27.11.2023
S'il y a bien une chose que je hais, après Thanksgiving, c'est de devoir revenir en cours. D'autant plus lorsque le premier professeur que je retrouve est mon professeur de mythologie. Ce bon professeur Dupont et ses origines franco-grecques quelque peu douteuses me laissent bien souvent un arrière-goût un peu particulier en bouche, surtout un lundi matin après un week-end comme celui que je viens de passer.
Alors, lorsque la sonnerie marquant la fin de ces quatre heures de torture retentit, c'est avec une précipitation non dissimulée que je rejoins la cafétéria où je remarque rapidement ma meilleure amie assise à une table entre son frère et son copain. Les deux hommes discutent littéralement au-dessus de sa tête du prochain match de hockey qui aura lieu dans une semaine et demie et lors duquel Jace n'aura d'autre choix que de rester assis auprès de Milori. Ce sera dur pour lui, mais je dois surtout avouer que je crains légèrement le combo Milori/Jace.
Je commande une salade niçoise et vais m'installer près d'eux, posant mon plateau en face de celui de ma meilleure amie. Cette dernière me sourit, saisissant mes deux mains avant d'approcher son visage du mien, au-dessus de la table. Elle claque un bisou sonore sur ma joue, affichant une petite moue désolée.
— Jace m'a dit ce qu'il s'est passé. Tu vas bien ?
— On fait aller. Mais papa va bien, donc je vais bien.
Elle acquiesce, très peu convaincue par mes paroles qui, elle le sait, ne sont là que pour la rassurer. Quand Jo, Nate et Sam sont rentrés hier après-midi, je dormais déjà ; ce que j'ai fait une grande partie du week-end. Quand je ne dormais pas, je mangeais, en discutant avec Jace de tout et de rien, évitant bien soigneusement tout ce qui se rapportait de près ou de loin à l'hôpital et à l'anatomie humaine. En bref, le week-end a été plus que riche en émotions et je suis bien contente qu'il soit fini.
— Au fait, Lilibeth !!, se réveille soudain son frère, quittant son monde empli de ballons ovales pour s'adresser à moi. Tu as reçu l'invitation de Willy ?
Oh merde, l'anniversaire de Willy... J'ai toujours dit à sa mère qu'elle aurait dû le retenir un peu ou le faire sortir avant. Quelle idée d'être né entre Thanksgiving et Noël ! Comme si nous n'avions pas assez de choses à organiser, déjà.
— Il l'a envoyé comment ?, demandé-je en sortant mon téléphone, fourrant un croûton de pain à l'ail dans ma bouche.
— Par mail. On en a tous reçu une différente., m'informe ma meilleure amie. Ton cousin a vraiment une imagination débordante.
Fronçant les sourcils, j'ouvre ma boîte mail, partant à la recherche de celui de mon cousin. Je le retrouve dans ma boîte de réception après les dizaines de mail de mes professeurs de lettres et de l'hôpital, puisque j'ai demandé à recevoir les informations concernant papa. Des confettis m'accueillent lorsque je clique sur le message, me laissant le loisir d'ouvrir le PDF en pièce-jointe. Une superbe invitation dans les tons de crème s'ouvre alors, dévoilant des décorations alternant entre des amphores, des colonnes, des raisins et d'autres jolies décorations antiques. Dans la traditionnelle police antique, je découvre avec plaisir le thème de son anniversaire, au cas où la décoration de l'invitation n'était pas suffisante.
BIENVENUS EN GRÈCE ANTIQUE
Vous êtes, mes amis, conviés à me retrouver au sommet du mont Olympe afin de célébrer, en ma charmante compagnie, mon anniversaire. Je passerai, le 15 décembre de cette année, mes trente ans en, je l'espère, la compagnie de mes chers parents, régnant sur l'Olympe d'une main de maître.
La Grèce Antique. Je ne sais pas si je trouve l'idée merveilleuse ou inquiétante, au vu du spécimen.
J'observe plus attentivement la carte, lisant toutes les informations qu'il nous confie sur son anniversaire. 15 décembre. Chez ses parents. Il nous demande la réponse d'ici ce week-end.
— Il est beaucoup trop investi..., soupiré-je en relevant la tête vers ma meilleure amie qui me sourit de toutes ses dents.
— Et encore, tu n'as pas vu le bas du carton d'invitation.
Fronçant les sourcils, je zoome sur le petit paragraphe en bas de page, m'étant directement adressé.
Ma petite Lilibeth, chacune des personnes conviées à mon anniversaire cette année se voit attribuer un dieu qui lui servira de personnages pour la soirée, notamment pour que nous puissions immortaliser ce moment qui, à mes yeux, est d'une importance capitale, puisque je vous aurai tous à mes côtés. C'est pourquoi, à ta douceur sans pareille, mon petit rayon de soleil, ma petite fleur, forte et combattante, poussant, à chaque fois plus ravissante, à travers la neige que sont les épreuves de la vie, j'attribue la douce Perséphone, déesse du printemps, fille de Déméter et amour du dieu des Enfers.
Je vais définitivement l'étriper.
Qu'il ait des idées rocambolesques, effrayantes et étranges, je le conçois. Mais qu'il nous les fasse supporter, en payer les frais, m'épuise alors que nous n'y sommes pour rien. Enfin, il aurait pu choisir un thème bien pire... Comme Star Wars, comme il y a dix ans. Il a passé toute la soirée à jubiler de ma mine déprimée à cause de son thème qui, il le savait, m'irritait au plus haut point. Les goûts et les couleurs dépendent de tout un chacun, je suis entièrement d'accord, et pour ma part, je n'aime pas cette saga de science-fiction. Et il le savait, quand il m'a demandé de l'aider à organiser la fête...
— Je crois que c'est l'une de ses idées les plus folles., soupire Jace en venant s'asseoir près de moi.
Je tourne la tête vers lui, le remerciant intérieurement d'être enfin arrivé.
— Merci beaucoup.
— Mais j'adore l'idée.
Je lève les yeux au ciel, retirant mentalement la satisfaction que j'avais associée à l'arrivée de mon frère jumeau.
— Heureusement que c'est Willy., s'esclaffe Nate. Parce que Lilibeth dégage une de ces joies à l'idée d'un anniversaire à thème où on lui impose son costume.
— Je ne vois pas où est le problème, cocotte ! T'imagines, une déesse comme toi entourée de séduisants médecins déguisés en leur égaux ? Il y a de quoi en faire une carte postale !, s'extasie Jo, sortant d'ores et déjà son téléphone, probablement à la recherche du tissu qu'elle utilisera pour nos costumes qu'elle voudra probablement confectionner elle-même.
— Je vous hais, tous.
Mon frère dégage ma remarque d'un geste de la main, attrapant ma fourchette qu'il plante dans ma salade, récoltant beaucoup de ses ingrédients, avant de tourner l'ustensile de cuisine vers mon visage, plus précisément vers ma bouche.
— Mange, tu râleras moins.
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By Lilibeth Lockwood
RomanceAmoureuse des mots, Elizabeth tient à sa petite vie bien rangée. Partagée entre ses colocataires, sa vie universitaire, sa relation tendue avec ses parents et son rêve d'écrire, on ne peut pas dire qu'elle ait besoin du piment des romances dans lesq...