Chapitre 3 | Inquiétudes (2)

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Une fois dans le salon, je libère mon anxiété quant à l'état de santé de ma mère. Je tourne en rond, réfléchissant à ce que je pourrais faire pour l'aider. Je pense à ses mains tremblantes, à son visage émacié, et à la fièvre qui ne semble pas vouloir céder. Il faut savoir que ma mère déteste se rendre chez le médecin. Elle n'acceptera d'y aller que si elle y est obligée. Mais comment le lui faire comprendre ?

Mon regard fuit vers mon ordinateur portable. Je déteste consulter internet pour les symptômes, car cela mène souvent à des diagnostics alarmants. Seulement aujourd'hui, une partie de moi pense qu'il s'agirait du moyen de convaincre ma mère de consulter un professionnel. L'idée de découvrir quelque chose de grave me terrifie, mais l'incertitude est encore pire.

Je conclus un pacte silencieux avec moi-même, me promettant d'arrêter mes recherches dès que cela deviendrait insupportable à lire. J'ouvre avec appréhension mon ordinateur portable et commence à noter les symptômes que j'ai pu observer chez ma mère : fatigue, perte d'appétit, fièvre et teint jaunâtre. Je ressens une boule d'angoisse grandir dans ma gorge à mesure que je tape les symptômes. Je ne lance pas immédiatement la recherche. Il existe encore une partie de moi qui refuse de consulter internet.

Sans réfléchir, je ferme brusquement mon ordinateur portable et décide de me lancer dans une petite séance de yoga. Habituellement, quand je me sens stressée ou angoissée, le yoga m'aide à faire le vide dans ma tête et à prendre du recul sur la situation. J'espère que cela fonctionnera également ce soir.

J'enfile une brassière de sport, ainsi qu'un legging et dépose mon tapis au sol. Le tapis, d'un bleu océan, se déroule avec un léger froissement sur le parquet, créant un îlot de tranquillité au milieu de mon salon. Je lance une vidéo sur mon téléphone et me laisse emporter par la musique relaxante, en imitant les mouvements de la coach. Les premières notes de la mélodie douce et apaisante remplissent la pièce, contrastant avec le tourbillon de pensées dans ma tête. La voix calme de la coach, une femme aux gestes gracieux et assurés, me guide à travers les positions. Je prends de profondes inspirations et ferme les yeux pour vider mon esprit agité. L'odeur de mon tapis de yoga, mélange de caoutchouc neuf et de lavande de la dernière séance, me parvient aux narines, m'aidant à me concentrer.

Cependant, ce soir, chaque mouvement semble un défi insurmontable. Je commence par une posture de l'enfant, mais mes muscles sont tendus, refusant de se relâcher complètement. Passant ensuite à la salutation au soleil, mes bras tremblent en essayant de maintenir une planche correcte. Je ne sais pas si c'est parce que je viens de manger ou si c'est parce que ma tête est trop lourde en ce moment, mais je ne parviens pas à effectuer une seule figure de yoga. La posture du guerrier me paraît une épreuve herculéenne, mes jambes vacillent et mon équilibre me trahit à chaque instant. Même la posture de l'arbre, que je maîtrise habituellement les yeux fermés, devient un casse-tête, mes pieds refusant de se stabiliser.

Pourtant, je ne suis pas mauvaise d'habitude, ayant un bon centre d'équilibre grâce à la danse. La danse m'a toujours apporté un certain contrôle de mon corps, une grâce naturelle qui me fait défaut ce soir. Chaque étirement semble douloureux, chaque flexion une lutte. Je tente de nouveau ma chance, mais je ne cesse de me casser la figure. Mon esprit est trop préoccupé par l'image de ma mère allongée, épuisée et fiévreuse, cette image s'impose constamment dans mes pensées, rendant toute concentration impossible. Sa silhouette frêle et son souffle lourd hantent mes mouvements, me faisant perdre pied à chaque instant.

Je décide d'arrêter avant de me blesser ou de réveiller ma mère. Je m'assieds sur mon tapis, essoufflée, et regarde autour de moi, la pièce plongée dans une semi-obscurité. Les ombres des meubles dansent doucement sous les reflets de la vidéo encore en cours, mais je n'y trouve aucun réconfort. Mon esprit est trop agité, et la tentative de relaxation par le yoga a échoué ce soir. Je range mon tapis avec un soupir, sentant un poids supplémentaire s'ajouter à ma fatigue mentale et physique.

Je m'enfonce profondément dans le canapé et regarde dans le vide. Mon cerveau, lui, ne semble pas décidé à me laisser tranquille avant que je n'appuie sur « rechercher ». Je cède finalement à la tentation et me saisis de mon ordinateur portable. D'un doigt hésitant et tremblant, je lance la recherche.

Mon cœur bat tandis que l'ordinateur charge les résultats, qui ne tardent pas à arriver. Cette fois-ci, je ne laisse pas de place à l'hésitation et plonge directement dans le vif du sujet. Les premiers résultats confirment mes craintes : il s'agit très probablement d'une maladie du foie. Les mots « hépatite », « cirrhose », et « cancer » clignotent dans mon esprit comme des signaux d'alarme. Mes yeux parcourent en diagonale les différents articles sur les maladies dont ma mère pourrait être atteinte.

Je sens une compression de plus en plus intense dans ma poitrine à chaque ligne que je lis. Mon souffle s'accélère au rythme de mes jambes qui frappent frénétiquement le sol, sans que je n'aie aucun contrôle dessus. À ce moment-là, mon cerveau se déconnecte de mon corps, qui cède à la panique. Les yeux rivés sur l'écran de mon ordinateur, j'ai l'impression que mon esprit est dissocié de mon corps.

Dans un moment de lucidité, je parviens à réunir toutes mes forces pour fermer l'écran de mon ordinateur et arrêter tout cela. Je me laisse tomber dans le canapé et passe dans un état second. La pièce semble tourner tout autour de moi. Mes mains et mes jambes se ramollissent, tandis que je commence à ressentir des hauts de cœur. Je repense à ma mère, seule dans sa chambre, luttant contre la maladie avec une force que je ne possède pas.

Je savais que c'était une mauvaise idée de m'informer sur internet. Cela n'a servi qu'à m'inquiéter davantage. Une fois que je parviens à retrouver un semblant de calme, je me prépare à me mettre au lit. Je n'arrive pas à vider ma tête de ces pensées parasites. Je ressens un mélange d'impuissance et de terreur à l'idée de perdre ma mère.

Je finis par me coucher, mais j'ai beaucoup de mal à trouver le sommeil. Je suis agitée. Un coup j'ai chaud, la seconde suivante j'ai froid. Je fais des exercices de respiration pour essayer de retrouver du bon sens.

— Ce n'est sûrement pas si grave, je me chuchote. Internet empire toujours les symptômes.

Étrangement, cela m'aide à m'apaiser un peu. Je me laisse porter par diverses pensées, avant de finalement succomber au sommeil. Mais même dans mes rêves, l'ombre de l'inquiétude persiste, et le visage de ma mère ne me quitte pas.


***

Bonjour ! Comment allez-vous ?

- Quels sont vos avis sur ce chapitre ?

- Comment Mia va-t-elle gérer la situation ?

- Pensez-vous qu'elle s'inquiète  pour rien ?

- Que pensez-vous qu'il va se passer dans la suite du roman ?

Merci pour vos votes et commentaires ! Je vous souhaite une bonne journée et je vous dis à demain !

xoxo


Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant