Après Lui

Chapitre 11 *

La lumière et les vrombissements des motos ne me laissent aucun doute, les amis de Fabien sont déjà arrivés. Quand je leur adresse un signe de la main, ils viennent à ma rencontre. Chacun leur tour, ils me tendent leur poing que je checke, comme à l'époque.

— Dernier mot, amélia ? interroge Majid, Même si on roule doucement, tu ne veux pas faire un tour avec nous ?

— Mais t'es con ? intervient Valentin, elle n'aimait déjà pas ça avant, on va pas la forcer maintenant !

Ils s'en souviennent, c'est déjà ça. Je leur présente Ulrik, qu'ils saluent avec entrain.

Quand nous parlons d'entrer boire un verre à l'intérieur, je propose à Ulrik de nous accompagner.

— Tu as de la visite, je te laisse profiter, on parlera plus tard, on a le temps, n'est-ce pas ? sourit-il en me faisant une bise.

Je le regarde s'éloigner avec son chien avant de rejoindre les garçons.

Ce soir, il y a un peu de monde à la buvette.. La plupart des tables sont occupées mais nous en trouvons une sur le côté.

Tony revient avec une première tournée. Je remarque les filles qui se tournent à son passage, histoire de vérifier si l'arrière est aussi plaisant que l'avant. Alerte spoiler : oui. Cet homme est séduisant – de façade – et il le sait.

— Que de tentations ! claironne-t-il, en posant les gobelets sur la table.

— Hey ! Pense à Mélanie ! lui lance Valentin.

— Mais je suis sage ! Je suis un homme en couple et respectable maintenant !

Tous ensemble, nous évoquons le passé. Les moments forts, les moments drôles, les ratages.

Je ris, je m'attendris, découvrant cette facette de Fabien que je ne pouvais pas connaître. Ses peurs et ces appréhensions qu'il m'avait toujours tues. Ce cœur qu'il m'avait donné comportait donc des recoins secrets encore inexplorés.

Le jour de notre rencontre, il avait rapporté être entré en collision avec son avenir. Majid me narre la façon dont Fabien avait parlé de moi tout le reste de la soirée. « C'est elle, la femme de ma vie, je l'aimerai jusqu'à mon dernier souffle » avait-il scandé faisant fi des railleries de ses amis.

Et c'était vrai.

Un sourire étire mes lèvres à l'écoute de cette romantique pensée. Ça me fait plaisir de le savoir.

Nous abordons les instants drôles et les conneries qu'il avait pu faire dans sa vie.

La confiance que tous les gars avaient en lui.

— Fab' est le seul à qui j'ai laissé conduire Barbara ! ajoute Tony.

— Oh mon dieu, Barbara ! J'avais oublié le surnom de ta moto, ris-je.

Majid et Valentin partent dans un délire mêlant motos et femmes, dans des jeux de mots tous plus crus les uns que les autres. Mais Tony se tourne dans ma direction, silencieux et me scrute tandis que je m'esclaffe, me stoppant net. Sous le brouhaha des autres, le temps fait une pause tandis que nos regards se croisent. Il me fixe et m'étudie d'une manière qui me gène, alors je réagis : d'un geste je lui demande ce qu'il cherche.

— Je viens de prendre conscience de combien ce rire nous avait manqué, souffle-t-il. T'es merveilleuse, Amélia, quand tu ris.

Je lui réponds d'un sourire contrôlé, que je souhaite sans équivoque. Je n'ai jamais été dupe, avec Tony, il y a toujours un double sens : ce qu'il veut vraiment insinuer et une porte de sortie plus glorieuse pour lui en cas de rejet.