•| 28|| Pardon

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Je plane.

Malgré mon visage décomposé et mes yeux plissés tant ils sont cernés de noir, Haron a réussi à me traîner à l'extérieur. J'ai fini par accepter, pensant que cela me ferait du bien, à condition de partir sans lui. Je ne peux pas continuer d'apercevoir sa mine peinée à chaque fois que son regard se pose sur ma posture. J'ai ouvert mes réseaux sociaux pour découvrir une flopée de messages de la part d'Esther et quelques uns de Luna. J'ai regardé avec regrets le profil de Brian, qui ne montrait aucun signe de vie, nos derniers messages remontant à il y a deux mois. Je me déteste de penser cela après tout ce que je lui ai fait, mais il me manque terriblement.

Mes jambes tremblent quand je m'avance avec peine jusqu'à la destination que j'ai choisi : pas trop loin, ni trop près pour être tranquille, le parc de jeux du quartier me paraissait parfait pour me dégourdir les jambes et retrouver un semblant d'humanité en mettant un œil à l'extérieur. Vu le nombre négatif de pas que j'ai fait ces derniers temps, il me semble que je risque de m'écrouler contre le bitume au moindre instant. Malgré les vacillements, je parviens à atteindre le grillage verdâtre du parc, à le pousser, et à me traîner jusqu'à un banc sans tomber.

Paupières closes, je remonte mes genoux contre ma poitrine pour reprendre ma respiration affolée, les doigts ancrés dans mes cuisses comme pour m'ammarer à quelque chose. Lorsque je relève les paupières, soulagée, mon cœur manque un, deux, trois battements, avant de se remettre à pulser a tout rompre dans ma gorge. J'ai envie de hurler, de pleurer et de rire à la fois. Hurler de colère contre moi-même de le retrouver en étant dans cet état déplorable. Pleurer de désespoir en pensant que je ne le retrouverai sûrement jamais totalement. Rire de nervosité face à l'air fermé qu'arbore Brian O'Connor. Lui non plus ne s'attendait pas à me trouver ici...

Je ne l'ai jamais vu avec ce regard si indescriptible. Lui qui était la personne la plus drôle et spontanée que je connaissais n'a jamais été aussi sérieux en me scannant de son regard. Six mètres nous séparent mais j'ai l'impression qu'un gouffre le fait. Aucune fois nous n'avons été si proches mais si éloignés l'un de l'autre. Lui, dans son monde fait de secrets qu'il n'a pas daigné m'avouer avant que quelqu'un d'autre le fasse. Moi, dans ma bulle de culpabilité et de rancœur, n'ayant pas osé faire le premier pas, ce qui nous a coûté cette relation précieuse. Deux mondes inverses. Brian et Théa.

Je relâche mes cuisses et imite sa posture désinvolte : ma cheville posée sur mon genou de façon nonchalante, regard scrutateur que je devine sans peine derrière ces lunettes en verre glacé qu'il n'enlève jamais. Un cure-dents est glissé entre ses lèvres, qui bouge quand il le fait rouler entre ses dents. Ce qu'il est beau... Mon attitude a le don de lui arracher un sourire qu'il tente de retenir en se mordant l'intérieur de la joue.

Je t'aime, je t'aime, je t'aime.

Mes pensées hurlent si fort que j'ai l'impression qu'il peut les entendre. Je secoue la tête, les chassant et me reconcentrant. Je suis fatiguée par tout le chemin parcouru, et mon cerveau met du temps a associer le fait qu'il soit installé sur ce banc avec l'idée que ce n'est peut être pas une coïncidence. Et que s'il est toujours installé ici, c'est peut être parce qu'il attend quelque chose de ma part.

Des excuses...

Je grimace en baissant les yeux sur mes ongles s'enfonçant dans mes paumes sans que j'en prenne conscience.

Il le sait. Il sait que je suis incapable de m'excuser. Non ?

Sa voix particulièrement grave résonne alors, coupant court au flot de pensées qui ne cessent de me submerger.

- Tu peux marcher.

Ce n'est pas une question. J'acquiesce lentement, suivant son regard qui se pose sur ma jambe anciennement inutilisable tressautant au rythme des battements élevés de mon cœur. Je prends sur moi pour la faire ralentir, la gorge nouée. Paupières pressées, je me force à formuler mentalement des excuses si fort que j'ai l'impression qu'elles s'impriment dans mon esprit comme sur du papier. Parce que c'est Brian, la personne que j'ai le plus aimé de ma vie, même si ça m'était interdit. Parce que sans lui, je ne suis qu'une âme en peine incapable de marcher sur ses deux jambes, restant enfermée dans sa chambre deux mois durant, sautant les cours et abandonnant ses amis. Pour Brian O'Connor, je décide de prononcer ces mots à haute voix, les yeux fermés pour ne pas voir sa réaction.

Lorsque je rouvre les paupières, il est accroupi face à moi, et me force à détacher mes mains de leurs amarres pour les glisser dans sa paume, caressant les marques rouges formées par mes ongles.

- Je suis prêt à te pardonner, Théa, parce que j'ai aussi ma part de responsabilité dans cette histoire. Et que je t'aime trop pour te laisser t'en aller comme ça. Mais ce que tu as fait... C'était dur. Ça m'a fait beaucoup trop mal. Je veux bien revenir, même si j'ai peur de te perdre parce que si ça recommençait, je ne pense pas que je pourrai y survivre une deuxième fois. Je suis désolé de t'avoir caché mon passé. Je voulais changer, et je pensais qu'en te dissimulant ce que j'avais fait, tu accepterais la nouvelle version de moi-même. Je ne voulais pas que tu sois blessée.

Mon cœur se noue et je le prends dans mes bras, le serrant de toutes mes forces. Ce câlin essaie de lui transmettre tout ce que je voudrais lui dire d'autre mais qui n'a pas le courage de passer la barrière de mes lèvres. Lorsqu'il répond à mon étreinte, je ne peux m'empêcher de sangloter et de m'excuser encore et encore, le nez enfoui dans son épaule, ce qui étouffe la moitié de mes paroles.

- Si j'avais su... Je suis tellement désolée... Je m'en suis tellement voulu... Ça faisait si mal ! Et pour l'école... Merci, merci pour tout, vraiment !

Il ne fait que m'aggriper plus fort, comme si nous étions mutuellement en train de s'accrocher à l'autre pour ne pas sombrer dans le désespoir. Lorsqu'il me relâche pour me détailler du regard, il prend quelques secondes avant d'oser poser la question que j'ai l'impression qu'il retient depuis qu'il m'a vue entrer dans ce parc.

- Maintenant qu'on s'adresse de nouveau la parole, tu veux bien me dire pourquoi tu ressembles à un zombie tout juste sorti de sa grotte ?

Et je ris.

Et je ris

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L'Enfer c'est toi #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant