Chapitre 20 | Le grand départ (1)

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Je tremble encore sous le coup de l'émotion, sentant chaque fibre de mon être vibrer d'une intensité que je n'avais jamais ressentie auparavant. Mon esprit peine à assimiler la nouvelle, c'est comme si le temps s'était figé. Les murs de la cuisine me semblent flous et lointains, comme si je flottais dans un rêve éveillé. Gabriel l'a fait. Il a réussi à planifier une opération de greffe de foie pour ma mère. Cette phrase tourne en boucle dans ma tête, chaque répétition la rendant un peu plus réelle, un peu plus palpable. Mes pensées tourbillonnent, un mélange de gratitude et de soulagement s'entremêlant avec une vague de peur et d'espoir. Je lui saute dans les bras, incapable de prononcer un seul mot pour le remercier. La texture douce de sa chemise contre ma joue, le battement régulier de son cœur sous ma main, tout contribue à ancrer ce moment dans la réalité. Ses bras m'enveloppent et je sens la chaleur rassurante de son étreinte. Mon cœur, battant la chamade, semble vouloir exploser de reconnaissance.

Je sens soudainement le nuage de problèmes qui planait au-dessus de nos vies commencer à se dissiper. Chaque inquiétude, chaque nuit d'insomnie, semble s'effacer progressivement comme une brume matinale sous le soleil. Je suis consciente qu'il s'agit d'une opération à risque, mais il y a également des chances que cela guérisse ma mère. Cet espoir est une flamme vacillante dans l'obscurité, fragile mais lumineuse. Je m'accroche uniquement à cet espoir. Cet espoir qui m'a souvent semblé si lointain et fragile, mais qui aujourd'hui, grâce à Gabriel, devient presque tangible.

— J'appelle ma mère, je souffle à Gabriel.

— Bien entendu !

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer le tumulte intérieur. L'air semble plus frais, plus vif, comme si chaque respiration apportait une nouvelle clarté. Je m'adosse à l'îlot central de la cuisine et téléphone à ma mère. La surface froide de l'îlot contre mon dos contraste avec la chaleur qui émane de moi. Les bords lisses du marbre sous mes doigts me rappellent la solidité dont j'ai besoin en ce moment. Mon cœur bat de plus en plus fort à chaque sonnerie, l'excitation montant en moi comme une vague. L'attente est insupportable, chaque seconde semblant durer une éternité, l'incertitude pesant sur mes épaules comme un poids immense. Finalement, ma mère décroche. Sans qu'elle n'ait le temps de dire « allô », je m'exclame :

— Maman ! On a une date pour ta greffe de foie !

Un silence suit, lourd et chargé d'émotions. Je peux presque entendre les rouages de son esprit en train de traiter l'information. Chaque seconde de ce silence est une éternité où l'espoir et la peur se battent pour dominer. Je visualise son visage, l'incrédulité qui doit marquer ses traits, ses yeux probablement écarquillés de surprise. J'imagine ses mains tremblantes, son souffle suspendu, et je ressens une connexion profonde à travers la distance.

— Comment ça ma Mimi ?

— Gabriel connaît un chirurgien américain, qui est un ami de la famille. Ce dernier a accepté de lui rendre service, étant donné que je suis sa femme maintenant. Il sera à une conférence à Madrid dans les prochaines semaines. Il a des contacts là-bas qui ont réussi à te placer en haut de la liste des receveurs !

De nouveau, un silence indescriptible s'installe. Je lui laisse un moment pour digérer la nouvelle. Le silence n'est interrompu que par le léger bourdonnement des appareils électroménagers dans la cuisine, créant une atmosphère étrangement apaisante malgré l'intensité du moment. Dans ce même temps, je me tourne vers Gabriel, qui tente de comprendre ce qui se passe. Ses yeux cherchent les miens, inquiets mais pleins de soutien, comme des phares dans une tempête. Je lui fais signe que tout va bien et son visage se détend de soulagement. Son soulagement devient le mien, et je sens un poids se lever légèrement de mes épaules.

Ma mère, après son temps de réflexion, revient vers moi :

— Mia, c'est vraiment adorable de la part de Gabriel, remercie-le. Mais est-ce bien légal ?

Sa voix trahit une inquiétude profonde, une peur sous-jacente de complications futures.

Honnêtement ? Je n'en suis pas sûre. Jouer avec les privilèges du nom de famille n'est pas très juste. Je me mords légèrement la lèvre inférieure, consciente du dilemme moral que cela représente. Un sentiment de culpabilité se mêle à ma gratitude, un rappel constant que cette chance inespérée n'est pas sans conséquence. Mais pour une fois dans ma vie, je vais profiter de cet avantage pour ma mère. Alors, je lui réponds :

— Oui, Maman, ne t'en fais pas. (Je force un sourire que je sais qu'elle ne peut pas voir, mais qui, j'espère, transparaît dans ma voix.) Le fait de t'avoir inscrite à Madrid, ta ville natale, a permis de te rendre prioritaire, chose que tu n'aurais pas eue en France.

Je sens que ma mère n'est pas convaincue par mon explication. Ou peut-être, elle sent que je mens. L'incertitude plane dans l'air comme une brume épaisse. Chaque mot que je prononce semble ajouter une nouvelle couche de complexité à notre situation déjà fragile. Je décide de ne pas trop m'étaler sur les détails pour ne pas me trahir. Chaque mot doit être pesé avec soin, chaque inflexion de voix contrôlée pour éviter de dévoiler mes doutes.

Finalement, un sanglot s'échappe et elle chuchote :

— Merci.

Des larmes de soulagement coulent également sur mes joues, traçant des sillons chauds et salés. Gabriel se poste à côté de moi, prêt à me soutenir si j'en ressens le besoin. Sa présence solide est une ancre dans cette mer de tumultes émotionnels. Sa main sur mon épaule me rappelle que je ne suis pas seule dans cette épreuve.

Avant que je ne puisse discuter de l'organisation, ma mère pose sa condition :

— Ma Mimi, je te demande seulement de me laisser y aller seule.

— Non Maman, je veux t'accompagner ! je proteste, sentant mon cœur se serrer à l'idée de ne pas être à ses côtés.

— Mia, s'il te plaît, me dit-elle d'une voix douce, mais ferme. Je voudrais que tu restes près de ton mari en France. On ne sait jamais, si les choses tournent mal.


***

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xoxo

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