Chapitre 13 : Alvia

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La journée de travail me semble interminable. Adagio m'a déposé au travail ce matin et je n'ai plus de nouvelle de lui depuis, même pas un petit message pour me dire s'il est bien vivant ou s'il compte me ramener chez moi ce soir. Rien, silence radio complet.

Nous avons passé la matinée dans les bras l'un de l'autre, sur un petit nuage que rien ne pouvait venir perturber. Evana n'était pas en reste, blottie entre nous, elle n'a pas cessé de nous demander si nous allions dormir ensemble toutes les nuits parce qu'elle aime beaucoup venir se glisser entre nos bras. Aucun de nous n'a eu le courage de lui dire que cette situation ne risque pas de ce reproduire autant de fois qu'elle le souhaite. Mais malgré cela, et pour la première fois, nous avons décidé de profiter du bonheur que nous apportait ce moment le plus longtemps possible.

Malgré toute cette joie, je n'ai pas oublié le plus grand problème qui me fait face : j'ai un copain et je ne dois jamais l'oublier. Je vais sûrement finir mariée avec lui, même si c'est un mariage forcé. Je ne vois pas comment je pourrais échapper aux ordres de mon père. Je sais que le bonheur que je vis avec Adagio est éphémère, mais j'ai envie d'en profiter au maximum, tant que je ne suis pas encore emprisonnée dans la prison dorée qu'est le mariage.

Marek ne m'a presque pas donné de nouvelles du week-end d'ailleurs. Il m'a rapidement appelée ce matin pour me dire que nous allions sûrement aller manger ensemble, mais qu'il fallait qu'il voit avec le travail. Il ne m'a pas demandé comment j'allais, ni si je voulais sortir. Il vient, il impose et je dois me plier a ses exigences. Je n'en peux plus de cette relation qui ne me convient pas...

Mon téléphone vibre dans ma poche, un appel de mon père s'affiche sur l'écran, ce qui n'est jamais bon signe. Il ne me téléphone jamais, sachant très bien que tous nos échanges se finissent par des éclats de voix plus que virulents. C'est ma mère qui s'occupe de ça d'habitude. L'envie d'ignorer l'appel se fait ressentir, mais ça ne m'apporterait que des problèmes.

- Allô, Papa ?

- Nous allons au restaurant ce soir. Tu es assez bien habillé ? Marek passera te chercher.

- Oui je suis en tailleur. À ce soir.

Il raccroche directement après ma phrase. Un restaurant avec mon père et Marek ? Ça sent très mauvais cette histoire. Ils veulent me coincer dans un espace public pour que je ne puisse pas me dérober à la mention du mariage. Est-ce qu'après tout le temps que Marek à passé seul avec ma père, il se serait rangé de son côté ? Je ne pourrais jamais lui pardonner une trahison pareil !

Ou alors ils savent pour Adagio ? Non, la bombe ne peut pas exploser aussi tôt, ils vont forcément me parler du mariage. Mon père n'irait jamais me parler de mon infidélité dans un lieu public. Enfin je crois ?

La journée passait déjà lentement, mais j'ai bien cru que 19 heures n'arriveraient jamais, dans un sens, j'aurais préféré que ce soit le cas... Silvan me fait signe en allant vers le parking un peu plus loin que la boutique. Je remarque la voiture de Marek garée en face de moi. Ces phares m'agressent la rétine quand je me rapproche. Je rentre du côté passager et me penche pour l'embrasser. Rien à signaler, il m'embrasse en retour comme il a l'habitude de le faire.

Ce baiser n'a rien avoir avec celui échangé hier avec Adagio. Il est habituel, sans sentiments et dénué de sens, comme si on était obligé de s'embrasser parce qu'on est ensemble. Cette constatation me retourne l'estomac... Je ne suis plus amoureuse de Marek... Pourquoi est ce que je ne prend pas mes jambes à mon cou ? Pourquoi je n'arrive pas à rompre avec lui malgré toute la bonne volonté dont je sais faire preuve ?

Marek tousse à mes côtés, sûrement pour attirer mon attention, mais il ne dit rien. Je vais essayer de faire la conversation, surtout pour me détendre avant de vivre ce qui je pense sera l'une des pires soirées de ma vie.

Libère moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant