Chapitre 7 : Adagio

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Assis en bout de table, j'observe chacun de mes invités rire et sourire en dégustant les pizzas que nous avons commandées. Alvia s'occupe d'essuyer les mains pleines de tomate d'Evana en écoutant attentivement les anecdotes que les deux garçons assis en face d'elle lui racontent sur moi.

- Vous n'avez pas fait ça ? rigole Alvia, les yeux aussi rond que des soucoupes.

- Si, on a laissé Evana le maquiller en princesse. Tu aurais dû voir comme il était beau, du rose partout sur le visage. lui répond Eliaz.

Je me souviens de ce moment et me mets à rire. Evana était persuadée d'être devenue une maquilleuse pour princesses. Après avoir maquillé plutôt simplement les garçons, elle a décidé de s'attaquer à mon visage. Je pensais ressortir de là avec un peu de rose sur les yeux et sur les joues, mais j'ai vite compris qu'elle s'était lâchée sur la quantité. J'ai même dû laver ma barbe courte barbe au shampoing pour réussir à tout enlever. Mon regarde se repose sur la petite terreur qui se laisse faire par Alvia, qui lui nettoie maintenant la bouche.

- Evana, une fois que tu as finis de te débarbouiller, tu vas mettre ton pyjama ? les coupe-je en voyant l'heure tourner sur ma montre.

- Mais papa ! on a une invitée. Je peux rester plus tard ?

-   L'heure, c'est l'heure. Après, tu es fatiguée le lendemain. Il est déjà 21 heures, Evana.

Ma fille se met dans le fond de son siège, les bras croisés et les yeux baissés vers ses chaussures. Elle peut bien bouder, mais je ne céderai pas sur celle-là. Je l'ai déjà laissée rester bien plus longtemps que prévu. Mes yeux quittent Evana pour se poser sur Alvia, qui vient de passer tendrement une main dans les cheveux de ma fille. Est-ce qu'elle va prendre les choses en main ?

- Et si je te lisais une histoire pour toi dormir ? lui propose Alvia.

Evana sourit avant de sauter de sa chaise et de courir dans sa chambre. Elle n'aura jamais été mettre son pyjama aussi vite. Alvia sourit avant de reporter son attention sur la conversation de mes amis. Elle porte toujours fièrement la couronne qu'Evana lui a fait mettre.

- Tu sais y faire avec les enfants, on dirait. constate Massime.

- J'ai un neveu et une nièce. J'essaie de faire de mon mieux. répond-t-elle avec un timide sourire.

Elle répète souvent cette phrase.

Je fais de mon mieux.

Comme si ce qu'elle faisait n'était jamais assez bien pour elle ou pour les gens autour d'elle. Pourtant, je ne l'ai jamais vue faire une erreur. Même au travail, elle est plus qu'irréprochable. La seule chose qui pourrait la mettre du mauvais côté des choses est l'impression qu'elle n'hésiterait pas à tromper son petit ami, chose qu'elle a sûrement déjà l'impression de faire en étant ici avec moi. Peut-être qu'elle n'est plus heureuse avec lui et qu'elle n'ose pas le quitter, justement à cause de ses parents, qui sont, d'après ce que j'ai pu comprendre, assez stricts et conservateurs ?

- Je suis là, bonne nuit tout le monde. Bonne nuit papa. nous dit ma fille en faisant rapidement un bisou à tout le monde, bien trop pressé d'avoir son histoire.

Quand elle arrive près de moi, elle monte sur mes genoux pour me prendre dans ses bras. Je n'ai même pas le temps de profiter de ce câlin qu'elle saute de mes jambes pour aller chercher la main d'Alvia et l'amener jusqu'à sa chambre.

- Elle te plaît. affirme Eliaz, un large sourire sur le visage.

- Je ne sais pas si elle me plaît ou si c'est sa façon de s'occuper d'Evana qui me plaît.

Libère moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant