•| 31|| L'Enfer c'est toi

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Inspiration.

Expiration.

Un pied devant l'autre.

Tu peux le faire.

Je peux le faire.

Je vais le faire.

Je serre la lanière de mon sac si fort dans ma main que j'en aurai probablement des marques en la relâchant. Baptiste pose un regard vif sur moi, fronce légèrement les sourcils avant de focaliser à nouveau son attention sur la personne en face de lui, qui me tourne le dos. J'ai peur. Mèches rousses, chemise noire. Rien ne le décrit mieux que cette couleur. Noir comme la nuit, comme l'ignorance, comme la haine et l'absence. Je déteste qu'il ne m'inspire plus que ça, maintenant. Je ne veux plus qu'il soit le noir qui m'effraie et me maintient au loin. Je veux qu'il soit la pénombre des nuits sous les étoiles, d'une chambre éclairée seulement par des bougies, de la rue sombre en fin de soirée. Le noir qui appelle la lumière à lui.

Deux pas. Je tire une chaise et m'y assois en silence. Plus une seule parole ne s'élève de leur discussion, qu'ils ont rompu en me voyant et entendant arriver. Alors que Baptiste me jette une nouvelle œillade, front plisse, son voisin d'en face fixe le vide devant lui, inexpressif. J'ai peur. Mon cœur palpite lentement, comme pour m'encourager dans ce que je m'apprête à faire. Je n'ai pas été aussi prêt de lui depuis une éternité.

— Je... crois que je vais partir, annonce Baptiste en attrapant ses affaires.

— Je te suis, enchaîne Brian et ce qu'il reste de mon cœur se fissure.

— Non, je crois que toi, tu vas rester ici, le coupe son ami dans son élan et le garçon aux lunettes sombres s'interrompt avant de pousser un soupir.

Lorsqu'il est sûr qu'il ne va pas bouger, le brun s'éloigne avec un petit hochement de tête d'encouragement dans ma direction. Imprévu, mais agréable.

Tu peux le faire.

— Tu voulais me parler ?

Sa voix est froide. Glacée. Je frissonne. Il me déteste. Je retiens un sanglot. Il veut être n'importe où, sauf ici. Je le sais. Son regard est toujours fixé droit devant lui, impassible. J'ai envie d'attraper son menton pour que ses yeux magnifiques croisent les miens, mais je crois que ça serait contreproductif. Alors je l'imite, croisant mes mains sur la table et murant mes prunelles dans un vide dans lequel je vois flou. Cette atmosphère, étrangement, me met en confiance et la force de prendre la parole m'envahit dans une douce chaleur se répandant dans mon corps entier.

— Il y a quelque chose que je dois te dire depuis un certain temps, et que je ne t'ai jamais vraiment avoué.

Je laisse planer le silence, lui offrant l'occasion de m'envoyer une réplique cinglante comme il à l'air d'en rêver depuis qu'il m'a vue m'installer sur la chaise voisine à la sienne. Il n'en fait rien, et je n'entends rien d'autre que sa respiration irrégulière.

— Mais d'abord, il faut que je m'excuse. Parce que j'ai été une personne horrible alors que ce n'était pas entièrement ta faute si je me suis blessée. J'ai très mal agi, j'en ai pris conscience, et je déteste la façon dont j'ai réagi. Je n'aurais pas dû te pousser à me récupérer par des cadeaux. Je n'aurais jamais dû te repousser quand tu as essayé de m'adresser de nouveau la parole. Mais tu n'aurais jamais dû te démener autant pour moi non plus. L'école Marius Petipa, sérieusement, B' ? Même moi je ne visais pas si haut ! Et bordel, j'ai été acceptée ? Tu leur as fait quoi pour que ça marche ?

Je me mords les lèvres et retiens la larme qui menace de rouler sur ma joue en gardant les yeux grands ouverts.

— Je sais que ce ne sont que des paroles en l'air et qu'après ce que je t'ai fait subir, tu auras sûrement du mal à réussir à croire des mots. Mais je suis déjà fière d'avoir eu le courage de venir te voir aujourd'hui afin de te parler. Et j'aime le fait que tu ne sois pas parti en courant, même si c'est probablement ce que tu meurs d'envie de faire.

Je plisse des paupières et la larme s'échappe. Un doigt se glisse sur ma joue et l'attrape délicatement. C'est comme si des milliers de papillons étaient enfermés sous ma joue et menaçaient de s'envoler en battant des ailes de toutes leurs forces. Son contact m'avait horriblement manqué.

— Tu es libre, maintenant, décrété-je, persuadée qu'il va s'enfuir dès ces paroles prononcées.

Au lieu de cela, je le sens changer de position à ma gauche pour se tourner vers moi. Je ne bouge pas, droite comme un i, mains jointes sur la table et regard trouble. Il entrouvre les lèvres puis les referme, comme s'il hésitait à dire ce qui s'apprête à sortir de sa bouche et qui fait battre mon cœur à toute allure lorsque cela en sort.

— Tu devais me dire quelque chose, après t'être excusée, je me trompe ? souffle-t-il et son haleine mentholée se cogne contre mon nez et mes joues, me faisant prendre conscience qu'il est très, très près.

Je me laisse retomber contre le dossier de la chaîne, décontractant tous mes muscles, paupières à présent closes. Il veut l'entendre, alors...

— Brian O'Connor, je t'aime depuis le jour où tu as commencé à me draguer dans cette ruelle alors que je n'avais rien demandé. Depuis ce soir, je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à ton sourire, qu'à toi, et c'est douloureux comme un poignard dans le cœur de penser que je ne te récupérerai peut être jamais car j'ai merdé, alors que je t'avais presque à moi toute seule. Depuis toi, je n'arrive pas à penser à personne d'autre, à rêver d'un futur où tu n'est pas avec moi. Je t'aime et je ne peux pas supporter de t'avoir près de moi et de ne pas pouvoir t'embrasser à t'en couper le souffle parce que nous sommes en plein milieu d'un self et que tu me détestes de t'avoir rejeté alors que tu es allé chercher la Lune pour moi. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé et j'ai terriblement peur de ne pas réussir à tomber amoureuse de quelqu'un d'autre que toi. Tu es mon enfer, la personne qui a fait du mal à ma meilleure amie, celui que je ne pouvais pas aimer... mais pour qui je suis tombée malgré tout. L'enfer, c'est toi, Brian.

C'est alors que je rouvre enfin les yeux. Il a retiré ses lunettes en verre glacé, je sais qu'il l'a fait pour moi, et je contemple comme si je les voyais pour la première fois ces yeux magnifiques et dépareillés qui sont sa signature. Une traînée mouillée coule sur sa joue depuis son œil vert, et ses deux prunelles me couvent d'un air si amoureux mais en même temps... Si désolé. Je comprends pourquoi quand il trouve assez de force pour balbutier :

— Je suis désolé, Théa. Mais je ne peux pas.

 Mais je ne peux pas

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L'Enfer c'est toi #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant