Chapitre 16 | Mon oui contre ton nom (1)

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Le temps est passé bien trop vite. Le mariage aura lieu demain ! Le compte à rebours a commencé et je suis prise d'une vague de panique et de remise en question, mon cœur battant à tout rompre. Je jette un œil par la fenêtre et vois tous les domestiques du manoir s'activer pour préparer le jardin pour la réception de demain, sous les ordres de Marlène. La pelouse, d'un vert éclatant, est tondue au millimètre près, un tapis naturel parfaitement entretenu. Les fleurs arborent des couleurs printanières qui brillent sous la lumière du soleil, créant une palette de rouges, jaunes et roses éclatants, comme un tableau impressionniste vivant. Une grande tente a été montée au fond du jardin, où se déroulera le dîner et la soirée du mariage. Les pans de tissu blanc de la tente ondulent légèrement sous la brise, tandis que des lanternes en papier suspendues aux branches des arbres ajoutent une touche de magie. À l'extérieur, quelques tables hautes sont disposées pour le cocktail, ainsi qu'une grande table destinée au buffet. Des guirlandes lumineuses, encore éteintes, promettent d'illuminer la soirée d'une lueur féerique. Les chaises recouvertes de housses blanches, les nappes en lin et les centres de table composés de bougies flottantes dans des vases en verre ajoutent une élégance simple et raffinée.

— Tout va bien ?

Gabriel apparaît derrière moi et je lui confie mes doutes :

— Plus on avance, plus je me demande si tout cela était une bonne idée. Et si ton père continue à te mettre la pression pour un enfant ? Et si on ne trouve pas de solution pour ma mère ? Et si...

— Et si tout se passait bien ? me coupe Gabriel en exerçant une légère pression sur mes épaules, son regard plein de compassion et de soutien. Je comprends totalement ton stress, je subis le même. Les responsabilités, les attentes... tout cela peut être accablant. Mais la vie est faite d'incertitudes, il faut juste apprendre à passer outre nos peurs et essayer. Qui sait ? Nous aurons peut-être une jolie surprise.

Je ne connais Gabriel que depuis un mois et demi, mais il sait comment me calmer. Sa présence est devenue une ancre dans cette tempête, son regard bleu apaisant comme la mer un jour de calme. Son amitié m'est très précieuse. Je suis vraiment reconnaissante que le destin me l'ait mis sur mon chemin à ce moment compliqué de ma vie.

— Je l'espère, je souffle en fermant les yeux quelques secondes pour me ressaisir. Je vais aller voir ma mère.

— Très bien, je vais de mon côté voir ce qu'il reste à faire pour demain.

Je le regarde s'éloigner, ses pas assurés sur le gravier du jardin, et me sens un peu plus légère, comme si un poids venait de se soulever de mes épaules.

Je quitte le manoir et me dirige vers la dépendance nichée dans un coin du jardin. Depuis deux semaines, ma mère et moi vivons dans cette dépendance grâce à Gabriel. La petite maison en briques rouges, entourée de rosiers grimpants et de lavande, offre un cadre idyllique et paisible, loin de l'agitation du manoir. Il nous a mis à disposition cette petite maison, autrefois réservée au majordome de la famille, mais elle n'est plus occupée depuis une trentaine d'années. Gabriel m'a proposé cette solution pour que nous puissions jouer notre jeu de jeunes fiancés, tout en ayant ma mère proche de moi. L'intérieur, bien que modeste, a été réaménagé avec soin : des meubles anciens en bois massif, des rideaux de dentelle et des coussins moelleux apportent une ambiance chaleureuse et réconfortante. Je dois avouer que cela m'arrange énormément de ne plus faire les allers-retours entre le manoir et l'appartement de ma mère. Quant à cette dernière, elle est ravie de retourner au manoir, ce lieu qu'elle a toujours aimé.

— Coucou Maman, ça va ?

Je pousse la porte de la dépendance et trouve ma mère en train de se remuer devant la télévision. Elle suit une vidéo d'aérobic, vêtue de son survêtement préféré rose vif. Cette image me fait bien rire, mais me laisse perplexe en même temps. Ma mère m'explique :

— Je fais un peu de sport pour être belle demain !

Elle est adorable avec son sourire malicieux. Ses joues rougies par l'effort, ses yeux pétillants de détermination. Je l'embrasse et lui dis :

— Tu seras la plus belle.

— Pas autant que toi ma chérie. J'ai vraiment hâte.

Je la laisse à ses occupations et me retire dans la chambre de la dépendance, m'asseyant à mon petit bureau pour réviser une dernière fois. Le bureau, une antique pièce en bois sculpté, est couvert de mes notes, éclairé par la douce lumière d'une lampe à abat-jour en tissu. Je relis les notes que j'ai prises à propos de Gabriel : ses informations de base, ainsi que les évènements marquants de sa vie. Toutes les choses qu'une future épouse est censée savoir. Je parcours chaque ligne avec attention, murmurant les détails pour m'assurer qu'ils sont bien ancrés dans ma mémoire.

Je récite mentalement le scénario de notre histoire, que je commence à connaître par cœur à force de le répéter. Je revois les moments clé : notre rencontre fictive, nos premiers échanges, les anecdotes partagées. Il y a quelques semaines, j'ai rencontré les amis de Gabriel, qui lui ressemblent tous. Ils sont tous issus de grandes familles, portant des noms prestigieux et arborant une allure sophistiquée. Cependant aucun d'entre eux n'a eu de remarque déplacée quand ils ont appris que ma mère était femme de chambre chez les Montclar, contrairement à Isabelle qui ne s'est pas gênée pour me dévisager. Son regard froid et hautain m'a traversé, mais j'ai décidé de ne pas m'en formaliser. J'ai également présenté mes amies à Gabriel. Je les ai toutes rencontrées à la danse, et j'ai été amusée de voir Gabriel essayer de suivre nos conversations passionnées sur ce sport que nous partageons. Nos discussions étaient ponctuées de termes techniques et de souvenirs de répétitions, et il faisait de son mieux pour participer, souriant et hochant la tête.

Une fois mes révisions terminées, je retrouve ma mère pour le dîner. Gabriel et moi avons souhaité passer notre dernière soirée « célibataire » en compagnie de nos familles, avant le grand jour. Je partage un dîner libanais avec ma mère, les arômes délicats des épices flottant dans l'air, puis nous nous posons devant une comédie romantique. Les saveurs de l'houmous et du taboulé éveillent nos papilles, nous apportant un peu de réconfort avant le tumulte du lendemain. Ma mère s'endort durant les quinze premières minutes du film, et je ne tarde pas à rejoindre le monde onirique moi aussi. La douceur du canapé, le murmure de la télévision en fond, tout contribue à m'apaiser et à me préparer pour la grande journée à venir.


***

Bonjour à tous ! Comment allez-vous ?

- Qu'avez-vous pensé du chapitre ?

- Enfin le mariage qui arrive ! Avez-vous hâte ?

- Qu'aimeriez-vous voir ensuite ?

Merci pour vos votes et commentaires ! A demain !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant