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2 semaine plus tard

Je n'avais pas la force.
Mais je continuais quand même.
Ce n'était pas comme si j'avais le choix.

Le vent nocturne me fouettait le visage alors que je quittais le campus. Mes journées étaient rythmées par le travail, mes soirées par les cours. Une routine épuisante, mais nécessaire. J'avais besoin de ce diplôme. De ce foutu bout de papier qui, un jour peut-être, me sortirait de ce cycle infernal.

Mes affaires fourrées dans mon sac, je marchais sans trop réfléchir, mes pas guidés par l'habitude. Mon regard s'arrêta sur la vitrine d'une boutique de rachat. Mon reflet m'y renvoya l'image d'une jeune femme aux traits tirés, cernée par la fatigue et les responsabilités.

Un soupir.
Puis une décision.
J'entrai.

— Bonsoir, mademoiselle. Que puis-je faire pour vous ?

L'homme derrière le comptoir me regardait avec un sourire poli. Je sortis mon téléphone et le posai devant lui.

Laïa: J'aimerais savoir combien je peux en tirer.

Ses doigts expérimentés retournèrent l'appareil, examinant chaque centimètre. Je serrai mon sac contre moi, comme un réflexe de protection.

Laïa: : Il est en bon état, dis-je rapidement. Presque neuf. Je l'ai acheté il n'y a pas longtemps.

En réalité, je ne l'avais pas acheté. Mon père me l'avait offert pour mon anniversaire, un luxe que je ne pouvais plus me permettre. À cet instant, mon ordinateur en panne et mon compte en banque presque vide pesaient bien plus que ce rectangle de verre et d'acier.

Laïa: C'est un iPhone 15, ajoutai-je, comme si ça pouvait jouer en ma faveur.

L'homme hocha la tête.

Lui: Vu qu'il a déjà été utilisé, sa valeur baisse. Je vous l'achète 700 $. Je ne peux pas monter plus haut.

Je baissai les yeux.
Je n'avais pas vraiment le choix.

J'acquiesçai en silence.

Quelques signatures plus tard, je récupérai ma puce et pointai un modèle plus modeste derrière la vitre.

Laïa: Celui-là, s'il vous plaît.

Il était dans mes moyens et me permettrait de garder de quoi récupérer mon ordinateur... et acheter de quoi manger.

Avant de partir, le vendeur me tendit une petite peluche. Une broutille, sans doute un geste anodin pour lui, mais pour moi... Pour moi, c'était une bouffée d'air.

J'appelai mes parents en rentrant, quelques minutes à peine, juste le temps de les rassurer. Ils n'avaient aucune idée de mon quotidien. Et je tenais à ce que ça reste ainsi.

Le restaurant

— Tu peux pas partir quand bon te semble, tu le sais bien, non ?

Dulcie me fusillait du regard alors que j'enfilais mon tablier.

Dulcie: J'ai dû tout gérer toute seule hier.

Laïa: Je suis désolée.

Dulcie: J'ai pas besoin de tes excuses, juste que tu fasses ton boulot.

Je baissai la tête, récupérai les assiettes et repartis vers le comptoir.

— Laïa ?

Je me figeai. Cette voix...

Je me retournai pour croiser le regard de Luc, mon manager.

Luc: Où étais-tu passée ? Tu as disparu d'un seul coup.

Les cendres du diable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant