La soirée se déroulait étonnamment bien. Contre toute attente, les frères Alcaraz – enfin, du moins les trois plus jeunes – semblaient être des gens presque normaux. Alvaro, lui, était resté en retrait, se contentant de nous observer en silence. Je crois que je ne l'avais entendu parler que deux fois depuis le début du dîner.
Izan s'étira en riant :
— C'est fou quand même ! On dirait qu'on vient tous d'univers totalement différents !
— Et surtout, des univers qui ne se seraient jamais croisés si nous n'étions pas de la même famille, ajouta Ivan en éclatant de rire.
— Alvaro m'avait même interdit de traîner avec toi une fois, lança Sergio. Apparemment, tu étais une très mauvaise fréquentation.
— Oh ? Frère, donc c'est comme ça que tu me vois ? répliqua Ivan, faussement outré. Eh bien, moi, j'aurais interdit au petit Sergio de même t'adresser la parole. Parce que personne ne sait jamais ce qui se trame dans ta tête de détraqué calme.
— C'est toi le détraqué ici, ne renversons pas les rôles, ricana Izan.
— Pff, n'importe quoi. Dites-moi, ma belle Laïa, demanda soudainement Ivan en posant son regard sur moi, ne suis-je pas le plus pimpant de ces frères ?
Tous les regards se braquèrent sur moi. Je sentis une légère gêne m'envahir avant de rire doucement.
— Vous êtes sans aucun doute le plus sociable.
— Attention, Alvaro risque d'être vexé, plaisanta Sergio. Il a même fait l'effort d'être présent à table.
Je levai les yeux vers Alvaro. Il me fixait toujours. Sans un mot. Je portai machinalement mon verre à mes lèvres, tentant d'ignorer la sécheresse soudaine de ma gorge.
— Bien évidemment, fit Izan en haussant un sourcil, c'est une occasion spéciale.
— L'occasion spéciale ou la jeune femme spéciale ? ajouta Ivan avec un sourire en coin.
— Vous essayez de me charmer ? rétorquai-je en arquant un sourcil, amusée.
— Autour d'un dîner plus intime, nous pourrions en discuter, souffla-t-il en me servant un autre verre.
[...]
Un peu plus tard, nous étions installés dans le salon. L'ambiance était agréable. Je ne m'attendais pas à ce que les frères soient aussi drôles.
— Quel âge avez-vous, mademoiselle Laïa ? demanda soudainement Sergio.
— On ne demande pas l'âge d'une femme, voyons ! s'indigna faussement Izan avant de me lancer un regard curieux. Mais bon, dites-nous quand même.
Je souris, amusée.
— J'ai 24 ans. Et vous ?
— 23, répondit Sergio.
— 25, ajouta Ivan.
— 27, annonça Izan.
— Et Alvaro va avoir 30 ans dans deux mois, précisa Sergio.
— En fin de compte, ce n'est plus Sergio le cadet, fit remarquer Ivan.
— Oh non, non, non, protestai-je aussitôt.
À cet instant, Izan se leva brusquement.
— J'adore cette musique. Allez, venez donc danser avec moi.
— Quoi ? Mais non, je ne sais pas danser !
— Allons, tout le monde sait danser !
Il attrapa ma main et m'entraîna au centre du salon. Ivan augmenta le volume de la musique tandis que Sergio et lui se mirent à danser avec enthousiasme. Contaminée par leur énergie, je me laissai finalement prendre au jeu, riant de bon cœur.
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Les cendres du diable
Historia CortaPlonge dans un monde où l'ombre et le feu se confondent, où Laïa, brillante avocate au cœur brisé, devient la muse tragique d'un chef de cartel impitoyable. Entre les gratte‑ciel de New York et les ruelles enivrantes de Bogotá, leur passion se nourr...
