Chapitre 17 | Faux mariage (1)

22 3 6
                                    

C'est officiel, je suis une Montclar. Ce nouveau nom résonne étrangement en moi, comme un vêtement encore inconnu qui commence lentement à épouser mes contours. C'est un sentiment étrange, mais je commence enfin à apprécier et à me détendre. Nous nous retrouvons, tous les trois cents invités, dans le jardin du manoir, pour célébrer notre union avec Gabriel. Le jardin est un véritable enchantement : des guirlandes lumineuses suspendues aux arbres diffusent une lumière douce et féérique, les fleurs éclatantes sont arrangées avec un goût exquis, et des tables élégamment dressées sous de grandes tentes blanches invitent les convives à se poser et à profiter de la fête. Durant le cocktail, Gabriel et moi allons saluer tous les invités et les remercions pour leur présence. Les rires et les conversations joyeuses créent une atmosphère festive et chaleureuse. La plupart des invités ont été conviés par la famille Montclar.

— Finalement, c'est plus facile que ce que je pensais, je chuchote à Gabriel.

— Je suis d'accord. J'en viens même à prendre du plaisir.

Nous échangeons un sourire complice, savourant la légèreté du moment. Nous nous amusons à raconter notre rencontre à ceux qui le demandent, tout en ajoutant un détail absurde, pour déstabiliser les invités de Bernard et Isabelle de Montclar. Le jeu nous procure une joie enfantine, chaque réaction surprise ajoutant à notre complicité.

Je partage également un moment avec les amis de Gabriel, qui se sont mélangés à mon groupe d'amis. Les discussions sont animées, les verres se remplissent et se vident à un rythme effréné, et l'alcool coule à flots, ajoutant à l'euphorie générale. Théophile, le meilleur ami et témoin de Gabriel, est déchaîné et ne cesse de faire fuiter des anecdotes sur son ami, mais toujours avec bienveillance. Ses histoires provoquent des éclats de rire, allégeant encore plus l'atmosphère.

— Et puis, il y a eu cette fois où Gabriel a décidé de faire du camping sauvage... commence Théophile avec un sourire malicieux. On était en pleine forêt, et au milieu de la nuit, il s'est réveillé en hurlant à cause d'un raton laveur qui avait décidé de fouiller dans ses affaires. Il a fallu tout le reste de la nuit pour le calmer et le convaincre que le raton laveur n'était pas un ours !

Les invités éclatent de rire, et Gabriel, légèrement embarrassé, l'interrompt :

— Je pense qu'on a eu notre dose ! Rappelle-moi de te rendre la pareille à ton mariage !

— Je n'y manquerai pas mon pote !

Théophile enchaîne avec une autre histoire, ignorant la tentative de Gabriel de changer de sujet.

— Et n'oublions pas le jour où Gabriel a décidé de cuisiner pour nous tous, en vacances. Il avait suivi une recette compliquée de soufflé, et tout allait bien jusqu'à ce que le four explose. On a fini par manger des pizzas ce soir-là, mais on n'a jamais récupéré la caution de l'appartement !

Encore une fois, les rires fusent, et Gabriel, les joues rougies par l'embarras, secoue la tête en riant :

— Vraiment, Théophile, je t'en dois une !

Les éclats de rire continuent, et la bonne humeur est contagieuse.

Au loin, je distingue ma mère en pleine conversation avec Bernard de Montclar. Elle se tient droite, ses traits marqués par une légère nervosité, tandis que Bernard semble arborer son habituel air imperturbable. Je m'excuse auprès du groupe et les rejoins, intriguée. Mon cœur s'accélère, redoutant une possible confrontation. En m'approchant, je découvre mon nouveau beau-père souriant, contrastant totalement avec l'image glaciale dont il se pare depuis notre première rencontre. Son visage, d'habitude si sévère, est éclairé par un sourire chaleureux qui adoucit ses traits austères. Lorsqu'il me remarque, son sourire s'amplifie.

— Mia ! Je proposais justement à ta mère de s'installer au manoir. Maintenant que vous faites partie de la famille.

Je ne m'attendais pas à une telle proposition. Un mélange de surprise et de méfiance m'envahit. Il est certain qu'Isabelle n'a pas eu de droit de veto sur cette décision. Ma mère s'empresse de répondre :

— C'est vraiment gentil Monsieur de Montclar, mais je suis attachée à mon appartement.

— N'hésitez pas à me le faire savoir si vous changez d'avis.

Son ton amical me déstabilise davantage. Il se montre tellement sympathique, dépeignant le portrait dressé par son fils. Bernard me fixe de ses yeux clairs, pleins d'une chaleur inattendue, contrastant avec sa stature imposante et son allure de patriarche. Une qui n'a cependant pas changé son attitude, c'est Isabelle. Sa présence se fait sentir avant même que je ne la voie, comme une ombre menaçante. Cette dernière se joint à nous et me demande de discuter « entre femmes ». Je la suis, sans grande envie. Chaque pas vers elle alourdit mon cœur, un poids invisible s'accumulant dans ma poitrine. Nous nous installons un peu à l'écart du cocktail, autour d'une table haute. La brise légère ne parvient pas à dissiper la tension entre nous. Elle me propose une coupe de champagne que j'accepte, même si l'idée qu'elle l'ait empoisonnée traverse brièvement mon esprit.

— Bienvenue dans la famille, chantonne-t-elle d'un ton totalement hypocrite.

Son sourire est aussi froid que la glace, ses lèvres pincées laissant à peine entrevoir ses dents parfaitement alignées. Je décide de rentrer dans son jeu et appuie :

— Merci. Je suis actuellement la femme la plus comblée du monde.

Elle m'offre un sourire forcé, les yeux plissés pour que je ne décèle pas son mépris. Ses yeux, d'un bleu acier, se plissent en une fine ligne de suspicion, trahissant son véritable ressenti. Puis sans perdre davantage de temps, elle rentre dans le vif du sujet. Son visage se durcit, les traits se crispent, abandonnant toute prétention de cordialité.

— Je vois très bien à quel jeu tu joues, mais ça ne va pas passer avec moi !

— Je ne vois pas de quoi vous parlez Isabelle, je dis avec le plus grand calme.

Elle se penche légèrement en avant, rapprochant son visage du mien, ses yeux lançant des éclairs de colère froide.

— Ce mariage n'est qu'un piège. Tu n'es là que pour le nom des Montclar, pour l'argent et tout ce que cela représente.

Je soutiens son regard, en tentant de ne rien laisser transparaître. Mais au fond de moi, une tempête de panique gronde. Isabelle scrute chaque nuance de mon expression, cherchant la moindre faille.

— Alors compte sur moi, reprend-t-elle d'une voix basse et tranchante. Je ne vais pas te lâcher avec Gabriel. Il est hors de question qu'une fille de bonne ne salisse la réputation de la famille. Je vais veiller à ce que chaque pas que tu fais dans cette maison soit surveillé. Chaque erreur, chaque faux pas, je serai là pour te rappeler ta place.

En une fraction de seconde, elle reprend son sourire hypocrite et me caresse la joue, son geste glacé et mécanique. Avant de tourner les talons et de retourner à la fête, elle murmure :

— Souviens-toi, Mia, je n'oublie jamais.

Je reste un instant sous le choc de cette entrevue, les mots d'Isabelle résonnant dans ma tête comme un écho sinistre. La menace implicite dans ses paroles pèse lourdement sur mes épaules, transformant la douce soirée en un champ de bataille psychologique. Finalement, les choses ne sont pas aussi faciles qu'elles en avaient l'air.


***

Bonjour à tous, comment allez-vous ?

- Qu'avez-vous pensé du chapitre ?

- Mia et Gabriel enfin mariés ! Est-ce que les choses vont évoluer ?

- Isabelle est-elle vraiment à craindre ?

- Que se passera-t-il ensuite ?

Merci pour tous vos votes et commentaires ! Je vous donne rendez-vous demain pour la suite !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant