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Mon cœur s'emballa, cognant violemment contre ma poitrine.

L'homme en question sortit lentement de la pénombre, avançant vers moi avec une aisance troublante. Plus il s'approchait, plus une sensation étrange montait en moi. Une impression de déjà-vu. Un frisson glacé me traversa l'échine.

C'était lui.

Lui.

L'homme de cette soirée. Celui qui m'avait approchée. Celui qui m'avait effleurée. Celui dont le simple regard suffisait à me couper le souffle... tout comme en cet instant.

Mais il était différent.

Plus imposant. Plus magnétique. Plus intimidant que dans mes souvenirs.

— Nous avons des choses à nous dire.

Sa voix grave et posée claqua dans l'air comme une sentence.

Mon sac me glissa des mains. Mon téléphone heurta le sol.

Silence.

Nous étions maintenant dans mon salon. Lui, assis, calme, les yeux rivés sur la chevalière qu'il faisait tourner lentement autour de son annulaire.

— Vous avez repris vos esprits, à présent ?

Il releva enfin les yeux vers moi, me fixant avec une intensité troublante. Je hochai la tête, incapable de parler.

Il s'adossa alors contre le dossier du canapé, son regard planté dans le mien.

— Je suis Alvaro Alcaraz. L'aîné de la famille Alcaraz.

Un frisson me parcourut.

Cette journée n'en finirait donc jamais de me surprendre...

— Vous avez récemment représenté ma famille dans plusieurs affaires, dont l'une face aux Acevedo. En représailles, ils ont fait disparaître votre famille.

Je sentis mon souffle se bloquer dans ma gorge.

— Comment... Comment êtes-vous au courant ?

— Nos deux familles sont bien plus liées que vous ne l'imaginez.

Un doute, un pressentiment que j'avais refoulé jusque-là, refit surface. Cette rivalité. Cette haine. Tout cela dépassait largement de simples accusations en justice.

Alvaro planta ses yeux sombres dans les miens.

— Nos familles sont ennemies depuis la fondation de nos firmes. Et sans même vous en rendre compte, vous vous êtes retrouvée au cœur de ce conflit.

— J-Je ne comprends pas...

— Vous n'étiez pas censée représenter les Alcaraz.

Sa voix se fit plus basse, plus tranchante.

— Notre avocat familial est mort récemment... dans des conditions tragiques. Tous ceux que nous avons approchés ensuite étaient soit incompétents, soit terrorisés. Alors nous nous sommes tournés vers votre cabinet. Initialement, c'est votre supérieure, madame Smith, qui devait s'occuper du dossier. Mais au vu de l'urgence, elle vous l'a confié.

Je déglutis.

— Vous avez brillamment remporté la première affaire. Puis la seconde. Et enfin la troisième, celle impliquant les Acevedo. C'est là que tout a basculé. Vous êtes devenue une cible.

Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression qu'il allait exploser.

— Mais... Ce n'était qu'un simple procès pour extorsion et agression !

Les cendres du diable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant