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Dans la salle de conférence aux murs vitrés, l'air était chargé d'une tension électrique. Laïa était assise à la table de négociation, jambes croisées, son stylo tournoyant entre ses doigts. En face d'elle, un avocat de l'accusation au sourire suffisant, bien trop à l'aise dans son costume hors de prix. Maître Lemaire. Un homme au regard condescendant et à l'égo plus gonflé qu'un compte offshore.

« Nous demandons 200 millions de dollars d'indemnisation pour les cinq patients victimes d'effets secondaires graves, » déclara-t-il, posant ses mains jointes sur la table comme s'il venait d'annoncer la sentence divine.

Laïa éclata de rire. Un rire pur, moqueur, cinglant. Puis elle planta ses yeux perçants dans les siens.

Laïa: Attendez... 200 millions ? répéta-t-elle en essuyant une larme imaginaire au coin de son œil. Oh, Maître Lemaire, vous êtes hilarant.

Il ne partageait visiblement pas son amusement.

Lemaire: Nous parlons de vies humaines, Maître Castillo.

Laïa: Non, vous parlez d'un jackpot. Vous croyez sérieusement qu'on va aligner 200 millions pour cinq cas isolés sur plus de 250 patients traités ?

Lemaire: Ces patients souffrent de graves effets secondaires...

Laïa: Desquels vous n'avez toujours pas détaillé la nature. Vous avez mentionné "inquiétants", mais j'attends toujours les faits concrets.

Il inspira profondément, tentant visiblement de garder son calme.

Lemaire: Peu importe les détails, le montant demandé est justifié—

Laïa: Non, il est scandaleux, coupa-t-elle en croisant les bras. Si je devais accepter ça, ce serait un trop grand coup dans les ovaires.

Lemaire s'étrangla légèrement.

Lemaire: Pardon ?

Elle s'adossa à son fauteuil, haussant un sourcil provocateur.

Laïa: Oui, un coup dans les ovaires. Comme un coup dans les couilles, mais en plus vicieux.

Son adversaire la regarda un instant, incertain de comment réagir.

Lemaire: Je vois que vous êtes... imagée, souffla-t-il enfin.

Laïa:  Et je vois que vous êtes gonflé, répondit-elle avec un sourire sarcastique. Vous vous êtes dit quoi ? "Tiens, si je demandais une somme absurde, peut-être qu'elle est trop idiote pour s'en rendre compte" ?

Lemaire: Je n'ai jamais dit ça.

Laïa: Mais vous l'avez pensé. Et ça, c'est votre première erreur.

Lemaire: Maitre Castillo , les preuves sont accablantes. Ces patients ont vu leur état de santé se détériorer après avoir consommé votre médicament. C'est une attaque en bonne et due forme.

Laïa: Oh, mais bien sûr ! Une attaque si bien ficelée qu'elle arrive comme par hasard après que le produit ait déjà été administré à plus de 250 patients sans aucun problème. Vous voulez qu'on parle de ça, Maître Lemaire ? Parce que, vraiment, je suis curieuse.

Elle ferma son dossier et se leva, plantant ses yeux sombres dans les siens.

Laïa: Négociation terminée.

Lemaire: négociation terminé ?

Elle s'assied d'un regard provocateur

Laïa: Ou alors... on peut parler du fait que vous essayez de nous extorquer une somme aussi grotesque qu'une mauvaise blague de stand-up. Vous croyez vraiment que je vais accepter un accord aussi ridicule ? Vous avez fumé quoi avant de venir ici ?

Les cendres du diable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant