Libère moi

Epilogue 1

6 mois plus tard.

Nous venons à peine de déposer les derniers cartons dans notre nouveau chez nous, le soleil est déjà couché depuis de longues heures, mais nous venons seulement de vider la dernière voiture ayant servit au déménagement. Nikolai, Luciana et Evana sont déjà installés dans notre salon, épuisés par ce déménagement.

Un appartement plus grand que l'ancien. Un endroit ou nous pourrons vraiment être une famille. Après plusieurs mois de réflexion, Adagio et moi avons décidé de reprendre complètement Evana. Nous avions déjà commencé dans l'ancien appartement en allant la chercher le jeudi au lieu du vendredi et en l'accompagnant à l'école le lundi matin.

Nous nous installons à notre tour dans le fauteuil à gauche de celui où sont installé nos invités. Evana vient s'asseoir sur mes genoux. Elle se tortille, signe qu'elle doit nous demander quelque chose.

Depuis quelque semaine, je vois qu'elle est stressée, surtout en présence de son père. Elle ne veut rien dire à personne et garde tout dans sa petite tête. Je vois Luciana lui faire un sourire et je comprends qu'elle s'est confiée à elle.

Elle doit sûrement demander quelque chose à son papa.

- Papa, je peux demander quelque chose ? Lâche-t-elle, la voix tremblante.

Adagio tourne sa tête vers elle et il lui sourit pour l'encourager à parler. Sa main, qui était dans mon dos, se pose sur les jambes de sa fille. Elle a toute son attention, pourtant rien ne sort de sa bouche.

- Maintenant qu'on va tous être ici... Et que j'ai attendu comme Alvia me la dit...

Tout fait sens dans ma tête, je sais exactement ce qu'elle va demander. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, attendant qu'elle termine sa phrase. Elle joue avec ses doigts pour éviter de regarder son père, que je fixe. Je veux voir l'expression sur son visage. Je ne veux pas qu'il se sente obligé d'accepter pour nous faire plaisir.

- Je voudrais appeler Alvia Maman. Marmone-t-elle entre ses dents.

Elle relève ses yeux vers Adagio qui n'a pas bougé d'un poil. Son expression n'a pas changé, il semble figé. Son regard s'ancre dans le mien, y cherchant mon approbation. Je lui souris nerveusement. J'aimerais qu'il accepte, mais est-ce que ses démons le laisserons faire ?

Est-ce que le souvenir de Lyane le laissera lâcher prise ?

- Si Alvia est d'accord, alors je le suis aussi. Répond-t-il après quelques secondes de réflexion, un sourire étirant ses lèvres

Il veut bien ? Il a vraiment dit oui ?!

Evana se retourne vers moi et se jette dans mes bras. J'enroule mes bras autour d'elle et la sers si fort que j'ai peur de la casser. Mon cœur est gonflé de bonheur. Je la considérais déjà comme ma fille, mais savoir qu'Adagio est d'accord qu'elle me considère comme sa mère me réjouis au-delà du possible.

- Je peux enfin t'appeler Maman.

Je décolle son corps du mien et plaque mes lèvres sur son front. Les bras d'Adagio viennent s'ajouter à notre étreinte.

- Il était temps que tu dises oui, mon fils. Le taquine, Nikolai le père d'Adagio.

Il se détache de nous et part enlacer ses parents, qui nous ont énormément soutenus et aidés ces six derniers mois. Ses parents qui ont été plus qu'un soutien dans sa vie. Ils lui ont sauvé la vie ainsi que celle de leur petite fille. Pendant cinq ans, ils se sont occupés de cette petite fille merveilleuse, l'éduquant et la couvrant d'amour. Nous n'en serions pas là, si ils n'avaient pas fait autant pour les personnes qui partagent aujourd'hui ma vie.

Nous avons passé la soirée à discuter en buvant de la bière, refaisant le monde, mais surtout réfléchissant au meilleure agencement pour l'appartement, qui ressemble actuellement plus à un champ de bataille, qu'à un logement décent. Evana s'est endormie dans les bras de son père en milieu de soirée. Elle semblait si confortable que nous n'avons pas eu le courage de l'amener dans sa chambre. Mais quand je la vois se tortiller, je me dis qu'il est peut-être temps pour elle de passer sa première nuit dans sa nouvelle chambre.

- Je vais aller la mettre au lit. Annonce-je à Adagio en prenant Evana dans mes bras.

Je la dépose délicatement dans son lit, embrasse son front comme je le fais tout les soirs, mais lorsque je m'éloigne d'elle, je croise ses yeux à peine ouverts qui me fixent.

- Maman, tu sais, je crois que c'est la plus belle journée de ma vie. Marmone-t-elle, à moitié réveillée.

Maman...

Elle la dit plusieurs fois pendant la soirée, mais il me faudra du temps pour m'y habituer. Je lui refais un bisous sur le front avant de me diriger vers la porte, le sourire au lèvres. Je crois que c'est l'une des plus belles journées de ma vie aussi...

- Repose-toi, on a une chambre de princesse à décorer demain, ma fille. Ajoute-je.

Elle me sourit avant d'enfouir son visage dans les couvertures, la joie illuminant son visage. Cet appartement et cette nouvelle vie seront parfaits pour elle. Elle fait sa rentrée en primaire cette année et donc change d'école. C'est une nouvelle partie de sa vie qui s'ouvre à elle, et elle pourra l'entamer dans les meilleurs conditions possibles, au côtés de son père et de celle qu'elle peut maintenant appeler sa mère...

Les parents d'Adagio sont partis tard dans la nuit, nous laissant seulement quelques heures de repos devant nous. Installés dans le fauteuil, nous observons tous les cartons qui nous entourent. Du coin de l'oeil, je peux même voir le matelas qui n'a pas eu le temps de prendre sa forme définitive. Voilà pourquoi nous nous retrouvons à dormir sur le canapé pour notre première nuit dans notre appartement. Après, je ne vais pas me plaindre d'avoir à passer la nuit blottie dans les bras musclés de mon libraire.

- Je ne pensais pas que tu dirais oui quand j'ai vu ton visage. Confie-je à l'homme dans mon dos.

- Je n'avais aucune raison de dire non. Lyane ne m'empêchera plus d'être heureux.

- Ça l'air d'aller mieux, d'ailleurs. Tu as de moins en moins de mal à en parler.

Il embrasse l'arrière de mon crâne en guise réponse, et je n'ai pas besoin de plus. Même si il ma expliqué toutes l'histoire il y a quelques mois, il n'évoque que très peu Lyane dans la vie de tout les jours. Petit à petit, il fait le deuil de cette relation qui la détruit. Il apprend à vivre sans elle, sans les traumatismes qui ont suivi son départ. Après ce qu'il a vécu, il ne peut qu'être fière du chemin qu'il a parcouru, et qu'il parcouru toujours. Il a fait de son mieux à chaque instant, depuis qu'il s'est retrouvé seul avec une petite fille sous sa garde, jusqu'à maintenant.

Il a été parfait.

Il est parfait.

Pour Evana et pour moi...