Chapitre 2 : Alvia

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19 heure 40, domicile d'Alvia.

Une fois mon entretien fini, je n'ai pas perdu de temps pour rejoindre mes parents qui m'attendaient patiemment pour le dîner. Depuis que j'ai quitté la librairie, je n'ai pas cessé de me poser un tas de questions. Pourquoi est ce qu'il y a si peu d'employés ? Pourquoi est ce que je n'avais jamais remarqué ce jeune homme ?

Adagio.

Je me rends dans cette boutique tous les week-ends depuis plusieurs années, pourtant je ne l'avais jamais croisé. Aurait-il ses jours de congés à ce moment-là ? Impossible qu'il ne travaille pas au moment ou la librairie en à le plus besoin... Il doit bien y avoir une autre explication...

Les couverts de mon père qui s'abattent sur la table me ramènent durement à la réalité. Je tourne mon regard vers lui, j'essaie difficilement d'avaler ma salive en me préparant mentalement à ses remontrances. Mon père ne laissera jamais passer le fait que je ne suive pas le chemin tout tracé qu'il m'a imaginé pendant de longues années. J'ai déjà passé mon adolescence à me battre avec lui pour faire les études que je voulais et non cette école de commerce qu'il me prévoyait. Je pensais le combat fini mais je vois que je n'échapperais jamais à ses idéologies.

— Tu aurais dû avoir un meilleur poste. me sermonne-t-il durement.

Il ne peut pas s'en empêcher, critiquer ma vie est devenu son passe-temps préféré depuis que j'ai pris la décision de me rebeller contre lui. Il ne fera pas de moi son pantin préféré comme il a si bien réussi à le faire avec ma sœur.

— Je fais de mon mieux papa. souffle-je.

— On ne dirait pas. Libraire sérieusement. Tu veux faire honte à ton mari ?

— Nous ne sommes pas marié papa.

— Il serait temps alors. crache-t-il avec honte.

Je me retourne vers Marek. Il me sourit pour essayer de me calmer, mais je sais qu'il est d'accord avec mon père. Il a plusieurs fois essayé de me faire changer d'avis mais je n'en démords pas. JE NE VEUX PAS ME MARIER. Je suis pourtant très claire depuis toujours, mais aucun des hommes présents à cette table n'a l'air de comprendre mon point de vue. Je peux très bien être heureuse avec Marek sans passer par la casse église...

Mes parents font une fixation sur le mariage, enfin, mon père fait une fixation, ma mère est plus douce et ouverte d'esprit. Si je devais écouter mon père, je serais déjà mariée avec Marek depuis un an. Il a un bon poste dans une banque, il est stable, le mari rêvé d'après lui. Je sais qu'il pourrait être un mari extraordinaire, mais quelque chose manque.

Sans le vouloir, le visage du libraire vient se glisser dans mon esprit. Adagio, un visage si mature, si strict, on dirait qu'il a traversé toutes les épreuves de la vie. Je n'arrivais pas à détacher mon regard du sien tellement il me fascinait. J'ai la certitude qu'il a ce truc qu'il me manque avec Marek, il n'a sûrement que ça d'ailleurs, comme on dit, on va chercher que ce qu'on n'a pas chez les autres.

J'ai déjà tout avec Marek.

Sauf ce qu'Adagio pourrait m'apporter.

Il faut que je me reprenne. J'ai à peine aligné deux phrases correctement qu'il hante déjà mes pensées. C'est mon nouveau collègue, rien de plus.



Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Mon visage est tellement cerner que j'ai dû user d'une bonne couche d'anticernes ce matin pour avoir l'air un minimum présentable. Les traits tirés par le manque de sommeil de Marek ne mentent pas, il n'a pas mieux dormit que moi. A force de me retourner, j'ai fini par le réveiller plusieurs fois et même s'il a essayé de me rassurer en me prenant dans ses bras, rien n'a pu m'aider à trouver les bras de Morphée cette nuit.

Libère moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant