« L'amour interdit est souvent le plus fort,
car il doit surmonter des obstacles pour exister. »
Anonyme
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Théa n'a qu'une envie lorsque ses parents lui annoncent un nouveau déménagement : se perdre dans les îles Caraïbes où elle demeurait dans la...
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Je saisis une boîte de conserve d'une main tremblante et la dépose avec délicatesse dans le panier que je tiens à bout de bras. Maintenant que j'ai pris conscience que je dois impérativement oublier Brian, ma vie se résume à fuir lorsqu'il s'approche et tenter de continuer de flirter avec Nolan qui se rend bien compte que quelque chose me préoccupe. Je n'ai rien dit au premier, et il doit se poser un nombre infini de questions. Je m'en veux de le maintenir dans l'ignorance, je ferais mieux de lui dire ce qu'il se passe, tout comme j'aurais dû révéler la vérité à Luna depuis longtemps. Mais voilà : comme souvent, j'en suis incapable.
Mon sac déjà bien rempli, je me dirige vers le fond du magasin et les toilettes après etre passée à la caisse. Je m'enferme à l'intérieur, pose mes affaires sur le sol et regarde mon visage dans le miroir en passant les mains dans mes cheveux lâchés, formant un nuage de frisottis autour de ma tête. Lorsque le calme revient dans ma tête, de nombreuses minutes après, je pousse un soupir pour me donner du courage et ôte le verrou pour me retrouver face à mon ami maudit.
Je me mords la lèvre et il doit s'en rendre compte, vu son regard caché derrière des verres teintés qui se dirige vers ma bouche.
- Ça va pas la Miss ?
Il penche la tête sur le côté en me parlant et je secoue du menton, regardant autour de nous pour m'assurer que personne que je connais ne nous observe.
Face à mon silence, sûrement, il insiste en m'adressant un coup de coude insistant.
- Il faut qu'on parle, tous les deux.
- D'accord, j'acquiesce, puisque de toute façon, la conversation que nous devons avoir est inévitable.
Je désigne mes sacs d'un froncement de sourcils et il les prend à la main pour les emmener dans sa voiture, stationnée dans la lumière des lampadaires du parking. Une fois que je suis installée, ceinture bouclée, il se tourne pour me contempler, toujours lunettes sur le nez - enfin, c'est ce dont j'ai l'impression car il reste immobile.
- Tu peux m'expliquer ? souffle-t-il. Je comprends pas ce qu'il se passe.
- J'y arrive pas. Je suis incapable de jouer sur deux échiquiers, et c'est ce que je fais : je suis à la fois ton amie et celle de Luna, ce qui est impossible vu comment elle te déteste.
Suit un grand silence qui lui laisse sûrement le temps de réfléchir. Peut être pas tant que ça, au final, parce que lorsque Brian reprend la parole, c'est seulement pour demander d'une voix cassée :
- Et toi, tu me détestes ?
Je prends aussi un temps pour trier mes pensées. Ça serait tellement plus facile si je le haïssais... mais il ne me rend pas la tâche facile en revenant encore et encore me saluer dans la salle de danse, pour me rappeller de ne pas me surmener, ou en me proposant de me ramener chez moi les fois où Nolan n'est pas disponible.
- Je n'y arrive pas.
Il affiche un sourire suffisant et j'ai presque envie de lui asséner une claque pour le faire disparaître, parce que moi, je ne trouve pas ça drôle. Finalement, il me tend sa main et m'adresse un rictus qui pourrait être sincère.
- Amis alors ?
Je soupire, lève les yeux au ciel et mon cœur serre une dernière fois à l'idée de ce que je fais dans le dos de Luna.
Tout va bien, Théa, souffle ma conscience, et c'est elle qui me donne le courage de glisser ma paume contre la sienne.
- Amis.
Il met le contact, démarre en me demandant s'il me ramène. Je lui demande ce qu'il a de prévu dans la soirée, et puisqu'il ne fait rien, je réponds par la négative.
- On peut se poser quelque part pour discuter ? Mes courses peuvent attendre, il n'y à rien à mettre au frais.
- Si tu veux. Mais il fait froid, on reste dans la voiture.
Je souris et me presse d'envoyer un message à mon frère pour le tenir au courant. En omettant, bien sûr, le fait que je me trouve avec un garçon car cela aurait pour effet de me prendre un sermon.
Le fauteuil se bascule en position à demi allongée et je souffle doucement par la bouche, évacuant la tension de la journée et pensant au soulagement d'avoir parlé au jeune homme pour se mettre d'accord : il ne dira rien à Luna et nous allons nous éviter au lycée, sauf, peut-être, dans la salle de danse où il avait coutume de me rejoindre.
- J'ai une idée, lancé-je. On va poser des questions à l'autre à tour de rôle pour apprendre à mieux se connaître. Parce que je me rends compte que je ne sais pas tant de chose que ça sur toi.
- Ok ! Je commence !
Je me mordille la lèvre inférieure en plissant les sourcils, à l'affût d'une information importante sur lui qui me manquerait et soudain, tout s'éclaire, mon visage en même temps que mes pensées : j'ai trouvé.
- Alors..., lance Brian en faisant taper son index contre son genou d'un air indécis. C'est quoi... ton plus grand rêve ?
Mon réflexe est de hausser un sourcil : je m'attendais à tout sauf à ceci. Me mordant l'intérieur des joues pour me concentrer, je prends quelques instants avant de répondre.
- Être libre, je pense. Je voudrais ne plus être sous la tutelle de personne, ni de mes parents ni de Matty, ma nourrice, et me débrouiller de moi-même. Pouvoir danser jusqu'à la mort sans personne pour m'en empêcher.
- Bientôt, ça sera le cas, murmure-t-il.
- Oui... Dans un an...
Ma jambe tressaute contre le pare-brise, je le vois qui le constate du coin de l'œil puis esquisse un sourire : il a compris.
- Allez, viens, Miss Hyperactive, on va continuer de parler en marchant !
Je le remercie avec les yeux et il m'ouvre galamment la porte en me tendant une main pour m'aider à descendre, que je prends volontiers.
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