Avant-propos :
Une petite histoire de vengeance n'est pas une romance toxique.
Je posterai un chapitre par jour jusqu'au chapitre 20 environ. Après, ce sera selon mon rythme d'écriture.
Le personnage principal ayant été victime de harcèlement du fait de son orientation sexuelle, la thématique est présente tout au long de l'histoire.
On est sur du Ennemies to lovers et donc du Slow Burn.
Il ne me reste plus qu'à souhaiter une bonne lecture aux personnes qui auront envie de passer par là.
A bientôt,
Singulfant
1 : Retrouvailles
Ce n'est pas un homme qui s'avance vers lui, c'est un requin en costard-cravate. Adam ne se laisse pas impressionner. Les chaussures impeccables, les ongles soignés, les sourires aimables, il voit ça à longueur de journée. Un regard lui suffit pour cerner Stéphane Lacourt : un de ces patrons de province qui se prend pour Elon Musk. Adam le regarde de haut. Il n'a rien contre la campagne : il est né à quelques kilomètres d'ici, il y a grandi. Mais il ne peut s'empêcher de penser que les requins parisiens qu'il a l'habitude de fréquenter ont plus de classe.
– Monsieur Bathily ! Quelle joie de vous rencontrer enfin !
Le ton enthousiaste de Lacourt dissimule mal son stress. Adam accepte la main tendue et se prête au jeu de la visite guidée. L'entreprise STL est implantée sur un parc arboré. Les bâtiments ont été rénovés récemment. À l'entrée, un PC sécurité ultra-moderne filtre les visiteurs. Lacourt parle presque sans respirer, un miracle s'il ne s'est pas encore étouffé. Il parcourt les allées goudronnées, pointe les bâtiments du doigt, décrit les process de production, glisse à chaque fois le nombre de salariés employés. Adam écoute avec un intérêt poli, répond du bout des lèvres. Il va passer les trois prochains mois à jauger cette entreprise, disséquer son fonctionnement, élaborer des projections et des plans stratégiques, le tout pour décider si oui ou non elle mérite d'intégrer le grand groupe américain pour lequel il travaille. À la clé, la bagatelle de dix-huit millions d'investissement. Adam n'est pas là pour faire ami-ami avec le patron.
– Vous souhaitez peut-être étudier les documents au bureau ? demande Lacourt.
Adam opine. Le voyage en taxi l'a secoué, mais le grand air a chassé son mal des transports. Il espère tomber sur un autre chauffeur, ce soir, pour le trajet retour. Quelqu'un à la conduite posée, sans à-coups. À côté de lui, Lacourt s'est enfin tu. Il jauge Adam, se demande comment il va réussir à amadouer ce jeune Noir qui a fait la une de Challenges. Et s'il laissait échapper une phrase malheureuse ? Les gens sont si susceptibles aujourd'hui, on ne peut plus rien dire. Ça aurait pu être pire, songe Lacourt avec toute la philosophie dont il est capable. Ça aurait pu être une femme.
Dans le silence qui s'est installé, on n'entend que sa respiration sifflante. Adam a le temps de penser qu'il s'est trompé, que ce quinquagénaire nerveux et essoufflé n'a rien d'un requin. Puis les portes vitrées du bâtiment administratif s'ouvrent devant lui et son cœur cesse de battre. Il reconnaît Thomas au premier coup d'œil : grand, carré d'épaules et de mâchoire, nez droit, yeux clairs, lèvres promptes au sourire. Quinze ans qu'ils ne se sont pas vus, mais il n'a pas changé. Enfin si, bien sûr. L'adolescent a laissé place à l'homme.
– Monsieur Lacourt, dit Thomas en inclinant la tête.
Son regard dévie vers Adam et il ajoute :
– Bonjour, Monsieur.
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Une petite histoire de vengeance
RomanceLa vie sourit à Adam. Après de brillantes études, il a grimpé les échelons d'une grosse société cotée en bourse. Directeur stratégique respecté et écouté, il fait la pluie et le beau temps autour de lui. Thomas est moins chanceux. L'entreprise qu'il...