𝟐𝟗

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Kemel : Écoute-moi. Après t'avoir frappée, je suis allé chez une femme. Elle s'appelle Keyna. On s'est rencontrés et on s'est rapprochés... et un jour, on a couché ensemble. Malheureusement, elle est tombée enceinte de moi. Elle refuse d'avorter, alors que je ne me sens pas prêt à être père. Elle m'a menacé en disant des trucs comme "regarde ce que je vais faire, t'es pas prêt." C'est elle qui m'a appelé quand on était au restaurant. Je te dis tout ça parce que je veux que tu l'entendes de moi, pas d'un autre. J'ai fauté, j'assume, et je regrette sincèrement de t'avoir frappée. Wallah, Tasnime, je te demande pardon.

Kemel s'excuse, ses yeux semblent sincères.

Moi : Mais je rêve, là ? T'es sérieux, Kemel ? Non seulement tu m'avoues ça en face, mais en plus, t'oses dire que tu regrettes ? T'as pas honte ? Je veux plus être avec toi. Tu me dégoûtes. Dès qu'on rentre en France, je demande le divorce. Je sais pas pourquoi je suis encore avec toi. T'es un homme sans cœur, un lâche. Un homme qui mérite même pas de vivre ! Comment tes parents ont pu te garder ?

Mes mots sortent sans que je puisse les contrôler, la colère m'envahit complètement. Je vois dans son regard qu'il est blessé, mais il cache ses émotions, comme toujours.

Kemel : De toute façon, tu peux pas divorcer. J'ai déjà donné l'argent à ton père, et il a accepté que je me marie avec toi. Alors maintenant, tu fermes ta putain de gueule et tu fais ce que je te dis.

Moi : Je t'écouterai jamais. T'es rien pour moi. Un inconnu qui a volé mon consentement et ruiné ma vie.

Kemel ne répond pas, son visage se ferme.

Moi : T'es qu'un violeur, un monstre. Un homme qui mérite de disparaître depuis longtemps.

Je vois ses yeux devenir rouges, comme s'il luttait contre ses propres démons.

Moi : Je veux plus être mariée à un homme qui ne respecte pas la femme.

Kemel : Tu divorceras pas.

Sa voix est basse, presque tremblante.

Moi : T'as pas à me dire ce que je dois faire.

Kemel : Tu divorceras pas, point.

Moi : Bonne nuit.

Kemel : Ouais, ouais.

Je me retourne, lui tournant le dos, et ferme les yeux. Kemel s'endort rapidement, mais moi, je passe une grande partie de la nuit à réfléchir, incapable de trouver le sommeil. Les pensées tourbillonnent dans ma tête.

Le lendemain matin, je me réveille sans difficulté. Après m'être brossé les dents et lavé le visage, je m'habille d'une abaya, mon voile enroulé autour de mes épaules, prêt à être porté au cimetière. En descendant, je croise ma mère, qui me dévisage d'un regard sévère. J'essaie de l'ignorer et de grignoter quelque chose, même si je n'ai pas faim. Un jus d'orange, rien de plus.

Quelques minutes plus tard, tout le monde est rassemblé dans le salon. L'atmosphère est lourde, personne ne parle. Je sens un nœud dans ma gorge, une envie irrépressible de pleurer. Kemel me jette des regards de temps en temps, mais je fais tout pour l'éviter. Tarik est debout à côté de lui, silencieux, comme une ombre protectrice.

Mon oncle : On doit y aller.

Je redoute ce moment...

Kemel : Allez, on sort.

Nous montons tous dans les voitures. Je me retrouve à côté de Tarik et de Marwa dans la seconde voiture. Kemel est au volant, et je sens son regard sur moi dans le rétroviseur, mais je refuse de le regarder. Les larmes commencent à couler sur mes joues.

Liés à Jamais: une histoire d'amour inaltérableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant