Chapitre 4 | Deuxième jour (2)

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Je me sens tout d'un coup bien. C'est vrai que c'est plus facile d'imaginer le pire, surtout quand on est une personne anxieuse comme moi. La lumière de l'après-midi, filtrée par les grands vitraux colorés, inonde la salle de repos d'une douce clarté, projetant des éclats de couleurs sur les murs et le sol. Je termine ma pause avec le cœur plus léger et les pensées moins embrouillées. Cet après-midi, je dois m'occuper de l'entretien dans l'aile sud du manoir, où se trouvent les bureaux de la famille Montclar. Je ressens un peu de stress à l'idée de recroiser Bernard de Montclar ou tout autre membre de sa famille. Aujourd'hui, j'ai intérêt à faire attention à ne pas m'égarer afin de ne pas me faire remarquer.

Je reconnais les couloirs sombres de cette partie du manoir. Les murs, recouverts de lourds panneaux de bois sombre finement travaillés, donnent une impression de solennité et de mystère. Des portraits d'ancêtres au regard sévère semblent me suivre du regard, ajoutant une ambiance presque oppressante. Les tapis épais étouffent mes pas tandis que je commence le dépoussiérage des meubles, en prêtant une plus grande attention que dans les autres pièces, peureuse d'être surprise par qui que ce soit. Les bureaux eux-mêmes sont de véritables œuvres d'art, avec des sculptures détaillées sur les pieds des tables et des chaises recouvertes de cuir usé.

Je me concentre sur mes tâches ménagères, quand tout d'un coup j'entends une dispute éclater :

— Il en est hors de question ! hurle une voix masculine que je ne reconnais pas.

— Ce n'était pas une question mais un ordre ! riposte la voix glaciale, presque sanglante, de Bernard de Montclar.

Je me sens soudainement mal à l'aise d'être là et d'assister à ce désaccord. Cependant, ma curiosité m'incite à rester. Mon cœur bat plus vite, et je sens une sueur froide couler le long de ma colonne vertébrale. Je poursuis mes tâches ménagères, beaucoup moins concentrée, l'oreille tendue vers la porte d'où viennent les cris.

— Pourquoi m'obliges-tu ? Ce n'est pas si grave !

— Parce que je l'ai décidé, répond Bernard de Montclar d'un ton ferme.

J'approche discrètement mon oreille vers la porte, le dos contre le mur, essayant de faire le moins de bruit possible, en regardant autour de moi que personne ne vienne. Je sursaute, quand j'entends des objets se fracasser. Le son résonne dans le couloir, amplifié par le silence pesant qui suit chaque éclat de voix. Les deux hommes continuent à se crier dessus, tandis que je ne distingue pas le sujet de cette dispute. Je m'imagine des scénarios dans ma tête, chacun plus dramatique que le précédent, mon imagination s'emballant. Peut-être s'agit-il d'une sombre affaire de famille, un secret bien gardé qui menace de faire surface. Ou alors, discutent-ils d'une transaction illégale, une affaire de contrebande d'art précieux que Bernard de Montclar veut étouffer ? Une autre possibilité qui me glace le sang est l'idée d'une querelle à propos d'un héritage, un conflit qui pourrait mettre en danger la vie de l'un d'eux. Je me demande même s'il ne s'agit pas d'une liaison secrète découverte, entraînant trahison et vengeance. Mon esprit tourbillonne avec ces pensées alarmantes, ajoutant à ma nervosité tandis que je continue d'écouter, espérant capter des indices plus clairs sur la nature de leur désaccord.

Je m'éloigne doucement de la porte pour reprendre mon travail. Le désaccord se poursuit, ce qui me distrait pas mal. Les éclats de voix résonnent encore dans ma tête, chaque mot hurlé accentuant ma nervosité. Je m'éloigne un peu du bureau et continue mon ménage, sans me préoccuper de ce qui ne me regarde pas. Occasionnellement, j'entends quelques bruits d'objets qui se cassent sur le sol. Le son des éclats de verre et des objets tombant me fait frissonner, créant une atmosphère tendue et presque menaçante.

Je finis mon nettoyage et m'empresse de quitter les lieux, sans me faire remarquer. Tandis que je rassemble mes affaires, j'entends la porte du bureau s'ouvrir violemment et des pas s'approcher de moi. Les échos des pas dans le couloir se rapprochent rapidement, chaque cliquetis me faisant craindre d'être découverte. Cachée à l'angle du couloir, j'attends que cette personne s'éloigne, avant de me révéler. Seulement, je vois l'ombre sur le sol s'approcher dangereusement de moi et d'une seconde à l'autre, sans que je puisse avoir le temps de réagir, l'homme me rentre de plein fouet dedans, en tournant dans le couloir où je me suis cachée.

Je manque de perdre l'équilibre, mais l'homme me retient le bras, avant que je ne m'étale sur le sol. Le contact de sa main est à la fois ferme et rassurant, et je sens un léger frisson parcourir mon bras.

— Pardon, dit-il d'une douce voix posée, contrastant avec celle qu'il empruntait avec Bernard de Montclar.

Je croise timidement le regard de mon interlocuteur et découvre un jeune homme qui doit avoir la vingtaine, avec une magnifique chevelure bouclée châtain, dont les reflets ocres se révèlent sous la lumière chaude du manoir. Ses traits sont finement ciselés, donnant à son visage une allure à la fois aristocratique et accueillante. Son visage m'est familier, il apparaît sur des tableaux dans le manoir. Sa main sur mon bras est ferme mais douce, et son parfum boisé ajoute une dimension inattendue à ce moment troublant. Sa présence impose une aura de calme, contrastant fortement avec l'atmosphère tendue que j'ai ressentie toute la matinée.

Quand je plonge mes yeuxdans les siens, je reconnais immédiatement ces yeux bleus, virant vers le gris.Je les ai déjà vus, seulement là, le regard est chaud et empathique. Jedétourne cependant mon regard, intimidée de me retrouver face à Gabriel de Montclar,le fils de Bernard de Montclar.

***

Hello !

- Avez-vous aimé le chapitre ?

- Contents d'enfin voir Gabriel de Montclar ?

- De quoi pouvait-il se disputer avec son père à votre avis ?

- Que se passera-t-il ?

Je vous remercie pour vos retours ! A demain !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant