Chapitre 12 **

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— Laisse-moi tranquille, casse-toi vite, menacé-je. Pourquoi tu fais ça ?

— Parce que t'en as envie aussi. Ta bouche, tes seins, ton petit sourire, j'ai eu envie de toi toute la soirée.

Les images se remettent en place dans ma tête. Sa fausse douceur n'était qu'une étape de sa manœuvre préméditée ? Et tout cet alcool qu'il nous a servi ?

Ce qu'il ne sait probablement pas c'est que je suis nettement moins ivre que je ne devrais. Un verre renversé et deux autres que Valentin a bu pour moi, j'ai consommé la moitié de ce que Tony croit.

Cet avantage m'octroie comme un shoot d'énergie. La fatigue fait une pause, mon esprit tourne à plein régime. Il s'attend donc à ce que je baisse ma garde et à profiter de mon ivresse. Et bien non. J'ai non seulement une conscience bien claire, mais je me souviendrai de tout. Tout. Une pensée idiote s'impose à moi. Elle est rapide et confirme tous mes doutes à son sujet. Fabien ne m'a jamais laissée seule avec Tony et il y avait une raison. Ou peut-être pas.

À présent, il m'enserre dans ses bras et je sais qu'il aura le dessus quoi que je tente. C'est un golgoth lui aussi, et il en profite. Je tente tout ce que je peux pour ne pas verser dans la catégorie irréversible de la victime.

Dans un ridicule effort, je pousse sur mes bras et éloigne ma tête de lui tant que je peux alors qu'il s'avance pour m'embrasser.

— Arrête, putain ! Dégage maintenant ! osé-je enfin hurler.

— Ho, fais pas la mijaurée, je sais que t'en veux ! Ça doit bien te manquer un peu, depuis le temps !

— Je vais t'aider à mieux comprendre, fils de pute ! résonne la voix d'Ulrik derrière nous.

Je la reconnais tout de suite, et si elle me faisait déjà de l'effet, ce soir c'est une mélodie libératrice et héroïque qui me soulage d'un coup.

Je suis sauvée.

Avant que Tony ne puisse dire quoique ce soit, Ulrik l'a attrapé et le pousse violemment après lui avoir assené un coup de poing dans le visage.

Prostrée contre l'arbre, je ne peux qu'être témoin de cette scène terrifiante, teintée de justice et de chance.

Tony roule sur le côté et se relève, le regard noir, prêt à en découdre. Il s'abat sur Ulrik, frappant de ses poing avec une force glaçante. Ce dernier réplique sans hésiter.

Impuissante et apeurée, j'assiste à un combat de titans, sous les hurlements d'effrois d'un chihuahua qui d'un coup, voulant porter assistance à son maître, se rue dans la mêlée. Porté par le courage de sa loyauté, il attaque la botte de Tony en grognant. Le chassé qui le fait rouler bouler dans ma direction ne semble pas l'arrêter. Sans réfléchir, je l'intercepte avant qu'il ne prenne un coup qui, vue sa taille, pourrait lui être fatal.

Le temps s'étire, les secondes me semblent interminables.

Je ne peux pas aider Ulrik, je ne peux rien faire de plus que le regarder prendre autant de coups qu'il en donne. Mon corps se tend et j'échappe un cri à chaque fois que Tony frappe.

Les sons de cette altercation ont heureusement réveillé les vacanciers et, avec difficulté, les deux géants sont séparés.

L'événement a ameuté beaucoup de monde, dont Valentin et Majid qui, incrédules, viennent récupérer un Tony déchainé. Lui, les yeux injectés de sang, porte un regard terrifiant sur Ulrik. Seule la force de ses amis l'empêche de retourner en découdre.

Finalement, un des organisateurs demande aux intrus de quitter les lieux, les menaçant d'appeler la police.

— Ça va pas en rester là, Ulk ! Je te retrouverai ! Je vais te défoncer ! gueule-t-il, maintenu par ses deux amis.

Ulrik, sans le quitter des yeux, ne répond rien.

Une main sur son épaule tuméfiée et un sourire narquois au bord des lèvres, il le laisse s'époumoner en s'éloignant.

Au bout de quelques secondes, les insultes hurlées par Tony ne sont que de vagues sons en écho au loin. Cet instant m'a paru durer des heures. Mon cœur bat à tout rompre et je suffoque presque.

Sans réfléchir, je me précipite sur Ulrik, à la fois reconnaissante et honteuse qu'il se soit trouvé dans cette situation par ma faute. Pour la première fois, je le prends dans mes bras et le serre aussi fort que je peux. J'ai eu si peur.

Sa main s'étale dans mon dos et me plaque contre lui. Il semble respirer aussi vite que moi.

—Oh mon dieu, bredouillé-je ma joue contre son torse, comment tu te sens ? T'as mal ? Je peux te conduire aux urgences...

Dans mon dos, je sens la caresse réconfortante d'Ulrik me répondre en premier.

— Non, c'est un peu douloureux, mais ça va aller.

Après LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant