Chapitre 14 *, **

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Nous retournons au camp en fin d'après-midi. Chamboulée par ce moment et un peu perdue, je reste silencieuse. Il a essayé de m'embrasser, j'en suis – presque – certaine. Je le croyais pourtant intéressé par une autre fille. Je me refuse à croire qu'il a seulement profité du moment. Alors peut-être en fin de compte que j'ai mal compris ? Il ne s'avançait peut-être que pour mieux voir.

Ulrik ne semble ni vexé ni déçu par mes réactions, et cette attitude confirme ma théorie.

Je l'observe, tandis qu'il tente d'attraper son chien avant d'arriver au parking et soudain, l'idée de me retrouver seule ce soir ne me plait pas du tout.

— Tu as encore un peu de temps ? demandé-je dans son dos.

— Que proposes-tu ?

— Heu... hésité-je, consciente d'un coup que j'ai proposé sans la moindre idée.

— Que dirais-tu si je t'invitais à dîner ? Tu trouveras encore un peu d'appétit, tu crois ?

J'accepte. Non je n'ai pas faim, mais n'importe quelle proposition est bonne du moment que c'est en sa compagnie.

Je prends quelques minutes à me doucher, à choisir une belle tenue, à mettre du parfum, à m'apprêter. Je me rends compte de ce que je fais, mon mascara en main. D'instinct, j'ai eu envie de me sentir belle pour lui. Ce comportement me fait sourire, il n'est qu'un autre symptôme de ce que représente cet homme pour moi.

Quand je le rejoins, je réalise, à la puissance de son parfum et à la belle chemise qu'il porte, qu'Ulrik a eu le même réflexe. Nous nous admirons l'un l'autre et il ne cache pas sa satisfaction de voir que je considère ce rendez-vous pour ce qu'il est.

Cette fois-ci, nous prenons sa voiture. Propre, rangée, loin de ma titine et de son inspiration bazar. Dans l'habitacle, nos parfums se mêlent en une effluve unique et enivrante.

Le cœur battant, j'ai la sensation de vivre dans un autre monde.

Après une courte demi-heure de route, nous nous garons enfin devant un chalet dont le rez-de -chaussée est un restaurant traditionnel.

Bien accueillis, dans une ambiance chaleureuse aux douces effluves de cuisine, une table nous attend.

D'abord rendus timides par la situation, nous restons sur des sujets faciles, nos chiens par exemple. Je pourrais être intarissable concernant les prouesses de mon cher Stark.

Je perçois cette difficulté à aborder quelques autres sujets, même si au fond de moi je trépigne. Le stress pèse sur mon estomac serré. Difficile de choisir sur le menu, mais je finis quand-même par me décider. Notre apéritif en main, nous trinquons aux choses simples, les yeux dans les yeux. Je n'ose pas commencer à aborder le sujet qui me turlupine car, encore une fois, la situation possède une double lecture, alors je plaisante avec lui.

— Bon, et maintenant que tu peux pas t'enfuir, lance-t-il de but en blanc. Tu veux en parler ?

Cette question me plonge le nez sur mon assiette dans laquelle je farfouille pour m'occuper tandis que m'assaillent mille pensées.

— Autant que tu le saches, les sujets difficiles, moi, je les enterre loin, loin, loin. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai mis tant de temps à me faire aider.

— C'est déjà bien d'en avoir conscience, rétorque-t-il.

— Je mets beaucoup trop de temps à me rendre compte et ça aussi c'est un problème.

— C'est ce que j'ai compris, effectivement, sourit-il.

Je relève la tête et trouve son regard, pétri de bienveillance, que je n'ai finalement pas si peur de soutenir.

Après LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant