Cette voix.
Magnétique.
Profonde.
Séduisante.
Mes mots restent pendues à mes lèvres sans pouvoir sortir. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit directement lui qui me réponde. En général, ce sont les secrétaires qui s'en chargent, mais là... ce n'est pas le cas. Pour mon plus grand désarrois.
Bon sang. Avec un timbre pareil, j'ose imaginer de quoi a l'air ce type. Le plus souvent, on dit que l'intonation et le physique s'emboîtent parfaitement. Ma curiosité est piquée.
— Allô ? m'appelle la voix de rêve qui me sort de ma léthargie.
— Euh... oui, b-bonjour, je...
J'avale ma salive le temps de trouver quoi dire et surtout formuler ma demande. Hélas, mon inspiration a du mal à venir.
— Je vous écoute, prenez votre temps.
Ah bah pour prendre mon temps, je vais en avoir besoin si tu continue de parler avec ce ton chaleureux.
Je me reconcentre. S'il dit ça, c'est parce qu'il doit avoir l'habitude avec ses patients. Un psychologue en voit des spécimens dans sa carrière. Et conscient que je dois être tout à fait banal pour lui, ma bouche se délie.
— Je me permets de vous contacter, car j'aimerais faire appel à vos servi... votre expertise.
— Très bien, répond-t-il après quelques secondes sans doute à cause de mon hésitation. À ce moment-là, je peux vous proposer un rendez-vous disons en fin de semaine prochaine afin de vous accompagner dans votre démarche de suivi psychologique. Avez-vous déjà consulté auparavant ?
Je reste interdit un petit instant. En voulant me montrer trop subtil, j'ai loupé le coche.
— Euh... je crois qu'il y a erreur. Je voulais parler de votre autre... genre de service.
À ma grande surprise, ce n'est plus moi qui joue les silencieux. Sa réaction me fait me demander si je n'avais pas fait une erreur. Avais-je mal entendu les deux femmes au bar ? Plaisantaient-elles ?
Je vérifie que l'appel ne s'est pas coupé en écartant mon portable de mon oreille avant que je n'entende une porte se fermer à l'autre bout du téléphone. Bonne nouvelle : il est toujours là. Mauvaise nouvelle : qu'est-ce qui se passe ?!
Mon cœur sursaute lorsqu'il émet un léger rire par le nez.
— Premièrement, quel âge avez-vous ?
Si au début sa question me paraissait bizarre, maintenant elle me semble tout à fait normale. J'imagine que des mineurs se sont déjà fait passés pour des adultes. Ou alors c'est simplement protocolaire, vu qu'il est spécialisé sur le sexe.
— Vingt-quatre ans.
— Bien, alors je ne vois pas de problème à vous aider, si je puis dire. Sachez que par précaution, je demanderai une preuve de votre identité après la prise d'un rendez-vous qui se fera dans mon cabinet. Du moins, la première consultation.
J'ai chaud tout à coup. L'idée de me retrouver dans son bureau, là où il accueille ses patients, pour parler de ma situation, me perturbe.
— Avez-vous une objection ?
— N-non. Du tout. Est-ce qu'un permis moto suffira ?
Parce que comme un con, j'ai égaré ma carte d'identité. Impossible de mettre la main dessus depuis deux semaines.
— Oui, c'est parfait. Tant qu'il s'agit d'une preuve officielle, tout me convient. À présent, j'aimerais savoir vos disponibilités.
Je réfléchis.
— Eh bien, je quitte en général l'université, pas très loin de votre cabinet, vers dix-sept heures du lundi au mercredi et seize heures du jeudi au vendredi, mais sinon je suis disponible le week-end.
Je discerne le bruit de papier que l'on feuillette.
— Ça tombe plutôt bien. J'ai une disponibilité jeudi prochain à seize heure trente si cela n'est pas trop contraignant pour vous. J'ignore combien de temps vous prenez pour un trajet en moto.
Il est très attentif dites donc. Logique pour un psy me diriez-vous ?
— Quelques minutes seulement, alors... tout est OK. Du coup on se dit jeudi à seize heure trente ?
— Très bien. Puis-je avoir votre nom et prénom s'il vous plaît ?
— Léonard Moreau.
Il marque un temps, probablement pour l'écrire.
— Le numéro qui s'affiche est bien le vôtre ?
Je lui confirme que oui.
— C'est noté pour ma part. Je vous dis donc à jeudi prochain, monsieur Moreau, prononce-t-il d'une voix lente et souriante qui me fait déglutir.
On aurait presque dit qu'il... Non. Je ne dois pas me faire des idées comme ça. Il s'agit d'un professionnel dont c'est le métier, pas d'Isaac. Je reprends mon sérieux.
— À jeudi... Au revoir.
Et je raccroche en premier.
Putain ! Je ne peux pas croire que je l'ai fait.
Mon portable sur la table, je mets mes deux mains sur celle-ci et soupire pour évacuer la pression. Seigneur... J'étais beaucoup moins stressé pour mon premier tatouage. Le seul d'ailleurs. Ma conscience ne m'avait pas lâcher pendant plus de trois mois pour me faire tatouer l'emblème d'Assassin's Creed sur le poignet gauche, inspiré du personnage de Connor représenté par un loup et de flèches.
On peut dire que je l'ai dans la peau.
Malheureusement, penser à lui ne comble pas mes inquiétudes quant au rendez-vous. Les questions que je me pose m'en empêche. Pas moyen de m'entendre penser. Sachant que ça ne m'aiderait en rien, je pars déballer le cadeau de mon meilleur ami et le place dans ma vitrine près de la télé, là où j'ai l'occasion de l'admirer.
***
Le repas le lendemain chez Noah et Arya ne m'avait libéré l'esprit qu'un court instant. Durant toute l'après-midi, je n'ai pas cessé de me torturer. Je ne lui ai encore rien dit et je ne sais pas pourquoi. Pas par honte, ça c'est certain, parce que j'ai l'habitude de me confier sur des aspects de ma vie privée. Ce mec-là en sait plus que tout le monde. Voilà ce qui arrive quand on se côtoie depuis la primaire.
J'attendrai pour tout lui avouer. Une fois que mon problème sera réglé.
Le sera-t-il un jour ?
Je l'espère.
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Seductive Therapy (romance MxM)
Romance[1ER JET NON CORRIGÉ] Quand plaisir et apprentissage font bon ménage. Léo, jeune étudiant de 24 ans à l'université de journalisme, n'a jamais connu le plaisir que peut procurer le sexe entre hommes, même si son attitude désinvolte et provocatrice po...