Chapitre 19 : Alvia

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Mes yeux s'ouvre difficilement, encore gonflés par les larmes que j'ai versées ce matin. Les rideaux sont tirés, mais ils n'empêchent pas la lumière d'éclairer faiblement la chambre d'Adagio. Assise sur le lit, j'inspecte chaque partie de mon corps douloureux : des ecchymoses recouvre presque chaque centimètre de peau que j'ai sous les yeux. Il faudra du temps à mon corps pour guérir, beaucoup de temps... Et je n'ose même pas imaginer le temps qu'il me faudra pour soigner tous les traumatismes qui ont dû se nicher dans mon cerveau...

Péniblement, j'arrive à tenir sur mes deux pieds. Un coup d'œil au réveil m'indique qu'il est presque seize heures. Evana devrait déjà être là, pourtant c'est un calme plat qui règne de l'autre côté de la porte fermée.

J'ouvre la porte, m'attendant à être seule, mais je sursaute en voyant ma mère assise dans le fauteuil. Un sourire vient étirer son visage, même si son regard ne me renvoie que de la peine et de la pitié...

- Ma fille, comment te sens-tu ?

- Tu m'as fait une peur bleu. Adagio et Evana ne sont pas là ? demande-je, en les cherchant dans le séjour.

- Il est parti la chercher. Il n'a pas vu le temps passer.

Adagio en retard pour aller chercher sa fille. C'est une grande première. J'imagine déjà la petite fille en train de s'énerver sur son père.

- Tu souris, ça fait plaisir à voir.

Sans m'en rendre compte, un sourire est venu égayer mon visage.

- J'imagine Evana s'énerver. Il va la chercher vers treize heure d'habitude.

Ma mère me sourit tendrement. Je suis soulagée qu'elle ait accepté de suivre Adagio et qu'elle ne soit pas restée avec mon père, qui lui aurait fait payer toutes mes erreurs. Au moins, elle est en sécurité ici jusqu'à ce qu'elle se sente prête à rentrer chez elle et à faire face au monstre en personne. Elle ne quittera jamais mon père, alors tout ce qu'elle peut faire, c'est attendre que la tempête passe pour retourner à ses côtés, et tout ce que je peux faire, c'est la protéger pendant ce temps-là. Parce que, même s'ils savent où Adagio habite, aucun des deux hommes n'est venu nous chercher. Est-ce que j'aurais enfin gagné la guerre ? Est-ce que tout est vraiment fini ? Qu'est ce que j'aurais fait si mon prince charmant sur son cheval blanc n'était pas venu à mon secours...

Adagio, m'a sortie de là... Il est venu...

Il a affronté mon père et Marek sans hésiter, sans faiblir. Il m'a sorti de là à une vitesse incroyable, j'en ai encore la tête à qui tourne rien que d'y penser... Il n'a pas réfléchit avant de retourner à l'intérieur pour sortir ma sœur et ma mère de cette maison de l'enfer. Il savait que je ne le laisserais pas m'emmener en sachant qu'elles pouvaient être en danger...

Tout s'est passé si vite que je peine à prendre conscience que tout est fini... J'ai affronté mon père... Je lui ai fait mes adieux... Pour toujours... A partir de maintenant, je n'ai plus de père...

Je n'ai pas pu faire mes adieux à Marek, bien trop plongé dans son sommeil sur le sol du salon, mais je sais que le jours viendra ou il faudra que je l'affronte lui aussi. Rien que de penser à l'avoir en face de moi, mon corps ce couvre de frissons. Chaque partie de mon corps se souvient des abus qu'il a subis, chaque fois qu'il m'a touchée alors que je me débattais, chaque fois qu'il a franchi la ligne de non-retour et que je me suis mise à hurler de toute mes forces. « Excuse-moi, Alvia, je suis désolé », « Je n'ai pas le choix, il faut que tu tombes enceinte », « Je ne te laisserai pas gâcher tout ce qu'on a construit », « Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu ne puisses pas adopter cette orpheline ». Les phrases qu'il me répétait tourne en boucle dans ma tête, comme un disque rayé qu'on ne peut pas enlever de la radio.

Libère moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant