TW dans ce chapitre : comportement de gros FDP / agression
— ... Ce mec, Ulrik, c'est qui pour toi ? résonne la voix de Tony.
Perturbée par la cacophonie autour de moi, je n'entends distinctement que la fin de sa phrase. Je me décale avant de lui répondre, consciente que durant toute la soirée, il n'a fait qu'essayer de se rapprocher de moi. Son regard appuyé dans le mien est si intrusif, malaisant. Pourquoi me provoque-t-il toujours ces réactions ?
— Un ami, mens-je.
C'est à moi que je mens, pas à Tony, je m'en rends compte en le disant mais je me préoccuperai de cela plus tard.
Après plusieurs heures à boire et à discuter, je ne m'attendais plus à ce que ce sujet vienne sur le tapis. Ils se sont croisés furtivement et ont à peine échangé deux mots. Le fait même qu'il se rappelle de son nom relève du miracle.
Penser à Ulrik fait naître un sourire que je réfrène aussitôt, de peur qu'il soit mal interprété.
Minuit sonne, je suis déjà épuisée. Je n'ai pas abusé de l'alcool ce soir, pourtant il semblerait que cela soit suffisant pour me diminuer. À jeûn depuis midi, et puis l'euphorie de la soirée mêlée à toutes les émotions de la journée n'ont peut-être pas fait bon ménage avec les trois verres de ce soir. Voulant m'étirer, je renverse la totalité du rhum-coca que Tony m'a rapporté il y a quelques minutes. Hop, un verre de plus en moins ! Quand il revient chargé du reste des boissons, je n'ose pas le lui dire. Mon gobelet en main, comme si de rien était, je trinque avec eux.
Ma concentration diminue au point que je peine à suivre la conversation, même si certaines phrases de Majid me font encore pouffer. Ce gars est toujours aussi drôle.
De lentes inspirations me permettent de tenir, mais pour combien de temps.
Amélia, le dodo t'appelle, réponds-lui !
— Je vais aller me coucher ! annoncé-je en me levant. Merci pour cette bonne soirée les gars !
Nous nous saluons chaleureusement. Un petit vague-à-l'âme me saisit au moment où j'etreins Val et Majid. Leur « on se voit bientôt » ne sonne pas comme il le devrait à mes oreilles. En les quittant, c'est tout un pan de ma vie que je laisse dans le passé et je crois qu'il le savent aussi, même si les voir m'a fait autant de bien qu'à eux, j'en suis sûre.
— Ça va aller ? Tu vas pas te perdre ? taquine Majid.
—Tu rigoles ! Je ne suis pas bourrée, je suis fatiguée. Et mon lit, c'est comme le nord de la boussole, je sais toujours où il est ! Par là !
Je me fige, doigt pointé en direction de la buvette. Ma blague a son petit succès, les voici qui pouffent.
— Tony, raccompagne-la et après, t'iras chercher la remorque à l'hôtel, ok ? bredouille Valentin, passablement éméché.
— Excellente idée ! Un gentleman ne laisse pas une aussi jolie femme rentrer seule dans la foret !
— Attention aux loups ! plaisante Majid en me saluant d'un geste.
Le chemin en sous-bois n'est pas le plus rapide pour rejoindre mon logement, mais j'aime l'emprunter de nuit parce qu'il longe une mare où croassent des centaines de grenouilles. J'adore leurs mélodies.
Tony et moi nous y engageons au rythme de mes pas, peu assurés à cause de l'obscurité. Les éclairages solaires ont cet inconvénient, ils faiblissent sur la durée.
Ils étaient bien plus vifs lorsque j'ai déposé Stark il y a plus de deux heures.
Nous échangeons quelques mots au sujet de la soirée passée, rien de bien intéressant. À deux doigts de parler de la météo.
Mes pensées bouillonnent tandis que je visualise les grands axes de ma soirée, oubliant un instant celui qui avance à mes côtés.
— T'es toute seule ici, c'est fou, commente-t-il. Et personne pour dormir avec toi et te tenir chaud ?
Décidément, il ne changera pas. Résolue à ne pas rentrer dans son jeu je rétorque, sûre de moi :
— Pff ! Pas besoin !
— Moi, je t'accompagne si tu veux ?
Abasourdie et usant de toute l'énergie possible pour ne pas soutenir son regard, je continue de marcher, pourtant à l'intérieur de moi quelque chose s'est figé.
— Heu... Je ...
Estomaquée par sa demande et tout ce que cela signifie, mes mots se perdent. Mes sens se mettent en alerte au rythme glaçant de la chair de poule qui déferle sur ma peau.
Comme si c'était le moment, mon pied trébuche et Tony en profite pour s'approcher et m'entourer dans ses bras.
— Je vais t'aider un peu. Une jolie fille comme toi, faut pas l'abîmer. Tu sais ? J'ai bien vu comment il te désire le Ulk tatoué de ce soir.
Qu'est-ce qu'Ulrik vient faire dans l'histoire ?
— Je l'ai remarqué tu sais ? continue-t-il. Je dois avouer que... ça a titillé ma jalousie. J'aurai pas cru ! Il est grand, plutôt baraqu', mais moi aussi... Dis-moi Amélia, pourquoi chercher une pâle copie, quand tu peux avoir l'original ?
Je tente de m'extirper de sa désagréable étreinte, mais il me soutient avec fermeté, m'enfermant un peu plus dans son piège. Je suis si petite face à lui.
— Et puis, il ne te connaît pas comme moi je te connais, chuchote-t-il à mon oreille.
Cette phrase au ton calme et glaçant sonne le début de quelque chose de beaucoup plus grave et de beaucoup plus sérieux que ce à quoi il m'avait habituée. Qu'il fanfaronne, plaisante lourdement quand il y a un public autour ou devant ses amis est une chose.
Mais ici, il ne peut pas ignorer l'effet de ces mots sur moi qui suis seule, à sa merci. Aussi, je réalise immédiatement le danger qui se présente. Mon esprit réagit avec calme et explore toutes les solutions s'offrant à moi.
Ma peau frémit et mon cœur rate un battement tandis que je me tortille pour me soustraire à son emprise.
J'ai peur mais suis certaine d'une chose : je ne dois surtout pas me diriger vers mon mobil home. Les recommandations de ma mère, celles qui me rendaient dingue quand j'avais 16 ans, me reviennent en tête. Elles vont me servir, finalement. Il faut à tout prix rester dehors, où quelqu'un peut me venir en aide. Ma fille, ne souris pas, un sourire n'amadoue jamais, il consent.
De l'extérieur, je tâche de paraître impassible. Je m'arrête et feins de m'être trompée de sentier tout en esquivant son regard. Le danger est identifié, il n'y a aucun doute, pourtant je m'interdis de réagir.
Si je me défends, Tony pourrait-il devenir violent physiquement ? Qu'ai-je fait ou dit pour lui donner l'impression de vouloir ça.
Surprise par le sentiment d'impuissance et de honte qui m'envahit, je suis incapable de crier ou d'appeler à l'aide alors qu'il me plaque contre un arbre, sa main dégueulasse sous mon tee-shirt.
Ses doigts me font l'effet de lames qui entaillent mon âme. Sa chaleur me ronge. Je relève la jambe pour insérer mon genou entre nous et essayer de le pousser. De rage, Tony s'accroche à mon tee-shirt et en déchire une partie.
Non, c'est pas réel. Je suis complètement ivre, et j'hallucine, c'est bien cela ? Il ne peut pas faire ça. Tony, c'est un dragueur lourdingue, un don juan, mais pas un agresseur. Ou alors...
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Après Lui
RomanceIl y a plusieurs mois que la vie d'Amélia a explosé. L'amour de sa vie, Fabien, est décédé dans un tragique accident de moto. De lui, il ne reste que de fabuleux souvenirs et son énorme chien, Stark. Le temps passe, mais pour elle rien n'évolue. Ne...