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LA CHUTE ET LA RECONSTRUCTION — 08H40, BOGOTÁ

Le soleil n'a pas encore dissipé la brume que déjà les drapeaux noirs des Alcaraz flottent sur les derniers bastions tombés.

Les rues portent encore les stigmates des affrontements.
Des bâtiments éventrés, des murs criblés de balles, des odeurs de poudre et de sang — mais surtout, un silence lourd, celui qui suit toujours une victoire écrasante.

Alvaro se tient debout sur le balcon d'un immeuble repris, regardant la ville comme s'il venait de la reconfigurer. Il a les mains dans les poches, une chemise noire ouverte sur la gorge, les cheveux encore humides d'une douche rapide.

Derrière lui, ses alliés affluent un à un dans la pièce. Tous les hommes de l'ombre, tous les noms tapis dans l'ombre depuis le début.
Des regards qui le suivent avec respect. Avec crainte, aussi.

— « Il n'est plus l'héritier. Il est devenu le roi, » souffle l'un des chefs de clan.

Un autre acquiesce, la voix basse :
— « Il a pris leur empire. Et leur honneur. »

Et ils le savent tous : ce n'est pas seulement la mort des Acevedo qu'il a signée. C'est une nouvelle ère.
Une ère gouvernée par un homme capable de tout brûler pour une seule femme, et par une femme capable de tout dominer en silence.

RÉVÉLATIONS

Les rapports tombent les uns après les autres.

— « Un des frères Acevedo, Mateo, abattu dans l'assaut. »
— « Les deux autres, Elias et Rafael, portés disparus. »
— « Le patriarche... s'est tranché la gorge avec un éclat de miroir dans sa cellule. Il a refusé la honte. »

Laïa, dans la pièce voisine, écoute en silence, une tasse de café entre les mains. Elle tremble à peine, mais son cœur reste suspendu. Elle croise le regard d'Alvaro à travers l'encadrement de la porte. Il ne dit rien. Mais il sait que rien n'est jamais réellement fini.

Et il avait raison.

UN VENT SE LÈVE À NEW YORK

Dans une salle obscure, quelque part à Manhattan, trois silhouettes observent des vidéos projetées sur grand écran.

Des extraits de journaux. Des images satellites. Des écoutes.
Des photos volées d'Alvaro et Laïa, ensemble, dans cette guerre.

RETOUR À BOGOTÁ, 22H10

Laïa est allongée dans le lit, les yeux dans le vague, un frisson traversant sa colonne. Alvaro, en silence, ferme son ordinateur et vient s'asseoir au bord du matelas.

Laïa: Quelque chose cloche, souffle-t-elle.

Alvaro: Je sais.

Laïa: C'est fini ici... mais pas là-bas.

Il la regarde longuement, caresse ses cheveux, puis murmure :

Alvaro: On pensait que Bogotá serait notre guerre. Mais New York sera notre tempête.

Et derrière lui, le téléphone commence à sonner.
Le nom qui s'affiche n'a pas besoin d'être lu : c'est la famille.

New York, dans la demeure secondaire des Alcaraz.

La lumière du jour tombait sur les baies vitrées, teintée d'un gris orageux. Dans le grand salon feutré, le silence était glacial, presque inquiétant.

Les cendres du diable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant