Quand trois adolescents tourmentés par la vie trouvent la force de continuer à se battre dans leur amitié...
Kessyah, Jarek et Ichiro nouent un lien fort et unique lors de leur dernière année de lycée, cette période de croisement entre les derniers...
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JAREK
J'avance dans les couloirs du lycée en gardant les yeux fixés sur mon téléphone pour répondre à ma mère qui vient de m'annoncer qu'on dinait avec ma tante ce soir. Je me tends inconsciemment et ma mâchoire se contracte en pensant au fait que je vais devoir m'asseoir à la même table que mon père alors que cela fait près de trois semaines qu'on s'ignore tous les deux du mieux qu'on peut.
- Quelque chose ne va pas ?
Je baisse la tête vers Kessyah qui me regarde avec un air préoccupé. Depuis qu'on s'est mis ensemble le soir où on s'est embrassés devant chez elle, il me suffit de regarder son doux visage et me dire que cette fille est ma copine pour que mon cœur soit plus léger. C'est un ange.
- Exceptionnellement, ma mère finit de travailler tôt et elle veut qu'on ait un petit dîner de famille. Autant te dire que j'en ai aucune envie.
Mon bras est posé nonchalamment sur ses épaules et elle lève sa main pour l'entrelacer avec la mienne. Son regard noisette dévie quelques secondes vers ses baskets et elle se mordille la lèvre comme si elle hésitait à dire quelque chose. Comme je suis fasciné par ses moindres faits et gestes, je suis le mouvement des yeux et je me penche pour lui voler un rapide bisou. Je ne peux pas m'empêcher de la toucher à chaque instant, je suis complètement obsédé par cette fille.
- Si ça peut t'aider à te sentir mieux, je peux venir, déclare-t-elle soudain.
Surpris, j'écarquille les yeux en restant coi. Kessyah comprend de travers ma réaction et visiblement elle panique. Elle s'éloigne d'un pas et détache sa main de la mienne pour remettre ses tresses derrière ses oreilles. Puis elle touche ses scrunchies dans un tic nerveux.
- T'es pas obligé de dire oui bien sûr. C'était seulement si tu voulais pas te sentir seul comme je sais que c'est plutôt tendu avec ton père. Après je comprends que ce soit une mauvaise idée vu qu'on est ensemble depuis seulement une semaine et tu n'as sûrement aucune envie de mettre tes parents au courant, ce qui est normal. Sinon je peux toujours venir en tant qu'amie si t'as besoin de soutien. Je veux pas que tu te sentes obligé de faire quoi que ce soit qui te mette mal à l'aise. Tu sais quoi, oublie ce que je viens de dire. C'était bête, j'ai pas réfléchi et-
- Kessyah, respire.
Je prends son visage entre mes mains pour forcer son regard fuyant à rencontrer le mien. Elle prend une grande inspiration et je lui souris pour qu'elle se détende. Elle me rend un sourire un peu timide et mon cœur fond.
- Désolée j'ai tendance à débiter quand je suis nerveuse.
- Tu n'as pas à être nerveuse avec moi, ok ? (Elle hoche la tête.) Et arrête de t'excuser pour rien. Ça me ferait vraiment plaisir que tu viennes avec moi ce soir. Ma mère t'adore, tu sais ? Mais je dois te prévenir qu'avec mon père présent l'atmosphère risque d'être pesante.
