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Laïa poussa un long soupir en sortant de la salle de bain, une serviette nouée autour du corps, sa peau encore perlée de quelques gouttes d'eau. La journée avait été éprouvante, et elle s'attendait à trouver la suite d'hôtel vide, comme toujours.

Mais contre toute attente, Alvaro était toujours là.

Assis sur le rebord du lit, il nettoyait méthodiquement ses armes. Trois pistolets soigneusement disposés sur la commode, du matériel d'entretien entre ses doigts. Il n'avait même pas relevé la tête à son arrivée.

Elle resta figée un instant, incertaine. Pourquoi était-il encore là ?

Ils avaient toujours partagé une certaine intimité. Une relation qui n'en était pas vraiment une. Pourtant, jamais il n'avait passé la nuit à ses côtés. Après chaque moment ensemble, il finissait toujours par partir, la laissant seule dans un lit trop grand, sans la moindre explication.

Et Laïa ne comprenait pas.

Elle aurait pu prétendre que ça lui était égal, mais au fond, cette distance imposée la blessait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Parce que malgré tout ce qu'ils avaient vécu, Alvaro estimait que dormir avec elle était plus intime encore que de la posséder.

Un silence pesant s'installa.

Sans un mot, elle s'approcha et attrapa l'un des pistolets posés sur la commode. Son regard croisa brièvement celui d'Alvaro, mais il ne dit rien, la laissant faire. D'un geste fluide, elle le démonte, laissant ses doigts agir par automatisme, presque avec familiarité.

Face à elle, il l'imita et se remit à nettoyer les armes. Un rituel. Une habitude. Une manière silencieuse d'exister ensemble.

Lorsqu'ils eurent terminé, Laïa posa son pistolet et releva les yeux vers lui. Il ne bougeait pas, absorbé dans ses pensées. Son visage était impassible, mais elle connaissait assez Alvaro pour savoir que son silence cachait bien plus que ce qu'il voulait montrer.

Elle hésita, un instant, avant d'abandonner.

Se levant, elle se glissa sous les draps sans un mot.

Elle aurait voulu lui demander s'il comptait encore partir. Mais elle connaissait déjà la réponse. Alors elle se tourna, lui offrant son dos, les paupières closes, tentant de se convaincre qu'elle pouvait s'habituer à ce vide qu'il laissait toujours derrière lui.

Mais ce soir-là, quelque chose changea.

Une chaleur familière vint envelopper sa taille.

Son souffle se coupa alors qu'elle sentait la poigne d'Alvaro l'attirer contre lui, son dos se collant à son torse dans une étreinte ferme. Elle sentit son cœur s'emballer. Était-elle en train de rêver ?

Il n'était jamais resté.

Jamais il ne l'avait tenue ainsi.

Laïa ouvrit les yeux, le souffle court, le ventre retourné. L'espace d'une seconde, elle eut peur. Peur que ce ne soit qu'un rêve. Peur que tout s'efface lorsqu'elle ouvrirait vraiment les yeux.

Mais non.

Il était bien là.

Elle le sentait contre elle, son torse puissant se soulevant lentement contre son dos, sa main serrant sa taille avec une possessivité qu'il ne s'autorisait jamais d'ordinaire.

Puis, sans prévenir, il la retourna face à lui.

Elle ancra son regard au sien, cherchant une explication. Une raison.

Elle aurait voulu lui poser mille questions, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Alors à la place, elle se serra contre lui, de toutes ses forces, s'imprégnant de son odeur, de sa chaleur. De lui.

Les cendres du diable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant