Des nuits et des jours ont passé depuis qu'elle est arrivée chez moi.
Dix jours pour être exact.
Les ecchymoses sur son corps ont soit disparu, soit pris une teinte jaunâtre. Les tremblements ainsi que la tétanie qui se déclenchaient à chaque fois que je la touchais se sont volatilisés. Même si elle est a l'aise avec moi, je vois son corps se tendre à chaque fois que la porte d'entrée de la librairie s'ouvre. Quand elle a voulu reprendre le travail, nous avons passé la soirée à peser le pour et le contre. Elle a fini par me convaincre que c'était une bonne idée, mais quand je vois ses traits angoissés dévisager chaque personnes qui ose mettre le pied à l'intérieur de la librairie, je me dis qu'elle a peut-être voulu aller trop vite.
Il y a trois jours, après sa première journée, elle m'a confié avoir peur qu'ils reviennent la chercher à la librairie. Je l'ai rassurée en lui disant que nous faisions pratiquement les mêmes horaires et que Silvan était au courant d'une partie de histoire. Si je ne suis pas la, il la protégera à ma place. Elle n'a aucune raison de se mettre dans cette état alors qu'il n'y a pas plus de risque à être chez moi que là-bas. S'ils voulaient vraiment la récupérer, ils n'auraient pas hésité à défoncer ma porte le soir même ou je l'ai emmenée.
Allongés sur le canapé, nous profitons du calme après une longue journée de travail. Alvia est allongée entre mes jambes, la tête tournée vers la télévision qui diffuse l'une de ses télé-réalité qu'elle aime tant. Sa tête posée contre mon torse se soulève au rythme de mes respirations, mais ça ne semble pas la déranger. Je m'amuse à enrouler ses cheveux autour de mes doigts. De temps en temps, un petit grognement sort de sa bouche quand, par mégarde, je tire sur ses cheveux.
Les cadavres de notre repas traînent sur le sol et sur la table du salon, aucun de nous deux n'ayant la motivation de tout ramener à la cuisine. Il sera encore temps de ranger tout le bordel qui règne ici quand nous irons dormir. Mon appartement à déjà vu des jours meilleurs, mais pour la première fois je m'y sens bien. Je m'y sens chez moi. Des vêtements traînent par-ci par-là, des sacs d'affaires que nous n'avons pas eux le courage de ranger. Mais c'est tout ça qui rend cette espace si vivant, si agréable. En plus de la petit tête qui gigote en grognant sur moi. Je dépose un rapide baiser sur le haut de son crâne, comprenant que j'ai encore dû lui faire mal.
Sa sœur s'est occupée de rassembler toutes ses affaires et de les amener ici. Alvia lui avait fait une liste de ce qu'elle voulait absolument, en disant qu'ils pouvaient jeter, vendre ou donner tout ce qui n'était pas dessus. Nous avons déjà rangé une grande partie, mais je n'ai pas assez de place pour tout caser, même si elle n'a pas ramené grand-chose. Sauf cette montagne de vêtement qui a bien faillit m'envoyer à la morgue. C'est d'ailleurs mon armoire qui n'est pas loin d'aller à la décharge tellement elle souffre de tout le poids qui s'y trouve.
Aujourd'hui nous sommes allés chercher Evana ensemble avec Alvia, directement chez mes parents. Le soleil allait bientôt se couché et c'était déjà l'heure pour Evana de dormir, mais je voulais qu'Alvia rencontre mes parents rapidement avant de faire les présentations officielles en temps voulu. Enfin, c'est surtout ma mère qui n'en pouvait plus d'entendre Evana parler d'elle, s'en jamais la voir. Je lui ai pourtant envoyé un nombre incalculable de photos de la jeune femme que j'ai prise à son insu, mais ce n'était jamais assez.
Alors j'ai fini par craquer, quand nous sommes arrivés, Evana était folle de joie, ainsi que ma mère. Alvia a parlé quelque minutes avec ma mère alors qu'Evana lui chuchotait des choses à l'oreille. J'ai vu les sourcils d'Alvia se froncer en disant à ma fille qu'il ne fallait pas faire ça. Et puis tout c'est enchaîné, Evana s'est mise à pleurer, à hurler même. Elle ne voulait pas venir avec nous. Elle voulait rester chez sa mamy. Elle disait que ce n'était pas juste qu'elle ne pouvait jamais aller se balader avec mon père en forêt parce qu'il y allait le dimanche, et tout un tas d'autre chose, qui nous a finalement obligés à la laisser derrière nous.
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Libère moi
RomanceAprès ses études Alvia commence enfin à faire le travail qu'elle a toujours voulu. Elle a tout pour elle : Un petit ami, Un travail, Une famille, Une vie parfaite, C'était sans compter l'arrivé d'Adagio son collègue de travail un peu trop froid.