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Laïa tournait en rond, encore et encore, creusant presque un sillon dans le sol à force d'arpenter la pièce comme un fauve en cage. Son souffle était court, ses doigts crispés sur son téléphone, fixant obstinément le traceur qu'elle avait placé sur la voiture d'Alvaro. Une heure qu'il stagnait dans ce quartier. Un endroit qui ne lui évoquait rien. Personne qu'elle connaissait n'habitait là-bas.

Son cœur battait à tout rompre.

— Maître.

Laïa pivota brusquement. Marco venait d'entrer. D'un regard, elle lui intima de parler.

Marco: Mademoiselle Garcia loge à cette adresse.

Le silence s'abattit. Son cerveau refusait d'assembler les pièces. Monica. Garcia. Là-bas. Elle cligna des yeux, une fois, deux fois, mais les mots refusaient de prendre sens.

Laïa: Garcia... ? souffla-t-elle.

Marco: Oui. Monica Garcia. Ces locaux appartiennent à sa famille, et elle y réside actuellement.

À peine Marco avait-il terminé sa phrase que Laïa bondit. D'un geste fébrile, elle attrapa ses clés et fila hors de chez elle, à moitié habillée, vêtue seulement d'un short en coton bleu et d'un crop top. L'air nocturne gifla sa peau brûlante alors qu'elle montait en voiture, sa main tremblant légèrement en enclenchant le moteur.

Alvaro était en mouvement.

Son regard s'ancra à l'écran de son téléphone, suivant la trajectoire du véhicule. Il prenait la route du retour.

Parfait.

Elle appuya violemment sur l'accélérateur, prenant un raccourci. Elle roulait trop vite, mais elle s'en fichait. Chaque feu rouge était une insulte qu'elle refusait d'endurer. En quelques minutes, elle dérapa devant le manoir des Alcaraz. Tout était plongé dans l'obscurité, normal à trois heures du matin. Mais elle ne comptait pas dormir.

Elle entra en furie et fonça vers la cuisine, ses nerfs à vif. Sa colère grondait en elle comme un volcan prêt à exploser. Son regard était fixe, glacé, ses pensées un enchaînement chaotique d'images et de supputations.

Puis, enfin, le son tant attendu : celui d'un moteur qui se coupe.

Un bruit sec. Une portière qui claque.

Sans réfléchir, elle attrapa une assiette et la fracassa au sol.

Des pas. Un instant de flottement. Puis, la silhouette d'Alvaro apparut dans l'encadrement de la porte. Il s'arrêta net en la voyant. Pieds nus, cheveux en bataille, vêtue de presque rien, mais brûlante d'une rage si violente qu'elle en était presque palpable. Il l'observa, intrigué.

Le silence s'étira.

Puis Laïa parla, sa voix un venin coulant lentement.

Laïa: Où étais-tu, Alvaro ?

Il la fixa, impassible. Aucun mot.

Laïa: Si je dois répéter la question, je ne répondrai plus de moi.

Son ton s'était adouci, trop calme, dangereusement calme.

Alvaro arqua un sourcil, provocant.

Alvaro: Et ?

Un rire bref s'échappa de ses lèvres. Un rire sans joie, sans chaleur.

Laïa: Tu as couché avec elle, c'est ça ?

Un sourire amusé étira les lèvres d'Alvaro.

Alvaro: Dans le mille.

Laïa resta figée. Une fraction de seconde. Une respiration.

Les cendres du diable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant