20- ALÉTHÉÏA/RAHEEM

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Hey 🧘🏾‍♀️.

J'essaye de reprendre le rythme des deux chapitres par semaines, but, je ne vous promet rien.

Bonne lecture🫦.








RAHEEM. 

Périphérie de Londres
Trois heures quarante du matin.







La fumée qui émane de mon joint emplit la pièce à force que j'expire silencieusement, voilant cette chambre d'une opacité délirante, m'empêchant d'en dissocier les divers meubles. Assis sur le lit de Stef, je contemple le bois à travers l'immense fenêtre située juste en face du lit.

« J'ai peur du noir parce que je suis petit, mais lorsque je serais grand comme toi, je n'aurais plus peur de rien ».

Dans l'obscurité la plus prenante de la nuit, noyé comme à chaque fois que je me rends dans cette pièce, des bribes de souvenirs refont surface. Les effets de la drogue les intensifient, les rendant presque réels, m'engouffrant quasiment dans une dimension parallèle dans laquelle mon frère est toujours ici. À dormir et faire des bêtises. À aller à l'école avec Attila, et rentrer à l'heure.

Je soupire fortement, fermant les yeux et tirant de façon furieuse sur le joint que je retiens entre mes lèvres. Je les rouvre rapidement, les faisant s'attarder sur la couverture bleue de Stef, pliée et fraîchement changée, attendant de retrouver le propriétaire de ce lit. Chaque semaine, je nettoie sa chambre, avec la lueur hypnotisante d'espoir, qu'un jour il sera de nouveau dans cette maison. Qu'un jour j'aurais de nouveau une raison valable d'agir de façon rationnelle pour rentrer à la maison sain et sauf, parce que Stef ne peut pas s'endormir tant que je ne suis pas là.

La fumée que je crache s'évapore devant moi, alors que je me hisse hors du lit afin de m'approcher de sa table de nuit. Sa Gameboy l'attend toujours, chargée à bloc avec tous ces jeux empilés de façon minutieuse à côté, parce que mon petit frère déteste le désordre. Du haut de ses huit ans, il était déjà le plus responsable de nous deux quant à la propreté et l'ordre. Je passe rapidement mes doigts sur le meuble en bois, avant de me diriger vers l'armoire située à l'opposé de la chambre, près de la porte d'entrée, entourée des murs bleus de toute teinte différente. Je l'ouvre dans un geste hésitant.

Tous ses pulls. Tous ses vêtements. Tout est là.

Je saisis un pull des Lakers violet, et souris brièvement en apercevant la taille du vêtement « 8 ans ». Je secoue les épaules, comprenant qu'il va falloir que je lui rachète tous ses vêtements, alors qu'au même instant, une amertume m'immobilise : Stef pourrait avoir huit ans toute sa vie.

La dernière fois qu'il a foulé sa chambre, il venait d'avoir huit ans, et le treize juin prochain, il sera supposé en avoir douze.

Quatre ans. Quatre putains d'années. Quatre ans, qu'il n'a pas ouvert les yeux, ni même respiré sans l'aide des machines. Ma main se crispe alors que je remets le pull sur le ceintre et que j'effleure simplement mon nez sur les manches, inspirant son odeur infantile avant de fermer les portes de l'armoire et de poser mon front dessus, mon joint toujours coincé dans ma bouche.

« Tu t'acharnes Raheem » « Toutes ses constantes sont mauvaises, le traumatisme l'a tué ».

Mes poils se hérissent, et je secoue de nouveau la tête refrénant un rire nerveux. Les dernières onces de rationalité et de logique, tiennent à l'espoir que Stef se réveille un jour, de façon égoïste, je m'accroche à cette expectance pour ne pas sombrer dans un côté qui, je le sais, sera par la suite irrécupérable.

𝐓𝐡𝐞 𝐂𝐄𝐍𝐓𝐄𝐑𝐏𝐈𝐄𝐂𝐄 1&2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant