Bogotá — Appartement privé, suite réservée à Alvaro
Le bruit des portes verrouillées. Le silence qui tombe d'un seul coup comme un rideau.
Alvaro referme lentement derrière eux. Laïa ne parle pas, ses talons déchaussés depuis le couloir. Elle avance doucement, encore tremblante de fatigue, de douleur, peut-être de tout ce qu'elle s'autorise à ressentir ce soir-là.
Le matin — chambre sécurisée, quartier général de Bogotá
Laïa est debout devant la baie vitrée, une chemise d'Alvaro tombant négligemment sur ses épaules. Elle tient un mug entre ses mains. Le café est froid. Elle n'a pas bu. Ses yeux sont rivés sur la ville, mais son esprit est ailleurs, déjà en train de jouer trois coups d'avance.
Alvaro sort de la salle de bain, torse nu, les cheveux encore humides. Il l'observe sans parler. Il reconnaît ce regard-là : celui de la femme qui calcule, anticipe, tisse.
Alvaro.: À quoi tu penses
Elle ne se retourne pas.
Laïa: À ce qu'ils vont tenter maintenant. Après notre attaque, leur ligne économique est en chute libre. Ils vont frapper fort, vite. Sûrement pas là où on les attend.
Il s'approche, passe une main dans le dos de sa chemise, l'attirant doucement vers lui.
Alvaro: Et on les attendra où il faut.
Elle ferme les yeux un instant, s'abandonne à son étreinte quelques secondes... puis pose son mug sur la table et récupère la tablette posée là, l'écran déjà allumé. Des visages, des lieux, des flux de données.
Laïa: Le sénateur qu'ils soutiennent va tenter une prise de parole. Il faut qu'on le discrédite. Avant qu'il ne retourne l'opinion.
Alvaro: Et ton idée de rapprochement avec la banque suisse ?
Laïa: En cours. J'ai placé Rosa dessus. Elle sait comment s'y prendre avec les gestionnaires off-shore.
Il la regarde travailler, penchée sur la tablette, ses doigts tapant des lignes de notes d'une précision chirurgicale. Il est fasciné. Et inquiet. Elle est forte. Mais elle se brûle de l'intérieur.
Alvaro: T'as dormi combien d'heures cette semaine ?
Elle ne répond pas. Il referme la tablette sans prévenir, la force à lui faire face.
Alvaro: Laïa.
Laïa: Je vais bien.
Alvaro: Mens encore et je t'enferme.
Elle sourit, fatiguée.
Laïa: Tu crois pouvoir m'enfermer ?
Alvaro: Non. Mais je peux t'attacher.
Elle lève un sourcil amusé. Il caresse doucement sa joue.
Alvaro: Juste... ménage-toi. Je peux pas te perdre, pas maintenant.
Elle baisse les yeux, touchée. Puis elle prend une grande inspiration et reprend :
Laïa: Je vais convoquer Marco, Rosa et Thomas. On fait une réunion dans une heure. On va déterminer les trois prochaines cibles à neutraliser. On a un créneau de deux jours avant leur prochain mouvement.
Il hoche la tête. Elle s'éloigne, se dirige vers la salle de réunion.
Il la regarde partir, puis murmure, presque pour lui-même :
Alvaro: On va brûler ce monde, Laïa... mais je jure que tu resteras debout.
Il la regarde s'asseoir au bord du lit. Elle baisse les yeux, laisse échapper un souffle long, les mains posées à plat sur le matelas.
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Les cendres du diable
Short StoryPlonge dans un monde où l'ombre et le feu se confondent, où Laïa, brillante avocate au cœur brisé, devient la muse tragique d'un chef de cartel impitoyable. Entre les gratte‑ciel de New York et les ruelles enivrantes de Bogotá, leur passion se nourr...
