Chapitre 28 | Trois mois plus tard (1)

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Trois mois se sont écoulés depuis mon départ du manoir des Montclar, et pourtant, la tristesse et l'incertitude demeurent aussi vives qu'au premier jour. Ces trois mois ont été une longue traversée dans un brouillard de regrets et de questions sans réponses. Chaque journée semble avoir étiré le poids du passé, rendant le présent encore plus difficile à affronter. La promesse faite à Isabelle de rester à distance de Gabriel, en échange d'un délai avant notre déménagement en Espagne, pèse lourdement sur mes épaules. Cette promesse est un fardeau qui m'oppresse, me rappelant constamment que mon monde s'est effondré et que je suis désormais seule à naviguer dans cette mer agitée. Il n'y a pas de retour en arrière possible. Le passé est devenu un souvenir lointain, presque brumeux, tandis que je me concentre sur l'instant présent et l'avenir incertain qui m'attend. Chaque tentative de revisiter le passé ne fait que raviver les douleurs anciennes et les regrets, rendant l'avenir encore plus incertain et inquiétant.

Chaque matin, je me réveille dans notre petit appartement en banlieue, un espace qui, malgré sa modestie, semble être devenu un refuge contre le tumulte des mois passés. Les murs de l'appartement, bien que décolorés et marqués par le temps, offrent une certaine tranquillité, une bulle protectrice contre le chaos du monde extérieur. Je m'habille dans une routine presque robotique, choisissant mes vêtements avec une précision méticuleuse. Chaque pièce de ma garde-robe, bien que simple, est soigneusement choisie pour minimiser les distractions et offrir un semblant d'ordre à ma vie chaotique.

Aujourd'hui, comme tous les jours, je commence par une nuit agitée. Mes nuits sont troublées par des éclats de souvenirs et des fragments de rêves qui semblent se fendre en mille morceaux sous la pression de la réalité. Le sommeil me fuit souvent, hantée par les réminiscences douloureuses de la rupture avec Gabriel et les menaces voilées d'Isabelle. Chaque fragment de rêve est un rappel cru de ce que j'ai perdu, des images de moments heureux maintenant irrémédiablement brisés. En me levant, le soleil perce à peine à travers les rideaux poussiéreux de ma fenêtre, projetant des ombres déformées sur les murs décrépis de la pièce. Les rayons de soleil timides, filtrés par la poussière accumulée, créent des motifs presque spectraux qui dansent sur les murs, accentuant la morosité de mon environnement.

Je me regarde dans le miroir décoloré accroché au mur ; mes yeux sont fatigués, marqués par des cernes persistants malgré les efforts pour les dissimuler avec du maquillage. Le miroir, déformé par l'usure, reflète une image qui semble se dérober à la réalité. Les cernes sous mes yeux sont comme des ombres persistantes, témoins silencieux des nuits sans sommeil et des inquiétudes perpétuelles. Je me sens usée, comme si les mois passés avaient laissé des traces indélébiles sur mon visage. Chaque ligne sur mon visage semble être un témoignage des batailles internes que je mène, une carte de mes émotions tumultueuses.

Je me dirige vers la cuisine, où je prépare un café amer. Les arômes du café, bien que réconfortants, ne parviennent pas à effacer complètement la lourdeur de ma fatigue et la mélancolie qui m'envahit. Chaque gorgée est une tentative désespérée de me réveiller complètement, de chasser la brume de la nuit précédente et d'affronter la journée qui se profile. Le café est devenu un rituel sacré, une lueur d'espoir pour revigorer mon esprit et me préparer à affronter une nouvelle journée de défis. Pendant que le café s'écoule, je jette un coup d'œil rapide à ma montre au poignet : il est presque six heures. La montre, toujours pointée vers le matin, semble indiquer non seulement l'heure mais aussi l'importance de chaque minute que je dois affronter. Une journée chargée s'annonce, remplie de tâches diverses allant de serveuse dans un café local à nettoyeuse dans des bureaux. Chaque emploi est un maillon dans la chaîne pour démarrer notre nouvelle vie en Espagne, un effort pour maintenir un semblant de routine. Le poids de ces responsabilités m'écrase légèrement, mais je fais de mon mieux pour rester motivée. Chaque tâche accomplie est un petit triomphe vers cette nouvelle vie.

Enfiler mon uniforme de serveuse me donne un étrange sentiment de normalité. Le contact du tissu contre ma peau est une ancre, un lien tangible avec une vie qui semble vouloir me glisser entre les doigts. C'est comme si, en revêtant cet habit, je pouvais temporairement oublier les morceaux brisés de mon passé. L'uniforme devient un costume de résilience, un bouclier contre la douleur interne que je porte en moi. Le café où je travaille est un petit établissement aux murs tapissés de vieilles affiches et de photos jaunies, un lieu qui semble figé dans le temps. Le décor du café, avec ses murs marqués par le temps et ses objets démodés, crée un havre de tranquillité où le temps semble se suspendre, offrant un refuge contre le tourbillon du monde extérieur. Le matin, il est encore calme, et j'apprécie cette tranquillité avant le tourbillon de la journée. Ce moment de calme est une oasis dans le désert de ma vie, un instant suspendu avant que la frénésie quotidienne ne reprenne ses droits.

Dans le silence précoce du café, je plonge dans mes pensées. Le silence est un espace sacré où mes pensées vagabondent librement, où les souvenirs et les regrets prennent forme sous une lumière crue. La promesse faite à Isabelle me pèse de plus en plus, car l'interdiction de contacter Gabriel depuis la prononciation du divorce est un fardeau émotionnel supplémentaire. Chaque jour sans contact est une épreuve, un rappel constant de la rupture et de la distance imposée entre nous, un poids qui s'accumule sans relâche. L'idée de ne plus avoir de nouvelles de lui me déchire intérieurement, bien que je comprenne la nécessité de cette décision pour l'instant. L'absence de nouvelles est une douleur sourde, une plaie qui ne se referme jamais complètement malgré les raisons logiques qui l'expliquent. De toute manière, cette histoire n'aurait jamais pu fonctionner. L'évidence de nos différences est devenue une vérité irréfutable, un gouffre que rien ne pouvait combler. Gabriel et moi venons de mondes trop différents, c'était inévitable. Isabelle a simplement accéléré les choses. Isabelle a été le catalyseur de notre séparation, précipitant une fin qui était inévitable mais qui m'a laissée à naviguer seule à travers les décombres de ce que nous aurions pu être.


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Bonjour, comment ça va ?

- Qu'avez-vous pensé de chapitre ?

- Avez-vous des théories sur la suite ?

- Mia va-t-elle réussir à s'épanouir loin des Montclar et de la pression des secrets ?

Merci beaucoup pour vos messages, je vous donne rendez-vous demain pour la suite !

xoxo

Un Mal pour un BienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant