Chapitre 11 | Écrire notre histoire (1)

25 4 6
                                    

Je me réveille, la tête encore un peu embrumée par le rêve que j'ai fait cette nuit à propos de ce faux mariage avec Gabriel de Montclar. Tout se passait bien au début : ma mère et moi avions emménagé au manoir, où chaque pièce reflétait un luxe raffiné et intimidant, nous changeant de notre quotidien. Gabriel avait tenu sa parole et avait payé les soins de ma mère, qui était à présent guérie. Cependant, le rêve a vite viré au cauchemar : des agents de l'immigration, leurs visages sévères et impitoyables, sont venus m'arracher ma mère et l'ont renvoyée hors de France, tandis que moi, je me retrouvais en prison, seule et désemparée. Suite à cela, je n'ai pas vraiment réussi à me rendormir, les images troublantes continuant de hanter mon esprit.

Je me prépare rapidement et sors de chez moi quinze minutes avant l'heure habituelle. C'est agréable, car à présent, à l'heure où je quitte la maison le matin, le soleil commence à se lever, projetant une douce lueur dorée sur les bâtiments encore endormis. Les oiseaux se réveillent tandis que j'accélère le pas vers la gare. Leurs chants mélodieux contrastent avec le tumulte de mes pensées. Je ne peux m'empêcher de repenser à mon rêve de cette nuit et me demander si accepter la proposition de Gabriel était une bonne idée

J'arrive au manoir, qui se dresse majestueusement sous le ciel bleu parsemé de nuages cotonneux. Je dépose mes affaires personnelles dans mon casier, puis vais voir Jérôme pour récupérer mon emploi du temps de la journée.

— Bonjour Mia, me salue le majordome. Aujourd'hui, vous êtes réquisitionnée par monsieur Gabriel de Montclar.

Je hausse les sourcils, perplexe. Qu'est-ce que cela signifie ? Une multitude de questions envahit mon esprit. J'ignore si j'ai posé cette question à voix haute, mais Jérôme me répond :

— Monsieur Gabriel de Montclar m'a seulement demandé à ce que vous l'aidiez aujourd'hui sur divers sujets.

J'analyse le visage du majordome du manoir. Son expression est impassible, révélant une habitude professionnelle à ne pas poser de questions. Il ne paraît pas en savoir davantage, ce qui signifie que Gabriel a tenu sa part du marché, qui était de n'en parler à personne pour le moment. J'acquiesce d'un faible mouvement de la tête et me rends directement vers la chambre de Gabriel, comme me l'a indiqué Jérôme.

Les couloirs du manoir sont silencieux, le parfum délicat des fleurs fraîches embaume l'air, créant une atmosphère à la fois apaisante et étouffante. Arrivée face à la porte de la chambre, j'hésite un instant avant de frapper. J'ignore toujours ce que je vais dire à Gabriel. Depuis ce matin, une bataille fait rage en moi, entre raison et nécessité. Finalement, je prends une profonde inspiration et frappe à la porte.

Je patiente deux petites minutes, le silence pesant accentuant mon malaise. En collant mon oreille à la porte, je n'entends absolument rien. Une anxiété sourde commence à monter en moi. Je crains que Gabriel ne dorme encore. J'ignore si je peux me permettre de le réveiller, ou si je dois juste attendre ici. Mon esprit oscille entre la politesse et l'urgence de la situation. Je décide de toquer une seconde fois, et sinon, je patienterai. Cette fois-ci, j'entends immédiatement un « j'arrive » provenant de l'autre côté. Gabriel m'ouvre la porte de sa chambre et je le découvre vêtu d'un simple boxer noir. Le contraste entre sa décontraction et ma nervosité est saisissant. Mes joues s'enflamment tandis que je détourne mon regard de son torse sculpté comme celui de l'une de ces statues grecques qui décorent les couloirs du manoir.

— Désolé, s'esclaffe-t-il en décelant ma gêne. J'enfile un tee-shirt et un pantalon tout de suite. Entre !

Tandis qu'il file se changer dans le dressing qui occupe une pièce à part entière dans sa chambre, je pénètre dans la chambre, d'un pas timide. La pièce est vaste et élégante, ornée de meubles anciens et de tapis épais. La chaleur de la nuit réchauffe mon corps qui a été refroidi par l'aube printanière. J'ouvre les rideaux, laissant entrer un doux filet de lumière dans la pièce. Les rayons du soleil jouent sur les dorures des meubles, apportant une touche de vie à l'atmosphère feutrée. Je commence à faire le lit, mais Gabriel intervient :

— Non Mia, ne t'en occupes pas, je vais le faire !

— Ce n'est rien, c'est mon travail après tout.

— Mais tu n'es pas là pour ça, alors laisse-moi faire.

Son ton est ferme, son regard déterminé. Je comprends qu'il ne changera pas d'avis, alors je lâche la couette et croise les bras. Je l'observe en silence, impressionnée par la précision et la rigueur de ses gestes. Gabriel fait son lit de manière quasi militaire, ce qui m'impressionne pour une personne qui a toujours vécu avec des domestiques. Il me surprend par sa discipline et son respect pour le travail des autres. Il m'explique :

— Ma mère m'a toujours appris à faire les tâches ménagères de base, en appuyant sur le fait que bien que nous ayons des domestiques, ce ne sont nos servants et que cela ne nous tuera pas de faire notre lit ou de débarrasser notre assiette.

Je souris, pensant immédiatement à ma mère qui porterait ce type de discours également. L'espace d'un instant, je sens un lien se tisser entre nous, au-delà des apparences et des différences sociales. Je lui confie :

— Sincèrement, ça m'étonne que tu sois un Montclar. Ne le prends pas mal, mais l'autre jour j'ai rencontré ta belle-mère, et elle ne m'a pas semblé avoir le même discours.

Je me retiens de décharger ma haine contre cette femme que je n'ai vu qu'une fois, mais qui ne m'a pas fait bonne impression.

— Isabelle est une vraie sorcière, ricane Gabriel. Et mon père, comment dire ? Il n'est pas aussi hautain qu'Isabelle, mais bon, il n'a pas tout ce respect que ma mère avait.

J'esquisse un léger sourire, remarquant que l'évocation de sa mère, disparue depuis vingt ans, est encore un souvenir douloureux.

Un silence respectueux s'installe, chargé de non-dits et de souvenirs. Gabriel claque ses mains, comme pour nous faire revenir tous les deux à la réalité, ce qui me fait sursauter. Son geste rompt la tension et nous ramène à l'instant présent. Sans perdre davantage de temps, il nous plonge dans le vif du sujet :

— Mia, tu m'as dit que tu étais d'accord pour ce que je t'ai demandé hier !

— Je...

Je tente de protester et lui faire part de mes derniers doutes, mais Gabriel ne m'en laisse pas le temps :

— Donc quelles étaient tes conditions ?

***

Bonjour à tous, comment allez-vous ?

- Qu'avez-vous pensé du chapitre ?

- Comment trouvez-vous le personnage de Gabriel pour le moment ?

- Selon vous, quelles sont les conditions que Mia va poser ?

- Des idées sur la suite des évènements ?

Merci pour vos votes et commentaires !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant