Chapitre 16 *** (TW +16)

25 8 6
                                    


Il revient avec nos consommations et, après cette révélation, je l'admire d'autant plus.

Cet homme, dont je perçois la beauté intérieure, aussi intense que l'extérieure, est entré dans ma vie d'une drôle de manière, et a tout bouleversé sur son passage. Tatoué sur tout le corps et coiffé à la hipster, bien plus grand que moi et sculptural, il n'était pas le genre d'hommes que je côtoyais. Rien ne nous prédestinait, sans nos drames respectifs, nous ne nous serions probablement jamais rencontré.

Mais la vie a décidé que nous étions liés et que nos sentiments seraient la solution.

Aurais-je pensé tout haut ? Ce regard, c'est comme si Ulrik avait tout entendu. Ses yeux me brûlent et me cajolent comme toujours, néanmoins cette fois-ci, les miens lui répondent. Il semble troublé, c'est flatteur.

Marina rentre se coucher la première, car elle le dit, plus elle tarde et plus sa nuit de sommeil se réduit comme peau de chagrin. Mon neveu se réveillera tôt quoiqu'il arrive, sans aucune pitié pour la vie sociale de sa maman !

Commenter notre journée après son départ n'est qu'un prétexte pour gagner du temps avant de peut-être me lancer, et lui dire ce que je ressens pour lui, à présent que nous sommes seuls. Je tâche de garder l'air concentré mais en réalité, je n'entends rien de ce qu'il raconte, parce que je cherche la meilleure façon d'aborder le sujet. Pourtant, quand le moment propice se présente, je me dégonfle.

— Ulrik, je...

Son regard s'adoucit. Concentré sur moi et moi seule, son intérêt est un frein à mon audace.

— Je... J'aime Glaçon, m'écrié-je, déviant le sujet de ma pensée au dernier moment.

Son sourire toujours plus grand et ses yeux plissés accentuent mon embarras. Et comme si cela ne suffisait pas, j'ai chaud. Je suis certaine d'être rouge comme une tomate.

Conscient de ma difficulté – dans laquelle je me suis fourrée toute seule – il m'invite à déposer mes deux mains dans les siennes, en geste d'apaisement. Sans un mot et sans me lâcher du regard, il les porte à ses lèvres, puis les embrasse. Ce simple geste enflamme quelque chose en moi. Nous restons ainsi pendant plusieurs minutes, laissant nos yeux parler à nos places.

Comme souvent, il me raccompagne à pied. Nous avons un beau mois de septembre et il fait encore doux à cette heure-ci. Arrivés devant chez moi, alors qu'il s'apprête à m'embrasser, je le stoppe.

— J'ai pas envie que tu t'en ailles ! Je suis prête, annoncé-je.

Une fois de plus, ça n'est pas tout à fait comme cela que je voulais le dire, mais je ne suis plus à un embarras près. Son air surpris et ses grands yeux écarquillés pourraient-ils signifier qu'il n'a pas entendu ?

— J'ai pas envie que tu t'en ailles, répété-je avec assurance cette fois-ci. Tu montes avec moi ?

Il ne dit rien, mais son sourire s'agrandit : il a capté le message.

Dans l'ascenseur, nos corps s'embrasent, et chacun est l'étincelle de l'autre. Mes mains, culottées, passent sous sa chemise, son torse musclé se dessine sous mes doigts, tandis que mes lèvres goûtent à la peau de son cou. Douce friandise. À deux doigts de le dévorer, je suis stoppée par le signal d'arrivée à mon étage.

Aller jusqu'à ma porte, l'ouvrir et la refermer m'a paru durer des heures.

Ça y est, nous y sommes.

Pendant quelques secondes suspendues dans le temps, nous nous toisons, essoufflés et affamés. Tant de pensées me parcourent. Elles mesurent l'instant, elles en savourent les émois, elles anticipent une satisfaction. Une nouvelle étape.

Après LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant