirmière de mon service à qui l'on a demandé de descendre aux urgences, tout comme à Willy et moi.

— Si vous voulez bien m'excuser.

Je m'éclipse, laissant mère et fils ensemble, le temps qu'une autre infirmière leur apporte les documents nécessaires pour la sortie du petit gars. Près de la salle de pause, Sabrina m'attend, deux cafés à la main. Je crois que je n'aurais peut-être pas dû quitter le petit démon, finalement.

Je la rejoins, ne pouvant plus faire marche-arrière maintenant qu'elle sait que je l'ai vue et entendue. Elle me dédie un sourire qu'elle veut radieux et me tend un des gobelets.

— Merci.

— Je t'en prie. Latte vanille, comme tu les aimes.

Je hoche la tête et porte le gobelet à mes lèvres, observant les urgences que je trouve étrangement calmes aujourd'hui. Mais, je n'évoquerai pas le sujet à voix haute, car tout le monde sait que ça porte malheur d'évoquer le calme régnant dans un hôpital. La sentence peut aller d'un homme bourré s'étant pris un pot de fleur sur la tête sans s'en rendre compte au plus grave accident ferroviaire de ces dix dernières années.

— Tu as complètement évité le sujet hier, mais tu n'étais pas là, à Noël.

Je sais que j'ai évité le sujet. L'objectif étant de ne pas aborder ce que je fais en-dehors du travail avec toi, Sab. Chose que je ne peux, pour le bien de nos relations professionnelles, bien entendu pas dire à voix haute.

— Oui. Je n'ai pas eu mon tour de garde. Le vieux m'a forcé à rentrer.

— Et tu as fait quoi, du coup ?

J'ai passé une soirée mémorable au sein d'une famille haute en couleurs et durant laquelle j'ai dû me retenir d'embrasser la fille de mon patient préféré que j'ai trouvé incroyablement mémorable et séduisante.

— J'ai été avec des amis. Ils m'ont accepté à leur table à la dernière minute.

— Tu peux bien me le dire à moi quand même. C'est Willy qui t'a invité ? Tu étais avec les Lockwood à Noël ?

Parle toujours, tu m'intéresses.

— Ma vie privée ne te regarde pas, Sab.

— Aaron, je t'en prie ! Ça va faire quatre ans qu'on se connaît. Tu pourrais laisser tomber les armes de temps en temps, non ?

Elle lève les yeux au ciel, en croisant les bras, ne manquant pas cette occasion rêvée de se renverser tout son café dessus. Elle lâche un juron et écarte les bras pour constater les dégâts qui se répandent peu à peu sur sa tenue de travail. Sauvé par le café.

By Lilibeth LockwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant