•| 34|| Tomber d'amour

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Brian

Mon cœur saigne. J'ai l'impression de sentir le sang chaud dégouliner le long de mes paumes, alors que j'enserre ma poitrine dans un étau censé maintenir mes organes en place. Je n'arrive plus à tenir, elle loin de moi. Je ne sais pas ce que je vais faire, si je ne peux pas la récupérer. S'il n'était pas de la police, j'aurais défoncé la gueule de son frère depuis longtemps, cet espèce de connard qui nous maintient loin l'un de l'autre alors que nous avons tous deux besoin de chacun pour subsister.

Groupé sur le canapé, je contemple d'un regard vide le mur d'en face, parsemé de creux, comme s'il avait été roué de coups par quelqu'un. Je baisse les yeux sur mes poings, et constate qu'à défaut du sang de mon cœur dégoulinant, mes mains baignent dans une couleur pourpre, identique à celle qui peint le mur. Les souvenirs des dernières heures me reviennent par flashs.

Théa qui s'excuse. Moi qui la repousse, à cause des menaces de son frère. Elle en larmes, dissimulées mais bien présentes aux coins de ses paupières. Mon retour à la maison en catastrophe. Ma sœur qui essaie de s'interposer mais qui git sur le parquet. Ma porte qui claque, le mur qui tremble sous les coups que je lui donne. L'absence de bruit si ce n'est que de cris sourds dans mes oreilles alors que je frappe de toutes mes forces jusqu'à me blesser et m'évanouir de douleur. Le canapé-lit sur lequel je m'effondre. Le noir.

Laissant libre court à mes sentiments, je laisse des larmes s'échapper en silence et tracer leur chemin sur mes joues rouges, derrière ces lunettes qui ne me quittent jamais. Qu'elle était la seule à me faire retirer.

Trois coups résonnent contre mon battant, je grogne mais une voix féminine insiste. Clémence.

- Il y a un policier sur le paillasson, tu peux aller t'en occuper ?

Malgré sa voix de dure à cuire, je sais qu'elle est terrorisée d'un jour être interpellée comme je l'ai été. Je marmonne un oui, me lève péniblement et me dirige vers l'entrée ; ma sœur a foutu le camp. J'invite l'homme à entrer, un jeune qui n'est pas Haron ; mon soulagement est probablement palpable à des kilomètres, mais je n'en ai rien à foutre.

- Bonjour ? lancé-je avant de me rendre compte que mon ton semble interrogateur.

Le policier n'a pas l'air de s'en occuper, il accepte la chaise que je lui propose et sort un dossier qu'il déroule, se raclant la gorge pour me le lire à haute voix.

- Il y a quelques temps, on vous a prévenu que si vous vous approchiez de Théa Judensky, votre punition risquait d'être rallongée, introduit-il et j'acquiesce, le cœur battant d'avoir commis une erreur, de l'avoir mal repoussée, et que des gens ne s'en soient rendus compte.

Il n'en est rien.

- Cette interdiction est levée, M. O'Connor, annonce-t-il en se relevant.

Je suis tellement bouche bée que j'en oublie ma politesse. Je m'efforce de rapidement reprendre contenance et bafouille des excuses avant de le reconduire jusqu'à l'extérieur.

Levée. Oh, putain. Je dois trouver Théa.

Théa

Haron : C'est fait.

Deux mots qui m'arrachent frissons et palpitations. Il a laissé tomber les interdictions qu'il avait imposées à Brian. C'est fait. Je me redresse dans le lit dans lequel je suis installée, tremblante, et relis cette petite ligne une centaine de fois, au moins. Je secoue Luna et Esther, à mes côtés, qui gémissent de sommeil, incapables d'ouvrir les yeux, alors j'abandonne.

Mes amies sont venues me récupérer en pleine nuit, après que je me sois effondrée. Grâce à des indications vagues de ma voix pâteuse, elles ont réussi à me retrouver et à me traîner jusqu'à l'appartement. Sans elles, je serais toujours là bas.

Sans un bruit, je m'extirpe hors du sac de couchage, attrape mon sac et mes chaussures dans l'entrée, puis me glisse sur le palier. Je descends les marches deux étages en dessous, et un souvenir me frappe lorsque je croise le numéro 4, accroché en énorme sur le mur qui me fait face.

Un ascenseur. Un jeune homme roux qui s'excuse, lunettes sur le nez, après avoir appuyé sur le bouton de l'étage numéro 4. Un frisson de plaisir me parcourt, il n'est pas loin. Je le sais.

Assise dans l'escalier, je laisse les lumières du corridor s'éteindre, sans prendre la peine de les rallumer lorsque je me retrouve dans le noir. Masquée dans l'obscurité, je me coule contre la rambarde de l'escalier et pose ma tête contre les barreaux métalliques, appréciant le silence qui m'entoure. Un cliquetis de clés dans une serrure vient bientôt le troubler. Une silhouette se glisse dans le couloir, ferme la porte derrière elle, et se tourne vers l'ascenseur. Lunettes sur le nez, même dans le noir, et éternel cure-dents entre les lèvres. Je souris malgré moi et me relève lentement, m'approchant de lui par derrière alors qu'il patiente. Mes doigts se glissent entre les siens et il sursaute, se retourne, et pousse un soupir de soulagement, semblant expulser toute la pression, la tristesse et la colère hors de son corps en une fraction de seconde. Comme s'il respirait à nouveau. C'est ce que je ressens aussi, et le soulagement s'empare de moi quand je constate que c'est son cas.

Je me blottis contre son torse et ses mains vont se perdre dans mon cou, sur mes hanches. Je le serre comme si je risquais de le perdre une nouvelle fois, comme si le lâcher une micro-seconde revenait à le laisser s'en aller à jamais. Je me presse contre lui comme si ma vie en dépendait, car pour l'avoir vécu, j'ai pris conscience que sans lui, la vie est beaucoup trop dure à supporter. Qu'en sa compagnie tout semble meilleur.

- Je crois que je suis tombée amoureuse de toi, lui murmuré-je en guise de salut.

- Et je crois bien que c'est réciproque, me répond sa voix grave, me faisant frissonner toute entière.

Sur ce, il se penche vers moi pour m'offrir un baiser que j'ai trop longtemps attendu, au goût salé des larmes et sucré du bonheur. Mes parfums préférés.

 Mes parfums préférés

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L'Enfer c'est toi #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant