32 - so much pain

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Confessions intimes

Confessions intimes

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JAREK

— Ça fait un peu Fast and Furious tout ça, déclare Kessyah après quelques minutes de silence.

Je lui jette un coup d'œil dans le rétroviseur et je me retiens de sourir en la voyant mi-allongée sur les sièges. Quand on lui a proposé de nous rejoindre, elle a d'abord pesté que ses parents la puniraient à vie s'ils savaient qu'elle faisait aussi souvent le mur puis elle s'est plaint de manquer cruellement de sommeil, d'où sa position actuelle. On roule depuis maintenant trente minutes sans destination précise sous la lune pleine et la radio passe les meilleurs tubes des années quatre-vingt. Pour couronner le tout, je suis accompagné de mes deux meilleurs amis. La nuit s'annonce parfaite.

— Tu fais la dernière course puis t'arrêtes, hein ?

Du coin de l'œil, je vois Ichiro qui passe inconsciemment les doigts sur sa lèvre fendue. Il vient de nous raconter toutes les courses illégales qu'il a faites pour aider sa grand-mère malade à subvenir à leurs besoins et l'adiction de sa sœur qui va en s'empirant. Je me sens tellement triste qu'il se soit senti obligé d'en arriver là pour aider sa famille et qu'il ait supporté tout ça seul. Mais surtout, je me sens comme le pire ami au monde de l'avoir abandonné au moment où il avait le plus besoin de moi. Je garde le regard fixé droit devant moi quand je reprends la parole d'une voix basse.

— Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi. À la soirée du trente-et-un, j'aurais dû voir que quelque chose n'allait pas. Comme ça, peut-être que... Peut-être que les choses se seraient passées différemment.

Ma voix flanche sur la dernière phrase et je toussote en serrant les mains sur le volant si fort que mes jointures blanchissent. J'ai le cœur lourd en pensant à ce qui a été et ne sera jamais plus. Parce que qu'on le veuille ou non, cette soirée a laissé son empreinte sur nous. On ne pourra jamais oublier l'horreur des événements qui se sont enchaînés, la vue de Kessyah sur un brancard, la peur panique qui nous a saisie, les larmes de sa famille, les coups qu'on a échangé... Un morceaux de notre innocence s'est envolé cette nuit là.

Puis, je sens une main rassurante sur mon épaule. Ichiro. Plus qu'un ami, un frère d'une autre mère.

— Avec des si on refait le monde. Je ferais cette dernière course puis j'arrête tout.

— C'est pas dangereux que tu y ailles seul ? Et s'ils employaient encore la violence pour te forcer à continuer ?

L'inquiétude dans la voix de Kessyah est palpable, et en lui jetant un coup d'œil, je ne suis pas étonné de voir qu'elle s'est redressée et qu'elle triture ses scrunchies. Dès qu'elle a vu nos blessures plus tôt, elle était très agitée. Elle a voulu nous emmener à l'hôpital mais on a tous les deux refusé parce qu'ils auraient inévitablement posé des questions auxquelles on n'aurait pas pu donner de réponse. Mis à part ma côte, je ne pense rien avoir de cassé et je pourrais toujours demander à ma mère d'examiner Ichiro et moi en rentrant.

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