Baiser

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Newt était debout sur le pont, tenant fermement sa valise dans sa main, sautant presque sur place. Sa main était tellement serrée autour de la poignée que sa peau bronzée était blanche autour de ses phalanges.

Le bateau allait horriblement lentement, mais heureusement, les quais se rapprochaient à un rythme régulier, même si Newt avait vu des escargots aller plus vite que le paquebot. Il était sur le point de se remettre à faire les cent pas, quand une voix amusée lui parvint.

« Je vous ai vu faire les cent pas sur ce pont tous les jours depuis que nous sommes partis. »

Newt sursauta légèrement à l'intrusion, puis il se retourna pour voir un vieux couple.

La femme qui avait parlé avait une étincelle dans les yeux, qui lui faisait étrangement penser à la fois à sa mère et à Queenie.

Son mari ne semblait pas avoir remarqué leur interaction, et il lisait un livre, qui se trouvait être de Charles Dickens. La femme hocha la tête et continua.

« Tous les jours, mais d'habitude, vous n'êtes pas aussi frénétique. Je suppose que la raison qui vous rend si nerveux se rapproche. »

Newt ouvrit la bouche puis regarda le sol, frottant sa poche.

« Depuis combien de temps ne l'avez-vous pas vue? »

Comment a-t-elle—

« Vous pouvez lire dans les pensées, n'est-ce pas? »

« Sorcellerie? Ça n'existe pas, mon garçon, » pouffa-t-elle, et Newt dû s'empêcher de rire, pensant à la baguette cachée dans son manteau, au Botruc endormi dans sa poche et à son amie qui n'était qu'à quelques kilomètres et qui pouvait littéralement lire dans les pensées.

« Mais j'ai vu assez d'hommes fous amoureux dans ma vie. Alors, depuis combien de temps? »

Cette femme a vraiment du flair.

« Euh, pus de deux mois. »

« Deux mois! Pas besoin de se demander pourquoi vous faites les cent pas! »

Malgré ces manières qui lui rappelaient quelque peu les femmes Sang-Pur qui ne vivaient que pour les potins, Newt se retrouvait inexplicablement attiré vers elle, et il vint s'adosser au mur sur lequel était posé le banc où elle était assise avec son mari.

« Cela n'a pas été facile, malgré mon travail que j'adore, parce que je me sens vraiment seul sans elle. »

« Je n'ai aucun doute qu'elle ressente la même chose. Il est parti pendant quatre ans pendant la Grande Guerre, tout comme vous, j'imagine. Ça m'a rendu presque folle de n'avoir que des lettres. »

L'homme à ses côtés lui adressa un petit sourire avant de retourner à son livre, et Newt acquiesça dans une tentative de ne pas sembler aussi mal à l'aise qu'il ne l'était.

Puis, avant qu'un qu'un réel silence ne puisse s'installer, il se sentit vouloir donner des informations.

« Elle, euh, est américaine, alors après la semaine où nous nous sommes rencontrés, je ne l'ai pas vue pendant neuf mois. Mais les choses ont changé—»

« Les choses changent toujours. Rien ne reste pareil, mon cher. La seul chose qui reste comme avant, c'est que tout change. Mais cette jeune femme a l'air adorable. »

« Elle l'est. Elle s'appelle Tina, et elle travail comme au— dans les forces de l'ordre, » corrigea-t-il rapidement. La femme ne parut pas remarquer son bafouillage, et elle hocha la tête.

« Elle a l'air adorable, mais je devine que vous ne lui avez pas encore passé la bague au doigt. J'ai l'impression que vous seriez beaucoup plus... vocal si vous l'aviez fait. »

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