JOURNAL TÉLÉVISÉ — CNN / BBC / EL TIEMPO — Titres du matin
« Trois installations majeures appartenant à un conglomérat soupçonné d'opérations illicites visées cette nuit en Amérique latine. »
« Sabotage financier et logistique coordonné — les Acevedo au centre des regards. »
« Le cartel Acevedo frappé au cœur : une riposte interne, une guerre silencieuse ? »
Des images floues, des vidéos amateurs, les docks en flammes, les échanges de tirs, le pipeline fuyant. Le tout monté en boucle. Les experts parlent d'un "nettoyage" ou d'un "message".
Washington. Paris. Bruxelles.
Des sénateurs, des diplomates, des représentants de grandes firmes pharmaceutiques coupent les ponts. Les comptes offshores sont gelés, les bourses bougent. Des visages commencent à apparaître dans les médias — celui de Emilio Acevedo, flouté, puis celui d'un de ses avocats, cramoisi de colère.
Colombie.
Le gouvernement lance discrètement une enquête de "surveillance interne".
Officiellement : « Nous condamnons toute violence ».
Officieusement : tout le monde sait.
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Villa Alcaraz — Bogotá, 6h04
L'aube peine à percer, mais le calme règne enfin. Laïa est blottie dans les draps, dos à la fenêtre entrouverte. Un rayon de lumière trace une ligne sur sa colonne vertébrale nue.
Alvaro l'observe depuis un fauteuil, torse nu, un café à la main. Il est resté éveillé. Il a veillé sur elle.
Elle ouvre les yeux lentement, encore à moitié perdue entre sommeil et réalité.
Laïa: T'es là... murmure-t-elle, la voix brisée par la fatigue.
Il s'approche. S'assoit au bord du lit. Passe lentement une main dans ses cheveux.
Alvaro: Toujours.
Elle attrape ses doigts, les garde contre sa joue, les yeux clos.
Laïa: Tu vas où ?
Alvaro: Nulle part. Il s'incline, pose un baiser sur son front. Mais toi, tu vas te reposer.
Laïa: On a encore plein de choses à...
Alvaro: Je sais. Mais aujourd'hui, c'est moi qui tiens les rênes. Il la fixe avec cette intensité douce qu'il ne réserve qu'à elle. C'est moi qui vais frapper. Toi, tu restes là. Tu dors. Tu guéris.
Elle le regarde, un peu troublée. La guerrière fatiguée.
Laïa: Et si tout s'écroule sans moi ?
Il l'embrasse tendrement.
Alvaro: Alors je ferai tomber le monde entier pour que tu puisses dormir quelques heures de plus.
Elle sourit à travers les larmes montantes. Elle sait qu'il le ferait.
Il se lève enfin. Enfile lentement sa chemise noire, sa montre. Avant de partir, il se retourne.
QG temporaire — Bogotá — 11h37
La salle est baignée de lumière blanche, glaciale. Sur les murs, des cartes numériques projetées. Des silhouettes se déplacent rapidement, portant des dossiers, murmurant dans des oreillettes.
Et au centre, assis à la table de briefing, Alvaro Alcaraz.
Froid. Contrôlé. La mâchoire serrée, l'air taillé au couteau.
Marco se tient près de lui, appuyé contre une colonne. Il ne dit rien. Il sait : l'animal s'est réveillé.
Alvaro: On verrouille l'accès au terminal Est, ici, ici, et ici. Alvaro tapote la carte, les points rouges clignotent. Les Acevedo ont bougé leurs liquidités via deux holdings de couverture à Panama et Zurich. Faites sauter les comptes.
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Les cendres du diable
Short StoryPlonge dans un monde où l'ombre et le feu se confondent, où Laïa, brillante avocate au cœur brisé, devient la muse tragique d'un chef de cartel impitoyable. Entre les gratte‑ciel de New York et les ruelles enivrantes de Bogotá, leur passion se nourr...
