Chapitre 14 | Un mois (2)

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Gabriel lève les yeux au ciel, visiblement agacé par l'initiative prise par sa belle-mère. Cela s'empire quand cette dernière nous explique :

— Le mariage sera célébré le vingt-sept avril prochain, le jour de l'anniversaire de Bernard.

Elle joint ses mains, puis précise à mon attention :

— C'est une tradition dans la famille de célébrer les mariages le jour de l'anniversaire du père du marié.

Je note la manière dont elle articule chaque mot, comme si cette tradition devait nécessairement me convaincre de sa pertinence. Quelle tradition étrange. Gabriel souffle :

— Encore une fois, il m'impose ses conditions. (Il se tourne vers moi, l'air désolé.) Mia, tu penses que cela conviendrait à ta mère ? Sinon, on change la date, il est hors de question que Paula soit absente !

Je consulte le calendrier de mon téléphone et déclare :

— Normalement, c'est bon. Je lui demanderai ce soir.

Gabriel semble sincèrement inquiet, mais acquiesce. Isabelle ne nous laisse pas de répit et nous plonge directement dans les préparatifs du mariage, qui aura lieu dans un peu plus d'un mois. Les pages du gros classeur de Marlène s'ouvrent sur des échantillons de tissus, des photos de décorations florales, et des esquisses de plans de table. Un mois, mon Dieu. Je me sens soudainement submergée par la précipitation dont les événements s'enchaînent, en réalisant la vitesse à laquelle nous avançons. Le tourbillon des préparatifs me donne le vertige, chaque décision me semblant plus urgente que la précédente. Cependant, je ne le montre pas, je me contrôle. Le plus vite on se marie, le plus vite Gabriel aidera ma mère. Alors je respire un bon coup et joue le jeu pour ma mère. Je le fais pour elle.

Je rentre chez moi épuisée. La journée a été longue et éprouvante, et chaque muscle de mon corps semble réclamer du repos. Ma mère m'attend assise sur le canapé du salon, ses traits tirés par la fatigue mais adoucis par un sourire chaleureux. Le salon est baigné dans une lumière tamisée, créant une atmosphère apaisante. Je m'écroule sur ses genoux, sentant immédiatement une vague de réconfort m'envahir. Je lui raconte en détail le dîner de la veille, ainsi que ma première journée de préparation pour le mariage. Chaque anecdote, chaque détail, est accueilli avec une attention bienveillante. Je ne manque pas d'évoquer les idées loufoques d'Isabelle, comme quand elle a proposé une fontaine de chocolat à notre effigie, Gabriel et moi, pour le buffet, et que Gabriel a failli s'étouffer de rire en entendant cela. Je partage aussi l'instant où Marlène, la wedding planner, a sorti une liasse de catalogues de robes de mariée, chacune plus extravagante que la précédente, avec des plumes, des paillettes, et même un modèle inspiré des cygnes. Tout cela fait bien rire ma mère. Son rire, léger et cristallin, résonne dans la pièce, chassant temporairement mes soucis.

Sa joie est contagieuse, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de tristesse. Je scrute son visage, essayant de percevoir si elle se doute de quelque chose. Elle ne semble pas trouver que nous allons trop vite, au contraire, elle gobe l'histoire du coup de foudre et est ravie que je me marie avec Gabriel. Ses yeux s'illuminent à chaque mention de Gabriel, comme si elle voyait en lui un gage de bonheur pour moi. Mais je commence à me dire qu'elle a perdu espoir concernant ses chances de guérison et qu'assister à mon mariage est le rêve de sa vie. Le plus tôt il arrive, la plus heureuse elle est. Cette pensée me transperce le cœur, et je ressens une vague de tristesse mêlée de détermination. Mon cœur se serre à cette triste pensée et je la serre fort contre moi, comme si je pouvais, par la force de mon étreinte, chasser toutes les mauvaises pensées.

— Tout va bien ma Mimi ?

— Je t'aime Maman, je dis en me contrôlant pour que ma voix ne déraille pas.

— Je t'aime aussi ma chérie.

Son étreinte est douce et réconfortante, ses mains caressant doucement mes cheveux. Elle m'embrasse le haut de mon crâne et nous restons ainsi, jusqu'au dîner. Le silence entre nous est plein de complicité et de tendresse, une bulle de paix dans le tumulte de mes pensées.

Je me couche, les sentiments partagés. La chambre est plongée dans une douce obscurité, seulement éclairée par la lueur pâle de la lune filtrant à travers les rideaux. Le mensonge me pèse énormément sur la conscience. Je voudrais tout raconter à ma mère, me confier à elle, mais je sais pertinemment qu'elle me demanderait de tout arrêter, car je n'ai pas à me sacrifier pour elle. Les mots se bousculent dans ma tête, les confessions que je rêve de lui faire mais que je n'ose pas prononcer. Mais la seconde partie de moi est en quelque sorte excitée par tout cela. Je commence à m'amuser avec Gabriel et j'apprécie sincèrement sa compagnie. Nos moments partagés, bien que nés d'une situation complexe,apportent une touche de légèreté à ma vie. J'aurais au moins gagné un ami dans cette histoire. Je succombe doucement au sommeil, l'esprit divagant entre ma mère et Gabriel. Les souvenirs de la journée défilent, et peu à peu, mes pensées se font plus floues. Les pensées tourbillonnent dans ma tête, mais la fatigue finit par m'emporter. Je me laisse aller, bercée par l'espoir que demain apportera des réponses et des solutions.

***

Bonjour !

- Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

- Qu'aimeriez-vous voir dans la suite du roman ?

- Avez-vous des suppositions sur la suite des évènements ?

Je vous remercie pour votre soutien quotidien !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant