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Le silence était une agonie.

Alvaro n'avait pas bougé de son siège, son regard fixé sur le visage de Laïa, traquant le moindre mouvement. Chaque seconde écoulée ressemblait à une torture.

Deux heures. Deux heures à attendre dans une salle plongée dans une lumière blafarde, à écouter les bips réguliers du moniteur. Deux heures à lutter contre l'envie de fracasser tout ce qui lui passait sous la main.

Puis, enfin.

Un frémissement.

Un battement de cils.

Un léger gémissement.

Alvaro redressa immédiatement la tête, son cœur tambourinant contre sa poitrine.

Les paupières de Laïa papillonnèrent, ses yeux cherchant difficilement à se focaliser. Son souffle était court, sa douleur évidente, mais elle était là. Vivante.

Alvaro: Laïa...

Sa voix rauque s'étrangla presque dans sa gorge. Il la vit cligner des yeux plusieurs fois, comme pour chasser la brume qui troublait encore son regard.

Puis, lentement, elle tourna la tête vers lui.

Laïa: Alvaro... souffla-t-elle, sa voix faible, éraillée.

Il se pencha immédiatement vers elle, prêt à capter chaque mot, chaque respiration.

Elle esquissa un sourire, à peine perceptible, un sourire brisé.

Laïa: Approche...

Son cœur se serra. Sans un mot, il obéit, baissant la tête jusqu'à ce que son visage frôle presque le sien.

Et alors qu'il s'attendait à une parole de gratitude, un murmure glacé lui gifla l'oreille.

Laïa: La première chose que je ferai en sortant d'ici... elle prit une inspiration tremblante, c'est vous tuer tous les deux.

Un frisson glacial lui remonta l'échine.

Laïa:  T'aurais mieux fait de me laisser crever.

Son souffle était si léger qu'il ressemblait presque à une caresse. Pourtant, jamais des mots n'avaient été aussi tranchants, aussi acérés.

Alvaro se redressa lentement, son regard plongé dans le sien, à la fois fasciné et dévoré par une rage sourde.

Elle n'avait pas changé.

Malgré la douleur, malgré la mort qui lui avait frôlé la peau, Laïa était toujours cette putain de furie indomptable.

Un ricanement lui échappa.

Alvaro: Tu devras passer sur mon cadavre.

Un sourire narquois, tordu par la douleur, se dessina sur les lèvres de Laïa.

Elle s'apprêtait à répliquer lorsqu'un bruit de pas précipités résonna dans le couloir.

Puis, la porte s'ouvrit à la volée.

Izan. Ivan. Sergio.

Les trois frères d'Alvaro débarquèrent dans la chambre comme une tempête.

Izan, l'aîné après Alvaro, balaya la pièce du regard avant de fixer son frère avec une intensité glaciale.

Izan: Putain, c'est quoi ce bordel ?

Ivan, plus détendu en apparence, haussa un sourcil en apercevant Laïa.

Ivan: Elle a survécu ? Impressionnant.

Sergio, le plus jeune, siffla entre ses dents en voyant le visage encore marqué de sang d'Alvaro.

Les cendres du diable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant